L'engoulevent dans la cosmovision des Ayoreos (Asojná)
Publié le 22 Mars 2025
Asojná ou Asohná - d'origine féminine - est l'être mythique doté du plus grand pouvoir normatif et à l'origine des puyák (tabous). La cérémonie annuelle la plus importante qui a établi le renouvellement cyclique de la nature et du monde social lui a été dédiée.
Avant de se transformer en cuyabo (engoulevent) - l'oiseau actuel - elle était une femme chaman puissante et malveillante, elle a été tuée plusieurs fois, mais elle est toujours ressuscitée, jusqu'à ce qu'elle décide finalement de se métamorphoser en oiseau :
Quand le cuyabo était une personne, personne n'osait l'approcher. Avant, elle était célibataire ou veuve, et un jour, elle est arrivée et on lui a dit : "On va te tuer." Et ils l'ont tuée, mais au bout d'un moment, elle a repris vie, et ils l'ont attachée. Les pitas qui l'attachaient étaient à ses côtés. Puis ils l'ont tuée de nouveau, et ils l'ont tous frappée à la tête en disant : "On a déjà tué le petit oiseau." Ils ont regardé et il était de nouveau à leurs côtés, et les hommes ont dit : "Mettez du bois dans le puits, on va le mettre dedans pour voir s'il ne brûle pas." Ils l'ont mis dedans et l'ont recouvert, et il est resté là un moment jusqu'à ce qu'ils disent : "Allons voir, il sera cuit." Ils ont regardé et il était sur un côté du puits. Et depuis lors, on sait que personne ne peut le vaincre. C'est pourquoi les Ayoreo en ont peur, car personne ne peut tuer le cuyabo.
Il n'est visible que sous sa forme humaine pour le chaman. Il est associé aux animaux en hibernation et à la première pluie.
Le cuyabo est un petit oiseau - il n'atteint pas plus de 18 centimètres - aux habitudes nocturnes. Pendant la saison sèche, il migre vers le nord, une période pendant laquelle les Ayoreo croient qu'il se cache dans sa tanière d'hiver. Lorsqu'il réapparait - en août - son chant annonce la fin du temps interdit, de la montagne triste, et le début d'une ère nouvelle, sans choses interdites, un temps de récoltes, de la montagne joyeuse. C'est le moment de transition du temps sec au temps pluvieux, et de la cérémonie la plus importante.
Le rituel était simple : à l'aube, les adultes sortaient avec les instruments de récolte, s'arrêtaient à une courte distance et invoquaient Asojná , demandant sa bénédiction.
Après la prière, hommes et femmes se séparaient, les premiers se consacrant à l'extraction du miel et à la chasse aux tortues. À la tombée de la nuit, ils se réunissaient et buvaient une sorte de guarapo au miel jusqu'à être ivres. Les restes de nourriture obtenus ce jour-là devaient être enterrés car ils étaient considérés comme impurs.
Les hommes dormaient dans une moitié du village et les femmes dans l'autre, entre ces groupes se reposaient les personnes âgées des deux sexes. Ainsi se terminait le rituel, qui met fin à la période taboue et ensuite commence le temps des semailles.
Asojná est une entité avec une ambiguïté intrinsèque puisqu'elle utilisait son pouvoir pour le bénéfice collectif, mais agissait aussi négativement : « Nos grands-parents avaient peur du cuyabo, ils en avaient peur parce qu'il avait un esprit... Le cuyabo donnait quelque chose à une personne, mais il punissait... Quand il chante, hommes et femmes doivent se cacher… Quand Asojná vient sur terre, elle chante et les gens célèbrent. Son pouvoir réside dans son regard ; personne ne peut la regarder, car sinon, ils mourront. Asojná rend les gens malades lorsqu'ils font des erreurs… »
traduction carolita
source
https://pueblosoriginarios.com/sur/chaco/ayoreo/asojna.html
engoulevent pauraqué (cuyabo) Par Wildreturn — https://www.flickr.com/photos/80270393@N06/49279701521/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=130237421
L'oiseau
Nom français : engoulevent pauraqué
Nom latin : nyctidromus albicollis
Nom espagnol (Paraguay) : curiango
Nom ayoreo : cuyabo
Famille : caprimulgidés