El 45
Publié le 3 Juin 2025
Le printemps 45
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Tu te souviens, ma sœur, de l'époque
où la vie nous a donné la même leçon.
Au printemps 45
tu avais quinze ans, comme moi.
Te souviens-tu, ma sœur, de ces cadets,
du premier boléro et du thé à El Galeon
quand, le dimanche, la pluie apportait
la voix de Bing Crosby et un couplet d'amour.
Tu te souviens de la Plaza de Mayo
quand « celui dont je t'ai parlé » sortait sur le balcon.
Tout a tellement changé que le soleil de l'enfance
tout à coup a disparu.
Te souviens-tu, ma sœur, de ces temps secs
quand un pauvre peso donnait la croissance
et nous payait un âge d'écoles buissonnières
cela valait plus de vie qu'un million d'aujourd'hui.
Te souviens-tu, ma sœur, que de très loin
une odeur d'horreur nous rendait folles :
elle venait d'Hiroshima où tant de filles
avaient quinze ans comme toi et moi.
Te souviens-tu que plus tard,la vie
est arrivée en talons hauts et nous a séparées.
Nous ne partageons plus le même tramway,
seule la bonté Dieu nous réunit.
El 45
Te acordás hermana qué tiempos aquellos,
la vida nos daba la misma lección.
En la primavera del 45
tenias quince años lo mismo que yo.
Te acordás hermana de aquellos cadetes,
del primer bolero y el té en El Galeon
cuando los domingos la lluvia traía
la voz de Bing Crosby y un verso de amor.
Te acordás de la Plaza de Mayo
cuando «el que te dije» salía al balcón.
Tanto cambió todo que el sol de la infancia
de golpe y porrazo se nos alunó.
Te acordás hermana qué tiempos de seca
cuando un pobre peso daba un estirón
y al pagarnos toda una edad de rabonas
valia más vida que un millón de hoy.
Te acordás hermana que desde muy lejos
un olor a espanto nos enloqueció:
era de Hiroshima donde tantas chicas
tenían quince años como vos y yo.
Te acordás que más tarde la vida
vino en tacos altos y nos separó.
Ya no compartimos el mismo tranvía,
sólo nos reúne la buena de Dios.
María Elena Walsh (Album Canciones para grandes, 2003) traduction carolita
SOURCE paroles
Souvenirs d'une époque : nostalgie et changement dans « El 45 » de María Elena Walsh
La chanson « El 45 » de María Elena Walsh est une évocation nostalgique du temps passé, plus précisément du printemps 1945. Les paroles sont imprégnées de souvenirs partagés entre la chanteuse et sa sœur, rappelant une époque de jeunesse et de simplicité. La mention du « printemps 45 » n’est pas une coïncidence ; cette année fut importante dans l’histoire du monde, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début d’une nouvelle ère. La chanson reflète l’impact de ces événements mondiaux sur la vie quotidienne des gens, même dans des endroits aussi éloignés que l’Argentine.
Walsh utilise une série d’images et de références culturelles pour brosser un tableau vivant de cette époque. Elle parle de cadets, de boléros et de thés au El Galeón, un café emblématique, et mentionne Bing Crosby, une icône musicale de l'époque. Ces détails non seulement ajoutent de l’authenticité aux souvenirs, mais soulignent également l’influence de la culture populaire américaine sur la vie argentine. La Place de Mai et « celui dont je t'ai parlé » font référence à Juan Domingo Perón, personnage central de la politique argentine de l'époque, suggérant un contexte de changement et de bouleversements politiques.
La chanson aborde également des thèmes plus sombres, comme l'impact de la bombe atomique sur Hiroshima, rappelant que des filles du même âge que les protagonistes ont également vécu cette tragédie. Ce contraste entre l’innocence de la jeunesse et la brutalité des événements mondiaux ajoute une couche de profondeur émotionnelle à la chanson. Enfin, Walsh réfléchit à la façon dont la vie d’adulte et les responsabilités ont séparé les sœurs, ne laissant que les souvenirs et la « bonté de Dieu » comme points de connexion. Cette séparation symbolise le passage inévitable du temps et les changements qu’il apporte, tant au niveau personnel que global.
traduction carolita
source
https://www.letras.com/maria-elena-walsh/1003784/significado.html