9 octobre 1967 à la Higuera : CHE Guevara tombait sous les balles
Publié le 9 Octobre 2011
44 ans après, ceux qui ne l’ont pas connu lui rendent toujours hommage comme la preuve éternelle que la lutte contre le capital et pour le socialisme est toujours debout, boiteuse certes mais en regardant l’image du CHE, chacun de nous prendra conscience qu’un autre monde est possible et se mettra à l’ouvrage !!
HASTA LA VICTORIA SIEMPRE !!
Che Guevara en Bolivie peu de temps avant sa mort (1967)
ERNESTO EN QUELQUES MOTS CLES
E comme EQUITE : « Le rapport (entre les pays développés et sous-développés) doit être équitable. Or, dans ce cas-là, équité ne signifie pas égalité. L’équité, c’est l’inégalité nécessaire pour que les peuples exploités atteignent un niveau de vie acceptable. » (Dans Discours devant la conférence mondiale de commerce et développement des nations unies à Genève le 25/3/1964)
R comme RECETTE : « La première recette pour éduquer le peuple, c’est de le faire rentrer en révolution. On ne peut jamais prétendre que le peuple obtienne quoi que ce soit de l’éducation tandis qu’il subit un gouvernement despotique. Enseignez-lui, tout d’abord, à conquérir ses droits. Et lorsque ce peuple sera représenté dans le gouvernement, il apprendra tout ce qu’on lui enseigne. Et plus encore : il deviendra le maître, sans aucun effort. » (Dans Adieu aux brigades internationales du travail volontaire, 30/9/1960)
N comme NOMBRE : « Nous devons démontrer au peuple que sa force ne réside pas dans le fait de croire plus ou mieux qu’autrui, mais dans la connaissance de ses propres limites et de la force de l’unité. Enfin, il nous faut démontrer que deux poussent plus qu’un seul, que dix plus que deux, que cent plus que dix. Et que six millions encore plus que cent. » (Dans Adieu aux brigades internationales du travail volontaire 30/9/1960)
E comme ERREURS (de la révolution cubaine) : « Il faut apprendre beaucoup de choses de Cuba, pas seulement des bonnes, on peut aussi apprendre des choses mauvaises pour qu’un jour, quand arrivera pour vous le moment de gouverner, vous ne commettiez pas les erreurs que nous avons commises. Il faut apprendre, enfin, que l’organisation doit être profondément liée à la victoire du peuple. Car, plus profonde est cette organisation, et plus facile sera la victoire. » (Dans Adieu aux brigades internationales du travail volontaire 30/9/1960)
S comme SOCIALISME : « Il n’est pour nous d’autre définition du socialisme que l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme. » « Le socialisme ne peut exister s’il ne s’opère dans les consciences une transformation qui provoque une nouvelle attitude fraternelle à l’égard de l’humanité, aussi bien sur le plan individuel dans la société qui construit ou qui a construit le socialisme que, sur le plan mondial, vis-à-vis de tous les peuples qui souffrent de l’oppression impérialiste . » (dans Discours d’Alger 1964)
T comme TROUPEAU : « (Les impérialistes) nous croyaient un troupeau impuissant et soumis, mais ils commencent à avoir peur de ce troupeau. Troupeau géant de deux cent millions de latino-américains parmi lesquels le capitalisme monopoliste yankee commence à découvrir ses fossoyeurs. » (dans Déclaration de la Havane)
O comme OBSESSION : « Cuba ne représente pas seulement une obsession pour les gouvernants américains à cause de leur aberrantes mentalités coloniales. Il y a plus que ça. En premier lieu, notre pays représente l’image la plus nette de l’échec de la politique américaine d’agression aux portes mêmes du continent. Et, qui plus est, Cuba constitue l’image qu’auront les futurs pays socialistes de l’Amérique latine, en même temps qu’un symptôme accablant du recul fatal du champ d’action de son capital financier. » (dans Cuba, son économie, son commerce extérieur et sa signification dans le monde actuel, octobre 1964)
Extrait du livre ABC Che de Roberto Mero
Chuquicamata (Chili)
CHUQUICAMATA , LA REVELATION
C’est à Chuquicamata au Chili, entre le 13 et le 16 mars 1952 qu’Ernesto Guevara de la Serna commence à devenir El Che. Un cadre d’exception pour un destin d’exception, un déclic historique.
A l’entrée de la mine, une guérite : n’entre pas ici qui veut.
Pourtant, et ils en sont surpris, Fuser et Mial ne sont ni fouillés ni ne subissent d’interrogatoire. Fort prévenant, le commissaire les autorise même à visiter toutes les sections de la mine dans une camionnette de la police, en compagnie d’un lieutenant affable et bavard. Ernesto s’étonne d’un tel accueil, dans un lieu qui exhale aussi fortement d’odeur du dollar. Il faut dire qu’ils se sont présentés en tant que médecins. Le soir, les policiers leur proposent de partager leur dîner. Les visiteurs engloutissent leur repas avec d’autant plus d’appétit qu’ils n’ont rien mangé depuis la veille. Puis ils s’effondrent, épuisés, dans le dortoir, chacun sur un bon lit de camp.
