Violeta Parra : La cueca de los poetas

Publié le 12 Mai 2025

 

 

 

Par Sergio Muñoz (source)

 

Le 12 juillet 1953, Neruda avait 49 ans. Violeta Parra avait 35 ans. Ce jour-là, ils se sont rencontrés. L'incident s'est produit à Michoacán de los Guindos, la maison que Neruda partageait avec Delia del Carril, sa femme, sur l'avenue Lynch Norte, à La Reina.

De cette rencontre, l'écrivain José Miguel Varas raconte : « Au pied d'un des grands châtaigniers était assise une femme aux cheveux noirs, au visage commun, sans maquillage, « habillée en femme pauvre ». Cette femme a commencé à gratter la guitare sans cérémonie ni avertissement et a éclaté en chanson. Elle ne regarda pas ses auditeurs, qui formèrent bientôt un cercle autour d’elle. Elle a joué une valse paysanne qui a produit une telle fascination et une telle tristesse que tout le monde est resté en suspens. Cette voix brute et rustique, fade et très musicale à la fois, ne semblait pas être une interprétation, mais plutôt la chose elle-même.

Neruda écrira plus tard son « Élégie pour chanter », où il lui rend hommage :

Quelle façon de tomber vers le haut !
Et d'être éternelle, cette femme !
De ciel en ciel, elle court, nage ou chante,
la Violette terrestre :
celle qui était continue, continue d'être,
mais cette femme seule
dans son ascension ne monte pas seule :
elle est accompagnée par la lumière de la mélisse,
de l'or noué de l'oignon frit,
elle est accompagnée par les meilleurs oiseaux,
Chillán en mouvement l'accompagne.

Sainte d'argile pure !
Je te loue, mon amie, ma compagne :
d'une corde à l'autre tu atteins
jusqu'au ferme firmament,
et, nocturne, dans le ciel, ton éclat
est la constellation d'une guitare.

(la totalité du poème en espagnol  ICI)

 

À partir de ce jour, la relation entre les deux continuera de se développer. En 1966, Violeta enregistre son dernier album pour RCA-Víctor : « Las última composiciones de Violeta Parra » (Les dernières compositions de Violeta Parra), avec ses enfants, Isabel et Ángel, et le musicien uruguayen Alberto Zapicán. Il comprend « La cueca de los poetas », avec un texte de Nicanor Parra et une musique de Violeta :

 

Cueca des poètes

 

Cueca

 

La vie, que les faisans sont beaux,
La vie, comme il est beau le paon.
Huifa, ay, ay, ay
La vie, comme ils sont beaux les poèmes
La Vie, de Gabriela Mistral.
Huifa, ay, ay, ay

Pablo de Rokha est bon
Mais Vicente
vaut le double et le triple
disent les gens.
Huifa, ay, ay, ay

Disent les gens, oui,
Il n'y a aucun doute
Que le plus fort s'appelle
Pablo Neruda.
Huifa, ay, ay, ay

Cours, avant qu'il ne t'attrappe
Nicanor Parra.

 

 

La cueca de los poetas

 

(cueca)

La vida, qué lindos son los faisanes,
La vida, qué lindo es el pavo real.
Huifa, ay, ay, ay
La vida, más lindos son los poemas
La vida, de la Gabriela Mistral.
Huifa, ay, ay, ay

Pablo de Rokha es bueno
Pero Vicente
Vale el doble y el triple
Dice la gente.
Huifa, ay, ay, ay

Dice la gente, sí,
No cabe duda
Que el más gallo se llama
Pablo Neruda.
Huifa, ay, ay, ay

Corre que ya te agarra
Nicanor Parra.

Violeta Parra (album  Las Ultimas Composiciones De Violeta Parra, 1966)

 

La célébration de la poésie chilienne dans « La Cueca de Los Poetas » de Violeta Parra

La chanson « La Cueca de Los Poetas » de Violeta Parra est une célébration vibrante de la poésie chilienne, où l'artiste met en lumière certains des poètes les plus influents du Chili. En utilisant la structure de la cueca, une danse traditionnelle chilienne, Parra crée un dialogue entre la beauté naturelle et la beauté littéraire, comparant d'abord l'élégance des faisans et des paons à la beauté sublime des poèmes de Gabriela Mistral, la première femme latino-américaine à remporter le prix Nobel de littérature.

Dans les vers suivants, Violeta Parra mentionne d'autres grands poètes chiliens tels que Pablo de Rokha, Vicente Huidobro et Pablo Neruda, ce dernier également lauréat du prix Nobel. Les paroles jouent avec l’idée de compétition et de reconnaissance littéraire, suggérant que même si tout le monde est talentueux, chacun a sa propre valeur unique et distinctive dans la culture chilienne. La mention de Nicanor Parra, le frère de Violeta, ajoute une touche personnelle et humoristique à la fin de la chanson, soulignant son style irrévérencieux et sa contribution à la poésie avec l'antipoésie.

L’œuvre rend non seulement hommage à ces icônes littéraires, mais reflète également le profond respect et l’amour de Violeta Parra pour la culture et les traditions chiliennes. À travers cette cueca, Parra ne célèbre pas seulement la poésie, mais éduque et favorise également l’appréciation de ces poètes auprès du public, en utilisant la musique comme un pont entre les générations et les différentes formes d’art.

https://www.letras.com/parra-violeta/836783/significado.html

Rédigé par caroleone

Publié dans #Violeta Parra, #Chili, #Nueva canción, #Fragments de Neruda

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