Argentine : Troisième rencontre pour la Journée de l'identité afroentrerriana (Afro descendants d'Entre Rios)
Publié le 18 Juin 2025
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16 juin 2025
Dans le cadre de la Journée de l'identité afroentrerriana la troisième Rencontre afroentrerriana s'est tenue le 21 mai en l'honneur de María Francisca Lencina. Cette célébration a réuni les communautés Domínguez et Sajaroff, descendants des « Manecos », ainsi que des membres de leur famille venus de Buenos Aires.
L'événement a eu lieu à l'école Isidoro Suárez n° 11 de la ville de Villa Domínguez le samedi 14 juin, à partir de 15h00. La loi établissant cette date commémorative a été promulguée en janvier 2021, et depuis lors, les communautés Afroentrerrianas ont célébré avec des événements qui impliquent toute la communauté, revalorisant la personne qui était un symbole de résistance et de lutte : María Francisca Lencina , née à Victoria en 1795 et la première femme Afroentrerriana enregistrée dans des documents écrits conservés dans la province d'Entre Ríos.
À cette occasion hautement significative, l’événement a été prévu pour se tenir à l’école, un espace qui abrite les identités des peuples, leurs cultures antérieures à l’État et celles qui laissent leur empreinte sur la communauté, enrichissant sa diversité sociale et culturelle.
Les histoires sont dans les voix, encore fraîches dans la mémoire, reflétant un parcours façonné par des caractéristiques socioculturelles et environnementales. Ce sont les voix de ceux qui, depuis leurs ancêtres, ont forgé un mode de vie qui perdure encore au village et qui encourage également le récit des anecdotes qui émergent de chaque expérience. Ces histoires ont soudé les liens familiaux, comme ce fut le cas pour l'histoire de « Los Manecos ».
Un rassemblement a eu lieu sur place entre les descendants de ces familles ancestrales. Malgré le froid et la grisaille, leurs proches étaient présents. Étaient également présents des représentants municipaux, dont la maire adjointe de Villa Domínguez, Claudia Sánchez ; la représentante du Conseil délibératif, Catalina Binsak ; et la représentante des pompiers, María Strumia, ainsi que des amis des familles.
La clôture musicale a été assurée par le duo de Villaguay « Misión Camila » (Andrea Barreto et Héctor Santomil), représentant la communauté « Charrúa Etriek » , un peuple ancestral originaire de ces terres.
Les voix évoquaient le souvenir de leurs ancêtres, amenés sur le continent pour être asservis par le mal humain. Nombre d'entre eux ont réussi à échapper à ces tourments, et la terre d'Entre Ríos a été un berceau et un refuge pour ceux qui ont laissé derrière eux des descendants, transmettant leur identité. Ce fut un moment d'expression où chaque histoire partagée lors de ce rassemblement unissait passé et présent.
Dans la chaleur des anecdotes de vies partagées et de grandes joies, l'atmosphère était chargée d'émotion. Ils ont choisi de chérir ces souvenirs pour laisser derrière eux la douleur et l'amertume de leur histoire cruelle, même s'ils ne souhaitent pas cesser de l'exprimer. Ils estiment que la société devrait en être consciente, car le racisme structurel persiste parmi nous .
Les tables rondes ont été animées par des membres de la famille Manecos : Julio Ramírez, Rosalba Evangelista, Fabiana Sosa, Soledad Ramírez, Fabiana López, Norma Melgarejo et Romina Duré Melgarejo. Étaient également présentes Fabiana Andrea Altaminanda, représentante du collectif « Sawuabona » et Tamara Barbará, membre du syndicat du Congrès national ; toutes deux originaires de Buenos Aires.
Des représentants de la communauté éducative – Natalia López, superviseure ; Mónica David, directrice départementale ; et Silvana Pratti, directrice de l'école n° 11 Isidoro Suárez – ont salué les organisateurs de l'événement « Negra Identidad », soulignant son influence et sa contribution à la pratique interculturelle, un élément clé des initiatives éducatives menées par l'école à travers ses différents événements. L'établissement promeut ainsi un espace participatif pour les habitants de Villa Domínguez et de ses environs.
Le lendemain, les membres de « Negra Identidad » accompagnés de visiteurs se sont rendus au cimetière « Los Manecos », situé dans la ville d'Ingeniero Sajaroff (anciennement La Capilla), pour déposer une gerbe afin de clôturer une journée chargée d'émotion.
Un héritage de résistance
L'histoire de Los Manecos apparaît comme un symbole de la résistance afro-descendante. Tout a commencé avec Manuel Gregorio Evangelista , Segundo Melgarejo et leurs familles, des esclaves qui ont fui le sud du Brésil et traversé le fleuve Uruguay avant 1872 en quête de liberté. Certains sont morts de maladie en chemin, et ils ont été séparés, perdant toute trace les uns des autres. Selon les données fournies par les recherches toujours menées par leurs descendants, huit personnes sont arrivées à « La Capilla », dont Segundo Melgarejo et son épouse, Leonarda.
Cette arrivée dans la province marqua le début d'une communauté qui conserve encore aujourd'hui son identité. Avec Lorenza Pintos, une Afro-Uruguayenne, il s'installa à La Capilla , aujourd'hui Ingeniero Sajaroff, et ils formèrent ensemble une famille de 13 enfants, dont la lignée devint le cœur d'un peuple luttant contre l'invisibilité. Malgré les efforts déployés pour effacer la présence afro en Argentine, les Manecos préservèrent leurs coutumes, leurs rythmes et leur mémoire collective, tissant fièrement l'histoire initiée par leurs ancêtres.
Le temps n'a pas pu faire taire leur héritage. Leur musique, leurs danses et leurs récits ont continué de résonner auprès des générations futures, tandis que le cimetière de Los Manecos, également connu sous le nom de « Cimetière des Noirs » , est devenu un témoignage tangible de leur histoire. Entre 2016 et 2017, ce site a été revitalisé. En 2020, il a été reconnu comme site patrimonial grâce aux efforts de leurs descendants, qui continuent de revendiquer leur héritage. La communauté afroentrerriana, par son combat constant, a fait en sorte que Los Manecos ne soient pas seulement un souvenir de l'histoire, mais une voix vivante de l'identité afro-descendante d'Entre Ríos.
Héctor Senaqué
traduction caro d'un article paru sur Infoterritorial.com le 16/06/2025