Action urgente: Embera Katio de Colombie contre barrage
Publié le 31 Mars 2010
Le peuple Emberá Katío du Haut Sinú sont aujourd'hui menacés par un second barrage qui menace d'inonder plus de 50.000 ha. Ils vous demandent leur soutien.
Agissez maintenant!
Les peuples de la famille linguistique Emberá peuplent le Nord-Ouest de la Colombie et le Sud-Est du Panama. Les Emberá Katío font partie de cet ensemble et sont installés dans le département de Córdoba, dans une réserve indigène située dans le bassin du Haut Sinú et de ses affluents. Quatre milles Emberá Katío y vivent, soit cinq cents familles.
En 1993 débute le projet de construction d’un méga-barrage hydroélectrique sur la rivière Sinú, « Urrá I ». Alors que la constitution colombienne prévoit la consultation des communautés indigènes avant tout projet de cette envergure, un consortium détenu à 80% par la société suédoise Skanska démarre la construction du barrage sans consultation.
7400 hectares de terres sont inondés. La plupart de ces terres sont fertiles mais des lieux sacrés sont également touchés. L’effet négatif du barrage ne s’arrête pas aux terres, l’hydrologie du fleuve est profondément perturbée. Le cycle du frai des poissons est irrémédiablement coupé et le nombre d’espèces et la taille baisse drastiquement. Les carences dans l’alimentation ainsi que l’apparition du paludisme augmentent les maladies et la mortalité des enfants. Ceux-ci, à la vue des militaires, tombent malade d’une maladie qu’ils nomment la « frayeur ». Les embarcations traditionnelles, peu adaptées au nouveau contexte sont troquées contre des barques à moteur, chères à ravitailler en carburant.
Comme si ce n’étais pas assez, l’argent des indemnisations finalement versées aux Emberá Katío amèneront rapidement un mal peu courant jusque alors dans cette société traditionnelles : l’alcoolisme. Des hommes quittent leurs foyers. Toute la société est déstructurées.
L’histoire se répète
Malgré l’engagement du gouvernement colombien de ne pas construire « Urrá II », un nouveau barrage, autrement nommé, est aujourd’hui envisagé. 57.000 hectares devraient être inondés. Des sociétés européennes sont impliquées dans le projet.
Si ce barrage est construit c’est la fin du peuple Emberá Katío. Beaucoup ne savent ni lire ni écrire. Un tel projet signifie concrètement le déplacement vers les villes de nombreuses personnes qui perdront des bonnes terres sans en retrouver. Quelques propriétaires terriens, aidés de paramilitaires, en profiteront.
Le futur projet se traduit déjà aujourd’hui par une militarisation accrue du secteur. Prétextant la présence de la guérilla dans la zone, Bogotá a renforcé la présence militaire afin de pouvoir parer à toute éventualité. Avec eux débarques également les Aigles noirs, héritiers des Autodéfenses Unies de Colombie, milice paramilitaire d’extrême droite.
Les revendications du peuple Emberà Katío sont les suivantes : l’abandon du projet de construction du barrage et la démilitarisation de leur territoire. Pour cela ils comptent sur vous et sur un réseau international d’organisations de soutien pour alerter et dénoncer l’assassinat de leur peuple. Ils mènent campagne en ce début 2010 et comptent bien se faire entendre.
En savoir plus
Notre thema d'Ikewan n°75 (février 2010) : Les Emberá Katío sous la menace d’un second barrage et Revendications du peuple Embera Katío de l'Alto Sinú
Agissez
Envoyez par courrier papier ou électronique votre avis aux autorités colombiennes.
Ce courrier informe le gouvernement colombien de votre soutien au peuple Embera Katío du Haut Sinú et déplore la construction du barrage Urrá I et les violations des droits de l’homme qui l’ont accompagné. Il affirme que la construction du barrage Urrá II condamnera le peuple Embera Katío à l’extinction. Il rappelle l’engagement en 2000 et 2005 du gouvernement à ne pas construire le barrage Urrá II et en appelle au respect de la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail. Les demandes se résument comme suit :
La non construction du méga barrage Urrá II ou Projet rió Sinú,
La démilitarisation de la Resguardo, le retrait de tous les groupes armés et le respect du territoire comme zone de paix, exempte de toute opération militaire, avec le soutien international.
Que le gouvernement national assure l’application effective des droits à la vie, au territoire, à la souveraineté et à la sécurité alimentaire ainsi que qu’à la santé environnementale des communautés autochtones, des paysans et des pêcheurs du Haut et du Bas Sinú.
ICRA international