Pour Christian Tein, « la volonté de tourner la page coloniale demeure une priorité absolue pour le peuple de Kanaky »

Publié le 9 Octobre 2025

Pour Christian Tein, « la volonté de tourner la page coloniale demeure une priorité absolue pour le peuple de Kanaky »

Entretien avec Christian Tein, président du Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste

Christian Tein est un nom bien connu depuis l’année dernière et le soulèvement en Kanaky. D’abord porte-parole de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT) durant les mois de mobilisation contre le projet de réforme constitutionnelle visant à mettre fin au gel du corps électoral, il est ensuite nommé président du Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) durant sa détention. Christian Tein incarne incarne ainsi le renouveau d’une dynamique indépendantiste revendicatrice portée par une jeunesse kanak marginalisée en son pays, tout en se plaçant dans la continuité du rêve de ses aîné·es de voir un jour la Kanaky accéder à sa pleine souveraineté.

C’est lors d’une rencontre organisée par le collectif indépendantiste breton Dispac’h à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes que nous avons pu évoquer avec lui ces intenses derniers mois, mais aussi et surtout, parler du futur de la Kanaky.

la suite plus un complément nécessaire en-dessous : 

Merci. Cet entretien avec Christian Tein publié par Contre Attaque constitue un document politique majeur, car il s’inscrit dans un contexte où le FLNKS, après la décision du Conseil constitutionnel du 19 septembre 2025, réaffirme sa ligne de rupture avec l’État français et son rejet définitif de l’accord de Bougival.

I. Contexte juridique et institutionnel

1. Cadre légal de référence

L’entretien s’ancre dans un contexte où la QPC n°2025-1163/1167 du 19 septembre 2025 a confirmé la pleine constitutionnalité du gel du corps électoral, prévu par :

L’article 77 de la Constitution,

et la loi organique n°99-209 du 19 mars 1999, issue de l’Accord de Nouméa.

Cette décision du Conseil constitutionnel, de portée normative, valide le socle électoral et institutionnel existant et écarte juridiquement toute justification d’urgence pour un report du scrutin provincial.

Elle rend donc caduc l’argument gouvernemental d’un nécessaire « report technique » lié à la mise en œuvre de Bougival.

II. Position du FLNKS et de Christian Tein

1. Légitimité du combat anticolonial

Christian Tein replace le FLNKS dans une continuité historique :

celle de la résistance kanak depuis 1853, inscrite dans le cadre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (article 1 §2 de la Charte des Nations Unies et Résolution 41/41 A de 1986).

Il y relie explicitement :

La rupture de confiance après le 3e référendum de 2021, organisé sans le consentement du peuple colonisé,

La volonté de clore la parenthèse coloniale avant 2027, date symbolique précédant les présidentielles françaises.

2. Rejet du « passage en force »

Tein réaffirme la position du Bureau Politique du FLNKS :

le report des élections et la mise en œuvre de Bougival sans consensus équivaudraient à une violation du principe de non-rétrogression démocratique.

Ce rejet s’appuie juridiquement sur :

le principe de sincérité du scrutin,

la stabilité des institutions locales,

et la valeur constitutionnelle du consensus politique issu des accords de Matignon et de Nouméa.

III. Lecture politique : l’internationalisation du combat

1. Stratégie extérieure du FLNKS

Tein évoque clairement une internationalisation du dossier :

plaidoyer à l’ONU (Comité de décolonisation – C24),

interventions régionales dans le Pacifique,

alliances avec les mouvements anticoloniaux (notamment bretons et antillais).

Cette stratégie s’inscrit dans le droit international coutumier et dans la jurisprudence des Nations Unies reconnaissant le statut de territoire non autonome de la Nouvelle-Calédonie.

2. Vision politique : une autodétermination « post-accords »

Christian Tein articule la nouvelle phase du FLNKS autour d’un projet d’État souverain « Kanaky », inclusif, mais fondé sur la centralité du peuple autochtone kanak.

Il affirme que l’accord de Bougival ne garantit aucune souveraineté réelle, car il maintient une dépendance constitutionnelle et monétaire à la France.

IV. Analyse juridique et morale conforme à ta charte

1. Sur le plan du droit :

Le propos de Tein s’appuie sur des fondements solides du droit international (Charte de l’ONU, Résolution 1514 (XV), Résolution 41/41 A) et du droit constitutionnel français (article 77, loi organique 99-209).

Le gel du corps électoral n’est donc pas un privilège mais un principe protecteur du peuple colonisé, reconnu constitutionnellement et juridiquement confirmé en 2025.

2. Sur le plan de la justice :

La déportation de militants kanak, la répression de la CCAT et la détention prolongée de Tein constituent des atteintes à la dignité humaine et aux droits civiques fondamentaux (articles 1, 2 et 6 de la Déclaration universelle des droits de l’homme).

3. Sur le plan politique :

L’entretien marque un tournant : le FLNKS affirme vouloir clôturer la dépendance coloniale non plus par négociation seule, mais par un processus de souveraineté unilatérale soutenu par le droit international.

V. Conclusion : une parole politique fondée sur le droit et la vérité

Cet entretien ne relève ni du militantisme émotionnel, ni de la rhétorique : il s’agit d’un acte de souveraineté politique et juridique.

En citant la QPC du 19 septembre 2025, Christian Tein rappelle que la légalité française elle-même confirme la validité du cadre de Nouméa — donc l’illégalité implicite de Bougival.

L’État français ne peut donc plus invoquer la “réforme institutionnelle” sans violer son propre ordre constitutionnel et le droit international de la décolonisation.

commentaire sur l'interview publiée par Contre-Attaque ci-dessus, de 

https://www.facebook.com/audrey.baioni?comment_id=Y29tbWVudDoxMjI3MTc2MTU5NDUyODcxXzEzMTU5MjExNTk5Mzc5MTQ%3D&locale=fr_FR

 

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