Le 14, lever aux aurores pour rendre visite à mister Mackeboy, l’administrateur de la mine. Après avoir patienté longuement dans la salle d’attente, on leur présente cet américain qu’Ernesto juge vraiment américain : « De la taille, du poids, du chewing-gum et des idées bien arrêtées. » Dans son mauvais espagnol, Mackeboy leur fait d’abord comprendre qu’ils ne sont pas ici dans un site pour touristes, puis il accepte néanmoins de les confier à un guide, et la visite commence.
D’abord la mine elle-même, à ciel ouvert. Elle est formée de gradins d’une cinquantaine de mètres de large sur plusieurs kilomètres de long. On fore des trous pour y placer la dynamite, qui fait sauter des pans entiers de montagne. Les morceaux ainsi détachés sont chargés dans des wagonnets, tirés par une locomotive électrique, qui les transporte jusqu’à un premier moulin broyeur.]
] Plus que les machines, ce sont les hommes qui intéressent Ernesto. Il s’aperçoit, en discutant avec des ouvriers, que chacun connaît uniquement ce qui se passe dans sa section, et encore parfois en partie seulement. Beaucoup, pourtant travaillant ici depuis plus de dix ans ne savent pas ce que l’on fait dans la section voisine. Cet état de choses est encouragé par la braden company, qui peut ainsi les exploiter plus facilement tout en les maintenant au plus bas niveau culturel et politique. Les courageux dirigeants syndicaux doivent lutter sans cesse, comme l’un d’eux l’explique à Ernesto, pour éclairer les travailleurs sur les contrats qu’on leur propose.]
] Le lendemain, visite d’une nouvelle usine, non encore en fonctionnement, destinée à exploiter les sulfures de cuivre restés intacts au sortir de la chaîne de production. On escompte un rendement supplémentaire de l’ordre de 30 %.
Des fours monumentaux sont en construction, et une cheminée de 96 mètres, la plus haute d’Amérique du sud. Fuser en la voyant ne peut s’empêcher de vouloir y grimper. D’abord par un ascenseur jusqu’à 60 mètres, puis par une petite échelle de fer jusqu’au sommet.
Alberto le suit tant bien que mal et là-haut, sur ce minaret improvisé, il écoute la harangue de son muezzin de copain se perdre dans les nuages. Mais, lui, Alberto s’en souvient encore :
- Cette région appartient au peuple arauco, qui se tue au travail pour remplir les poches des nord-américains. Par un tour de passe-passe qui échappe aux indiens, leur terre rouge se transforme en billets verts.
- Naturellement, les yankees et leurs larbins, eux, ont une école à leur disposition, ce bâtiment là-bas, Alberto, avec des professeurs qui viennent spécialement pour éduquer leurs enfants. Mais aussi un terrain de golf, et leurs maisons ne sont pas préfabriquées.
Fuser réfléchit en observant les baraquements où s’entassent les familles andines :
Il n’empêche que ce système pourrait résoudre le problème du logement. Non seulement ici, à Chuqicamata, mais dans tout le Chili, et pourquoi pas dans toute l’Amérique latine. Il suffirait pour cela qu’un plan soit bien pensé et correctement réalisé. Avec une vraie finition et de jolies couleurs. Ici tout est fait à la diable, pour fournir à moindres frais aux ouvriers un logement avec le minimum de commodités. On les parque à l’écart, on ne leur construit même pas d’égout.
Tournant le regard vers l’immense terrain encore vierge qui sera exploité dans les dix années à venir, celui qui signera les billets Che quand il sera président de la banque nationale cubaine calcule :
- En prévoyant que des millions de dollars sortiront d’ici, qu’à l’heure actuelle on traite déjà 90.000 tonnes de minerai par jour, on comprend que l’exploitation de l’homme par l’homme n’est pas près de cesser.
Ocampo, dans son ouvrage sur le cuivre chilien, écrivait que la productivité était telle que l’investissement de départ était remboursé en quarante jours de travail. Ernesto en le lisant avait trouvé cela excessif et n’avait pas voulu le croire.
Aujourd’hui il pense que c’est vrai. C’est étrangement résolu, habité par une force nouvelle, qu’il redescend sur terre. Le jeune idéaliste qu’il est, le futur médecin aux idées généreuses, agira pour les autres, pour les plus pauvres, il en est sûr. Il lui manque encore un déclic, une étincelle, mais elle viendra.
Elle vient déjà, sans attendre. Après leur redescente, ils passent devant un vaste cimetière peuplé d’une forêt de croix.
- Combien sont-ils ? demande Ernesto au guide.
- Je ne sais pas. Peut-être dix mille, répond l’autre distraitement.
Fuser le regarde :
- Peut-être ?
- Nous ne comptons pas à un près…
- Et les veuves, les orphelins, que leur donne t’on ?
L’homme se contente de hausser les épaules sans répondre.
Ernesto se tourne alors vers son ami et Alberto voit naître dans ses yeux la flamme supplémentaire, celle qui même à l’amour des plus démunis pour forger les futurs combattants, les futurs rebelles : la haine des buveurs de sueur, des buveurs de sang.
Chuquicamata : un mot indigène, signifiant « La montagne rouge », qui restera toujours gravé en lettres de feu dans l’esprit de CHE Guevara.
Extrait du livre CHE GUEVARA de Jean Cormier
Ernesto Guevara à Chuquicamata
Merci à PAPY MOUZEOT de m'avoir rafraîchi la mémoire sur cette triste date anniversaire
caroleone