Brésil : Les autochtones Munduruku bloquent la BR-163 dans le Pará contre le cadre temporel : « Nous n'abandonnerons pas »

Publié le 28 Mars 2025

Les manifestants réclament l'abrogation de la loi du cadre temporel et dénoncent les invasions du territoire

25 mars 2025 à 18h26

São Paulo (SP)

Carolina Bataier

Les autochtones de la région souffrent de l'exploitation minière et des structures de transport du soja produit au Mato Grosso - Disclosure/Frank Akay Munduruku

Les autochtones Munduruku ont bloqué ce mardi (25) l'autoroute BR-163 dans la municipalité d'Itaituba (PA), exigeant l'abrogation de la loi 14.701, qui officialise le cadre temporel . La manifestation a lieu à la veille de la reprise de l'audience de conciliation du Tribunal fédéral (TSF), qui débattra du sujet ce mercredi (26).

« Il s'agit d'une nouvelle action de la résistance Munduruku, qui a historiquement lutté pour la protection de ses territoires, contre les invasions et les politiques qui portent atteinte à ses droits », rapporte l'Articulation des peuples autochtones du Brésil (Apib), dans une note envoyée à la presse.

Les habitants d'une zone touchée par l'exploitation minière et l'agro-industrie, le peuple autochtone Munduruku, craignent que l'arrêt du processus de démarcation du territoire n'entraîne de nouvelles invasions et menaces.

Les autochtones ont commencé à manifester aux premières heures de mardi (25) – Disclosure/Frank Akay Munduruku

« Nous avons fermé la BR-163 au kilomètre 25 en signe de protestation contre la loi 14.701, qui représente une grave menace, paralysant la démarcation de nos territoires traditionnels », explique Frank Akay Munduruku, qui est sur l'autoroute depuis l'aube. « Nous sommes contre tous les projets de mort sur notre territoire et nous exigeons le retrait immédiat de tous les envahisseurs », souligne-t-il.

Selon Alessandra Korap Munduruku, une dirigeante active dans la région, il y aurait environ 90 manifestants sur place. En début d'après-midi, les agents de la police routière ont exigé la levée du blocage, ce qui a été refusé par les manifestants. Vers 20 heures, des policiers fédéraux étaient sur les lieux accompagnés d'un huissier de justice, présentant une ordonnance de libération de la route.

Les autochtones ont laissé passer les véhicules, mais ils ont l'intention de reprendre le blocus dans les prochaines heures.

« Nous n'abandonnerons pas, nous continuerons notre combat, nous continuerons à défendre notre territoire, c'est notre droit. C'est pour cela que nous sommes ici », proteste Frank.

La Loi du Cadre Temporel établit que les peuples autochtones qui n’étaient pas présents sur leurs terres lors de la ratification de la Constitution brésilienne le 5 octobre 1988, n’ont pas le droit à la reconnaissance de leur territoire. Si elle est approuvée, cette thèse augmente le risque d’invasion de ces terres et, par conséquent, augmente les cas de violence contre ces populations.

Menaces sur le territoire Munduruku

Itaituba est la municipalité avec la plus grande superficie minière du Brésil, avec 71 000 hectares, ce qui représente 16 % de la superficie minière du pays, selon les données 2023 de la plateforme MapBiomas. Une partie des zones d’exploration se trouve sur le territoire Munduruku , dont le processus de démarcation n’est pas encore terminé.

Entre fin 2024 et début 2025, le gouvernement fédéral a mené la première phase de l’opération visant à expulser les mineurs envahisseurs du territoire indigène Munduruku.

Selon une note publiée par la Maison Civile, 523 actions d'inspection et de répression ont été menées, entraînant la destruction de 90 camps, 15 bateaux, 27 machines lourdes, 224 moteurs et 96 130 litres de gasoil, en plus de la saisie de mercure et d'or illégal. Les amendes appliquées s'élèvent à 24,2 millions de réaux.

Outre l’exploitation minière, les autochtones de cette région souffrent des structures de transport du soja produit au Mato Grosso. À Miritituba, un district d'Itaituba, des entreprises agroalimentaires ont installé des ports sur les rives du fleuve Tapajós , affectant des sections du fleuve utilisées par les autochtones pour la pêche, le transport et les loisirs.

L'autoroute BR-163 est la principale voie de transport du soja du Mato Grosso vers les ports de Miritituba .

En plus de bloquer des tronçons de la rive, ces aménagements ont augmenté le flux de barges, éloignant les poissons et interférant avec les itinéraires des autochtones et d'autres populations riveraines, dont le transport s'effectue dans de petites embarcations, comme le rapporte Brasil de Fato .

Edition : Thalita Pires

traduction caro d'un article de Brasil de fato du 25/03/2025