Pérou : Le Congrès menace de supprimer la Commission des peuples

Publié le 10 Octobre 2025

Publié le 10/09/2025

La menace contre la Commission des peuples pourrait se concrétiser si elle était approuvée par le Congrès dans son ensemble. Photo : Renato Pajuelo / Agence Andina

Les organisations autochtones, les spécialistes et les politiciens mettent en garde contre un acte d’invisibilité et de mépris qui éliminerait les possibilités pour les peuples autochtones d’influencer le prochain congrès bicaméral.

Servindi, 9 octobre 2025.- La Commission de Constitution et Règlement du Congrès péruvien propose d'éliminer la Commission des Peuples Andins, Amazoniens, de l'Environnement et de l'Écologie (CPAAAE) du prochain parlement bicaméral .

Par l'approbation des résolutions législatives issues du règlement de la prochaine Chambre des députés et des sénateurs , la Commission des peuples est exclue pour faire place à une « Commission de l'inclusion sociale, de la famille, des femmes et de la diversité culturelle ».

« Cette élimination est un acte d'invisibilité et de mépris [...]. Nous ne sommes pas simplement une catégorie de la “diversité” ; nous sommes des nations, avec nos propres langues, traditions et systèmes, reconnus par la Constitution et les traités internationaux », soulignent les fédérations autochtones du Lot 8 de Loreto.

Les fédérations de ce bloc (FECONACERC, FIURCO, FEPIURCHA et FEIRCHA) ont contesté la proposition dans une lettre de protestation adressée au président de la Commission Constitutionnelle, le fujimoriste Arturo Alegría.

« En n'ayant pas de commission dédiée exclusivement à nos questions, notre capacité d'influence est affaiblie », soulignent les fédérations indigènes.

Menace d'invisibilité

Dans un communiqué , la Commission des Peuples a souligné que cet espace est le résultat d'une évolution parlementaire de plus de deux décennies.

Ainsi, en l’éliminant, nous finirions par ignorer « un processus de renforcement et de représentation des peuples dans cette branche de l’État ».

« Cette décision représente un sérieux revers dans la protection des droits humains et environnementaux dans le pays, mettant les peuples autochtones et amérindiens en grave danger », souligne le communiqué.

À cet égard, le Comité constitutionnel a été exhorté à présenter un texte de substitution garantissant l’existence de la CPAAAE et, avec elle, une approche citoyenne et environnementale nécessaire aux initiatives législatives.

La députée Ruth Luque a également remis en question cette proposition, qui éliminerait « peut-être le seul espace qui a maintenu le dialogue avec les peuples autochtones et les questions environnementales depuis sa création ».

« Le Congrès ne doit plus rendre les peuples autochtones invisibles ; la Commission des peuples andins, amazoniens, afro-péruviens, de l'environnement et de l'écologie doit être maintenue et renforcée », a souligné Luque, vice-présidente de la CPAAAE.

Un sérieux revers

De son côté, l'Organisation nationale des femmes autochtones andines et amazoniennes du Pérou (ONAMIAP) a déclaré que la proposition législative est un exemple de « démantèlement de toutes les institutions des droits de l'homme ».

Comme le souligne le Centre amazonien d'anthropologie et d'application pratique (CAAAP), « les réglementations proposées par le Sénat éliminent toute référence aux peuples indigènes » et ne prennent pas non plus en compte l'interculturalité qui définit le pays.

Dans un article écrit par Richard O'Diana et Paloma del Campo, la CAAAP remet également en question la création proposée d'autres commissions, comme la Commission de l'environnement, qui ne prend pas en compte les personnes qui vivent et défendent l'Amazonie.

Si cette mesure est acceptée, « la représentation des peuples autochtones serait supprimée de l’espace législatif, affaiblissant leur voix à un moment où le pays devrait évoluer vers une démocratie véritablement inclusive et plurielle », soutiennent-ils.

traduction caro d'un article de Servindi.org du 09/10/2025

 

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