Chili : Ils viennent pour la machi, ils viennent pour nous...

Publié le 7 Octobre 2025

25/09/2025

Par : Mauricio Huenulef Porto, Kallfü Longko Ayllarewe Daglipuli, anthropologue. Illustration : Antü Antillança

L'acte raciste que nous voyons de manière horrifiante ces jours-ci dans les publications de divers médias n'est pas seulement dû à la machi Millaray Huichalaf en tant qu'autorité spirituelle mapuche et à son statut de défenseure d'un esprit ancestral comme le Ngen Kintuante, mais surtout à l'intolérance de la société chilienne actuelle envers la différence culturelle qui attaque sa figure, ce qui implique sérieusement qu'il ne s'agit pas seulement de la persécuter, il s'agit d'un acte totalement conditionné par des moyens politico-commerciaux pour anéantir les peuples autochtones, spécifiquement pour éliminer le Peuple-Nation Mapuche, qui aujourd'hui, à l'exception de quelques citoyens conscients, continue d'être le seul peuple qui résiste aux tentatives de commercialisation du territoire, le Mapu qui nous a abrités ancestralement.

C'est clair et précis : ils viennent pour nous, les Mapuche.

La classe dirigeante utilisera l'idéologie du centralisme juridique pour présenter ses intérêts comme universels et, par conséquent, communs à la société dans son ensemble, afin de l'uniformiser. Elle en a assez de nos différences culturelles. Notre mode de vie riche et distinctif la rend folle. Elle n'accepte pas notre coexistence dans le même espace social où elle a imposé les lois et le système juridique centralisé de l'État. Elle cherche à effacer les différences dans un monde diversifié.

Nous savons que la discrimination et les stéréotypes sont profondément ancrés dans l'histoire et le système judiciaire chiliens : où est le principe de non-discrimination ? Le peuple mapuche ne bénéficie pas d'un traitement égalitaire, ce qui porte atteinte au principe de légalité, si souvent bafoué par le cynisme politique et entrepreneurial.

L'État use de discrimination pour persécuter les différences culturelles, sous la pression médiatique des nouveaux colons qui usurpent notre Mapu. Osons nier ce racisme mal dissimulé !

Notre diversité culturelle, en tant que peuple mapuche, doit être protégée, conformément aux normes internationales auxquelles le Chili est soumis. Elle correspond à l'exercice ancestral, individuel et collectif, de nos propres pratiques culturelles cérémonielles et autodéterminées, sans préjudice du libre exercice des pratiques religieuses reconnues de tout citoyen. Le Chili a un niveau de reconnaissance très faible de nos droits coutumiers ; en fait, il a déjà été sanctionné par la Cour interaméricaine des droits de l'homme. Par conséquent, il continue d'avoir une dette qu'aucune table offrant paix et compréhension ne peut satisfaire, que notre weichafe soit en prison ou qu'une arme soit posée sur la table.

Ces preuves de discrimination envers notre monde mapuche sont une conséquence de la colonisation sauvage subie, qui a violé, dominé et imposé sa culture et son système normatif, générant des relations de pouvoir asymétriques, dominantes et culturellement subordonnantes, voire une intolérance persécutoire envers les pratiques culturelles différenciées et les gardiens de ces pratiques - les autorités traditionnelles, pu machi, pu longko, pu werken, pu lawentuchefe, pu kona, pu ngempin, et bien d'autres autorités mapuche qui survivent avec fvta newen face à ce nouvel assaut de haine, de racisme, d'envie, d'ignorance, d'égoïsme, d'avidité et d'impunité.

Avec le nouveau de notre kuifikeche et de notre Mapu sacrée, nous résisterons et resterons debout. Marrichiweu !!!

traduction caro d'un article du 25/09/2025 paru sur Mapuexpress

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Chili, #Peuples originaires, #Mapuche, #Réflexions

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