Pérou : Cusco et Arequipa luttent pour la protection de l'eau

Publié le 28 Février 2025

Publié le : 26/02/2025

Source de l'image : Red Muqui.

Deux manifestations, l'une à Cusco et l'autre à Arequipa, visent à protéger l'eau, une ressource vitale pour l'agriculture, l'élevage et la vie de la population, contre l'imposition de projets miniers non consultés.

 

Cusco et Arequipa se mobilisent pour défendre l'eau face aux projets miniers non consultés

 

Red Muqui, 26 février 2025.- Depuis lundi 17 février, les habitants de la vallée de Tambo, à Arequipa, ont entamé une grève illimitée pour défendre leur vallée, leur eau et leur agriculture.

La mesure répond à la possible réactivation du projet minier Tía María et La Tapada, exploité par la Southern Copper Corporation.

D'autre part, depuis le 14 février, les membres de la communauté de Ccollpa Ccashahui, dans le district de Llusco, province de Chumbivilcas, Cusco, maintiennent une protestation indéfinie contre le projet minier de Crespo.

Ils exigent le retrait définitif du projet du territoire, et l’annulation des permis obtenus pour la phase de construction et d’exploitation du projet. 

Résistance à l'intérieur du pays

Ces deux mesures de résistance visent à protéger l’eau, une ressource vitale pour l’agriculture, l’élevage et la vie de la population.

Dans le cas de Tía María et de La Tapada, il s’agit d’un projet qui nécessiterait de grands volumes d’eau, affectant l’approvisionnement de la vallée du Tambo et mettant en danger les rivières, l’agriculture, l’élevage et la santé des habitants.

Il convient de rappeler qu’en 2009, une consultation de quartier a été réalisée dans la province d’Islay, où 97 % de la population de six districts a rejeté le projet minier de Tía María et toute autre initiative qui mettrait en danger la vallée et le bassin du fleuve Tambo.

Malgré cette décision, les gouvernements successifs ont tenté de relancer le projet, privilégiant l’investissement et le prétendu développement économique au détriment de la protection de l’environnement et de la santé de la population.

Dans le cas de la communauté Ccollpa Ccashahui, la protestation, qui dure déjà depuis plus d'une semaine, exige le retrait définitif du projet minier Crespo, propriété du groupe Apumayo.

Selon Droits de l'Homme sans Frontières, la mobilisation a commencé après le début de la phase d'exploration aurifère dans une zone clé : la source du bassin du rio Santo Tomás.

Cela a suscité une grande inquiétude parmi les habitants, qui craignent que l'activité minière contamine les sources d'eau qui alimentent les rivières et les vallées des districts de Santo Tomás.

Selon l'Observatoire des conflits sociaux, en décembre 2024, l'Agence d'évaluation et de surveillance environnementale (OEFA) a répondu à une plainte concernant une éventuelle contamination du rio Santo Tomás, près de l'annexe Tambo Huancarama - Yuraccancha.

Selon le rapport, les dommages ont été causés par la rupture d'un puits dans l'unité minière de Crespo, située dans le district de Santo Tomás, province de Chumbivilcas.

En réponse, l'OEFA a commencé à surveiller les installations de la société minière Crespo SAC pour évaluer la zone potentiellement affectée et les composants miniers impliqués.

Cependant, à ce jour, la population n’a pas reçu les résultats de cette inspection.

Les membres de la communauté exigent que le ministère de l'Environnement, le ministère de l'Énergie et des Mines, le Service national de certification environnementale pour les investissements durables (Senace) et l'Agence d'évaluation et de surveillance environnementale (OEFA) ferment définitivement l'unité minière de Crespo.

Ils affirment également que la phase d’exploration a commencé sans processus de consultation préalable, violant ainsi leur droit de décider des activités sur leur territoire, ce qui représente une violation de leurs droits établis dans la Convention 169 de l’OIT.

Face à la tension croissante, l'arrivée d'une commission de haut niveau est attendue pour installer une table de dialogue le 13 mars à Chumbivilcas, afin de trouver une solution au conflit.

Bien que le cas de Tía María soit plus ancien que celui de Chumbivilcas, le gouvernement a déployé des forces de police dans les deux zones pour contrôler les manifestations dans les deux cas.

Jusqu'à présent, aucune répression n'a été signalée à Chumbivilcas, contrairement à ce qui s'est passé dans la vallée de Tambo, où les années précédentes les manifestations avaient été durement réprimées par la police nationale péruvienne, faisant des blessés et des morts.

L'État donne la priorité à l'exploitation minière et laisse la population sans protection

Le secrétaire exécutif du Réseau Muqui, Jaime Borda, a averti que nous assistons à une réactivation des conflits liés à l'exploitation minière à grande échelle et que, dans les deux cas, l'État a pris parti en faveur de l'investissement minier, laissant la population sans protection.

« Le garant et le protecteur des droits de tous les Péruviens est censé être l’État, représenté par le gouvernement national. Or, ce que l’on constate, c’est qu’il donne la priorité à l’investissement privé sans se poser de questions, tout en accusant la population – qu’il devrait aussi protéger et défendre – d’être radicale, anti-minière ou de boycotter le développement.

« En réalité, ce que font les communautés, c'est défendre l'agriculture et la vie dans la vallée de Tambo et protéger l'eau et les sources du bassin de Chumbivilcas », a déclaré Jaime Borda.

Enfin, il a conclu qu’on ne peut rien attendre d’un gouvernement autoritaire qui cherche à imposer par la force l’exploitation minière à grande échelle, et encore moins la mise en œuvre de stratégies de réponse fondées sur le dialogue. « Ce gouvernement a cédé et a refusé d'écouter le peuple qu'il prétend représenter », a-t-il souligné.

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Source : Publié le 25 février sur le portail de la Red Muqui : 

traduction caro d'un article paru sur Servindi le 26/02/2025

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