Angel Parra : Canto a Santiago

Publié le 8 Octobre 2025

CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=236707

CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=236707

Chant à Santiago

 

Le temps change l'espace
et l'homme ne retrouve pas son âme,
le temps lui donne de l'argent
et obscurcit le matin.

Qu'est devenu le souvenir,
la fenêtre de la maison ?
Quelqu'un trouve-t-il l'amour
dans l'après-midi d'une place ?

Le guasca court et tremble,
lui aussi a son mal.

La capitale a grandi,
tant de chemin pour rien.
Ils ont recouvert la cordillère
Qui est devenue le ravin.

Il ne reste que l'orgue de barbarie
qui s'enivre dans ce bar,
fuyant toujours le temps
qui lui emprisonne le dos.

Le chant de l'aube
est chantée par l'ouvrier.
A cinq heures, il doit partir
Sans gants ni bonnet.

Pour partager le froid
Ou le gel de l'hiver,
L'après-midi son petit vin
et la nuit son insomnie.

La machine métallique
que le temps entraîne dans son sillage
se confond avec le brouillard
dans une main géante

qui écrase de sa force
la colline, la rivière et l'arbre,
soleil doré des souvenirs,
mémoire lente qui s'éloigne.

Cherchant dans le sud violent
l'éclair et le coup de tonnerre,
que la tempête me couvre
ou que le vent du sud se déchaîne !
Alors peut-être purifierai-je
l'eau de ce marais.

 

 

Canto a Santiago

 

El tiempo cambia el espacio
y el hombre no encuentra su alma,
el tiempo le da dinero
y oscurece la mañana.

¿Qué pasó con el recuerdo,
la ventana de la casa?
¿Alguien encuentra el amor
en la tarde de una plaza?

El guasca corre y se agita,
también él tiene su llaga.

La capital ha crecido,
tanto caminar por nada.
Taparon la cordillera
qué pasó con la cañada.

Sólo queda el organillo
que en ese bar se emborracha,
huyendo siempre del tiempo
que le aprisiona la espalda.

El canto de amanecida
lo va cantando el obrero.
A las cinco ha de partir
sin guantes y sin sombrero.

Para repartirse el frío
o la escarcha del invierno,
en la tarde su vinito
y en la noche su desvelo.

La máquina de metal
que el tiempo trae a su paso
se confunde con la niebla
en una gigante mano

que tritura con su fuerza
el cerro, el río y el árbol,
dorado sol de recuerdos,
lento memoria alejando.

Buscando en el sur violento
el relámpago y el rayo,
¡que me cubra el temporal
o el viento sur desatado!
Así tal vez purifique
el agua de este pantano.

Angel Parra (Album Canciones de amor y muerte, 1969) traduction carolita

Réflexions sur une ville en mutation : « Canto a Santiago » d'Ángel Parra

 

La chanson « Canto a Santiago » d'Ángel Parra est une réflexion profonde sur les changements que la ville de Santiago du Chili a connus au fil du temps. Parra, connu pour son engagement dans la musique de protestation et sa capacité à capturer l'essence de la vie quotidienne, utilise cette chanson pour exprimer son inquiétude face à la perte d'identité et à la déshumanisation qui accompagnent le progrès urbain. Les paroles sont imprégnées de nostalgie et de critique sociale, soulignant comment la croissance de la capitale a affecté à la fois le paysage physique et la vie de ses habitants.

Dans la première strophe, Parra mentionne comment le temps et l’argent ont transformé l’espace, assombrissant le matin et éloignant l’homme de son âme. Cette métaphore suggère que le développement économique et la modernisation ont eu un coût spirituel et émotionnel, érodant les valeurs et les souvenirs qui définissaient autrefois la vie urbaine. La question rhétorique de savoir si quelqu’un trouve l’amour dans un après-midi sur une place met en évidence l’aliénation et la perte des liens humains dans un environnement de plus en plus impersonnel.

La chanson aborde également la lutte quotidienne des travailleurs, représentée par l'ouvrier qui chante à l'aube et part sans gants ni chapeau. Ce personnage symbolise la classe ouvrière qui affronte les dures conditions de travail et le froid de l'hiver, cherchant du réconfort dans de petits plaisirs comme le vin l'après-midi. L’image de la machine métallique écrasant la colline, la rivière et l’arbre est une critique puissante de l’industrialisation et de son impact destructeur sur la nature et la mémoire collective. Parra conclut avec un désir de purification par la force de la nature, aspirant à la tempête ou au vent du sud déchaîné pour nettoyer le marais qu'est devenue la ville.

En bref, « Canto a Santiago » est une œuvre qui nous invite à réfléchir sur le coût du progrès et l’importance de préserver l’identité et les valeurs humaines au milieu de la modernisation. La chanson témoigne du talent d'Ángel Parra pour combiner poésie, critique sociale et un amour profond pour sa patrie.

https://www.letras.com/angel-parra/847562/significado.html

Rédigé par caroleone

Publié dans #Chili, #Nueva canción, #Angel Parra

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article