Brésil : Plus de 30 entités autochtones exigent un pouvoir décisionnel effectif à la COP30 et la protection des territoires comme priorité d'action climatique

Publié le 9 Juin 2025

Un document appelle à un accès direct au financement et à la reconnaissance des savoirs autochtones dans l’agenda climatique mondial

06 juin 2025 à 18h04

São Paulo (SP)

Rodrigo Chagas

La ministre des Peuples autochtones, Sonia Guajajara, a participé à la clôture de la Pré-COP autochtone - @pepyaka_krikati | @pedrotukano

Plus de 30 organisations autochtones du bassin amazonien et de tous les biomes du Brésil ont publié, ce jeudi (5), une déclaration politique qui établit leurs revendications pour la 30e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ( COP30 ), prévue en novembre à Belém (PA). La lettre exige une participation effective aux espaces décisionnels climatiques, la protection intégrale des Terres Indigènes, la reconnaissance juridique de 128 registres de peuples autochtones isolés (PII) et un accès direct aux mécanismes de financement climatique.

Ce document est le fruit de la Pré-COP autochtone, une réunion qui s'est tenue du 2 au 5 juin à Brasilia (DF), et qui a réuni les dirigeants de neuf pays amazoniens. « Il n'y aura pas d'avenir possible sans que les peuples autochtones soient au cœur des décisions mondiales . Ignorer les peuples autochtones compromet toute réelle chance de lutter contre la crise climatique », prévient le communiqué.

Présenté comme la première CDN (Contribution déterminée au niveau national) autochtone, le texte exige que les États membres de la Convention des Nations Unies (ONU) reconnaissent la protection des territoires autochtones comme une priorité de l'action climatique. Il prône également la création de zones exemptes d'exploitation extractive sur les Terres Indigènes et l'intégration des savoirs traditionnels comme stratégie légitime de restauration environnementale.

Le texte dénonce également l'absence systématique des peuples autochtones dans les décisions internationales et exige la garantie d'une participation avec un pouvoir d'influence à tous les niveaux de la Convention sur le climat, en plus de l'inclusion obligatoire de représentants autochtones dans les délégations nationales qui seront présentes à la COP30.

Les dirigeants exigent également que le financement climatique – y compris les ressources du Fonds vert, du Fonds d’adaptation et du Fonds pour les pertes et dommages – soit accessible directement aux organisations autochtones, dans le respect de leurs propres formes de gestion et de gouvernance.

La mise en œuvre du Mécanisme amazonien pour les peuples autochtones, un organe de gouvernance régionale partagé entre les huit pays amazoniens et les représentants autochtones, est également réclamée. L'objectif est de renforcer le dialogue entre les gouvernements et les peuples autochtones dans l'élaboration de politiques climatiques et territoriales, avec un caractère égalitaire et interculturel, et guidé par les droits des peuples autochtones.

Les dirigeants convoquent la première session du mécanisme pour le 5e Sommet des présidents de l'Amazonie, qui se tiendra en août prochain en Colombie. La dernière édition du sommet s'est tenue à Belém en 2023.

Lire la déclaration complète ici (en portugais)

« Nous sommes la voix ancestrale de la Terre, les véritables autorités climatiques », affirme le document. « Les politiques et actions climatiques actuelles ne répondent pas à la gravité du moment. La COP30 marquera un tournant : soit nous plaçons les peuples autochtones au cœur des décisions climatiques, soit nous restons dans les mémoires comme complices de l’effondrement. »

Outre la Coordination des organisations autochtones de l'Amazonie brésilienne (Coiab), la déclaration a été signée par des entités de Colombie, d'Équateur, du Pérou, de Bolivie, du Venezuela, du Suriname, de Guyane, de Guyane française et de 20 autres organisations autochtones de différentes régions du Brésil.

Édité par : Martina Medina

traduduction caro d'un article de Brasil de fato du 06/06/2025