Equateur : La culture Yumbo
Publié le 23 Avril 2025
célébration de la Yumbada Por TupakAmaruIshkay - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=87488762
Culture indigène des contreforts nord-ouest de l’actuelle province de Pichincha en Equateur.
Elle a duré depuis la période d’intégration (400 ap. JC) jusqu’à la période coloniale (1660 ap.Jc ou fin du XVIIIe siècle)
Les Yumbos étaient souvent caractérisés comme marchands car ils transportaient les produits des régions côtières vers les villes des montagnes andines comme Quito pendant la période coloniale.
Le site archéologique connu sous le nom de Tulipe est l’un des monuments les plus célèbres construits par le peuple Yumbo, il fonctionne aujourd’hui comme un musée.
Le Pays Yumbo
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paysage du Pays Yumbo Por SimonLuzuriaga - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=131485953
Les limites du pays yumbo n’ont jamais été définies. Cette région devait englober approximativement les zones de contreforts entre le rio Guallabamba au nord et le rio Toachi au sud.
Les historiens ont divisé le Pays Yumbo en 2 régions principales, celle des Yumbos du nord avec les villes d’Alambi, Cachillacta, Gualea, Nnanegale ou Lulluto et les Yambos du sud avec les villes de Mindo, Cansacoto et Allurquín.
Le climat du Pays Yumbo fait partie de la région climatique connue sous le nom de Chocó andino, il est recouvert d’une forêt de nuages avec une végétation très dense. Es précipitations sont abondantes et la température varie entre 12 et 24°selon l’altitude.
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province de Pichincha, Equateur Por TUBS - Esta imagen vectorial incluye elementos que han sido tomados o adaptados de esta:, GFDL 1.2, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17369473
Histoire
La période pré-inca
Le Pays Yumbo était habité tout au long de la période préhispanique. Les vestiges archéologiques les plus anciens connus dans la région proviennent du site archéologique Montequito ) Pedro Vicente Maldonado où ont été trouvés des vestiges de la période pré-céramique datant de 8240 avant JC.
L’occupation du site s’est poursuivie à la période formative et la période de développement régional. La culture yumbo n’est apparue qu’à une période beaucoup plus tardive, la période d’intégration commençant vers 400 après JC.
La période Inca
Plusieurs versions existent sur la conquête inca du Pays Yumbo :
Selon le chroniqueur Miguel Cabello de Balboa, c’est le général inca Guanca Auqui qui a conquis la région au cours de la guerre civile inca.
Selon le chroniqueur Pedro Cieza de León, ce sont les empereurs Tupac Yupanqui et Huayna Capac qui ont conquis le Pays Yumbo.
La version de Cabello de Balboa semble être la plus crédible.
Après la conquête, le Pays Yumbo , les Inca établissent la domination militaire sur la région en construisant des forteresses sur les collines connues sous le nom de pucarás dont plusieurs sont encore visibles dans le nord et le sud du pays. Cependant, le peuple Yumbo n’a jamais été incorporé au système impérial des Incas. Lors de la conquête espagnole, certains généraux incas s’enfuient vers le Pays Yumbo ou en Amazonie après avoir été vaincus par le conquistador Sebastián de Benalcázar. A partir de là, ils ont établi une stratégie de guérilla. Selon certains historiens, parmi les Incas qui cherchèrent refuge auprès des Yumbos se trouve le général inca Rumiñahui.
La période coloniale
Après la conquête espagnole de l’empire inca, la distribution des entre conquérants commence. Onze encomenderos se voient attribuer l’origine des terres dans le Pays Yumbo, la conquête des ces territoires, néanmoins n’était pas encore assurée.
En 1539 un soulèvement éclate dans le Pays Yumbo et Alonso de Hernández est envoyé avec 50 cavaliers et des alliés indigènes pour pacifier la région. Les combats et la guérilla se poursuit dans la région jusque dans les années 1570.
Après l’établissement de l’Audience Royale de Quito, l’évangélisation des Yumbos commence aux mains de 3 ordres religieux, l’ordre de la Miséricorde, les Clercs et les Dominicains. Un premier recensement enregistre une population de 6123 Yumbos, une population qui diminue rapidement puisqu’en 1560 il y avait environ 4000 tributaires et au début du XVIIe siècle il n’en restait plus qu’un millier.
Au début du XVIIe siècle, plusieurs affrontements entre Yumbos et esclaves africains affranchis vivant dans les palenques de la province d’Esmeraldas ont lieu.
En 1605, un groupe de palenqueros mulâtres et d’indiens Cayapa attaque la ville de Coongo dans la dépendance de Cansacoto au sud du Pays Yumbo, tuant plusieurs habitants de la ville et en kidnappant d’autres.
En 1607, une autre attaque a eu lieu sur la ville de Nimbo.
Tout au long du XVIIe siècle, le dépeuplement du nord du Pays Yumbo se poursuit, de nombreux autochtones sont morts à cause d’épidémies, d’autres ont migré vers les autres régions.
Dans le sud du Pays Yumbo, la région était gouvernée efficacement par les chefs Alóag de la lignée Liquinzumba et la population était en croissance en raison de l’arrivée d’un nouveau groupe ethnique dans la région, les Colorados. Ils ont été nommés ainsi en raison de leur tradition d’utiliser de la peinture corporelle rouge, ce sont les ancêtres des Tsáchilas modernes.
Au XVIIIe siècle, les Colorados ont complètement remplacé les Yumbos du sud. Alors que la population des Yumbos du nord a atteint son minimum, les villes et fermes sont abandonnées.
A partir de 1790, on ne sait presque plus rien des Yumbos. La cause de leur disparition ne semble pas provenir uniquement des épidémies et des conflits liés à la colonisation mais également des éruptions volcaniques.
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indigène Yumbo en tenue de gala Por Vicente Albán - https://books.openedition.org/cidehus/2929, Dominio público, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=84410098
L’héritage des Yumbos
Selon les récits oraux, le dernier chef des Yumbos de Nanegal était Don Ramón Nachillón qui a vécu avec sa femme Manuela Acosta jusque dans les années 1930. Tous deux portaient encore la tenue traditionnelle yumbo.
De nos jours, au mois de juin, dans les quartiers de Quito, surtout dans celui de Cotocallao, on célèbre une fête connue sous le nom de Yumbada avec des danses exécutées par des danseurs habillés en indigènes yumbos.
Des traces précieuses de la culture sont les toponymes et anthroponymes de leur langue qui appartenait peut-être au groupe linguistique chibcha-barbacoan.
Ingénierie et architecture yumbo
Dans leur architecture, les Yumbos utilisaient des monticules artificiels, les Tolas. Les pyramides tronquées sont le plus souvent de forme rectangulaire et pyramidale, ne se terminant pas en pointe, souvent aplaties formant une plateforme. Il y avait des rampes d’accès sur l’axe le plus long. Les tolas sont similaires à celles construites par la culture Caranqui des montagnes du nord des provinces de Pichincha et Imbabura.
Les tombes yumbos sont des sortes de tombes à puits, creusées dans le sol et généralement marquées par de petits monticules.
Un autre élément notable de l’ingénierie yumbo sont les routes ou culuncos, des routes creusées qui relient les montagnes andines aux régions côtières. Certaines routes atteignent une profondeur de 5 mètres sous terre. Elles convergent vers les bouches de montagne, les points les plus bas de la cordillère occidentale, eux endroits où les montagnes peuvent être traversées.
Pour traverser les rivières, ils construisaient des ponts suspendus en lianes et en roseaux.
Le commerce
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commerçant yumbo Por Sebasdreyes - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=126701715
Lors des expéditions commerciales, les Yumbos échangeaiet du maïs, du manioc, des haricots secs, des patates douces, des fruits, des cacahuètes, du piment de l’or, des noix de coco, du sel, du caoutchouc, du coton, de l’encens, des plantes curatives (orchidées, feuilles de coca), du poisson séché contre de l’obsidienne, des coquillages spondylus princeps qui étaient en effet appelés « or rouge » par les Incas en raiso de leur couleur.
Les Yumbos entretenaient une relation constante avec les Quitus, leur rendant visite pour échanger leurs produits, soit au poids, soit au fil pour confectionner d beaux vêtements pour lélite de Quito avant et pendant l’époque des Incas.
Ils s’aventuraient sur la côte et apportaient le précieux coquillage de spondyle dans la Sierra.
Dans certains lieux de trafic spéciaux, ils utilsiaient des haches en métal comme monnaie d’échange.
Pour faire une pause lors de leurs longs voyages, ils créaient des tambos ou aires de repos. L’un d’entre eux subsiste presque intacts à Pactoloma, une communauté située dans la paroisse de Pacto au NO de Quito. Les habitants ont conservé les culencos qui permettent aujourd’hui aux touristes de marcher lù où les Yumbos ont laissé des empreintes du sommet de la montage jusqu’au rio Chirapi.
Les sites archéologiques
Le site le plus important de la culture Yumbo est le site de Tulipe qui fait l’objet d’un article à part.
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les piscines sur le site archéologique de Tulipe Por Sebasdreyes - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=126701715
L’autre site est Palmitopamba
Il est situé dans la paroisse de Nanegal, c’est une colline occupée par les Yumbos où ils ont construit des terrasses agricoles et une pyramide tronquée au sommet.
Plus tard, le site sera occupé par les Incas et transformé en pucará, forteresse inca. A l’intérieur des terrasses, 2 bâtiments incas incomplets ont été découverts et des tas de pierres non façonnées interprétées comme un bâtiment abandonné avant que la construction ne soit terminée. Plusieurs tombes ont été découvertes dans les environs du pucará. Parmi elles se distingue la tombe d’un adulte qui possédait un trousseau funéraire composé de poteries yumbos et incas. Il s’agissait peut-être d’un métis des 2 cultures.
Pétroglyphes sur le rio Chirapi
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pétroglyphes du rio Chirapi Por Sebasdreyes - Trabajo propio, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=126701715
Près de Pacto à la hauteur de la petite cascade Gallo de la Peña se trouvent des roches avec des pétroglyphes. Le pétroglyphe le plus important se trouve sur une roche d’andésite, se compose de plusieurs spirales et cercles concentriques. Au centre du pétroglyphe, on peut voir une figure humanoïde composée des mêmes formes. Ces pétroglyphes sont généralement associés à la culture yumbo, il est cependant impossible de connaître leur âge.
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représentation d'une scène de vie yumbo dans le musée du site de Tulipe source
Cosmovision
Dans la cosmogonie des Yumbos, l’eau était la source de toute vie, comme le démontre la découverte de 7 bassins auxquels on accédait par des escaliers, et où se déroulaient les principaux actes religieux, les rituels d’initiation, de purification, les rites de fertilité. Les pétroglyphes sont une belle représentation de ce respect de l'eau dans leur vision du monde et du cosmos.
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Sources : wikipédia en espagnol, voyages-equateur.com, la lineadefuego.info, shinopibolon.tripod.com