Chili : Déclaration publique du mouvement Mapudungun à l'occasion de la Journée de la langue maternelle 2025

Publié le 26 Février 2025

22/02/2025

Marche pour le Mapudungun 2025.

À l'occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, le vendredi 21 février 2025, les porte-parole des organisations qui ont appelé à la « Trekañma Mapuzungun mew » ont lu la déclaration devant la municipalité de La Araucanía, affirmant que « [E]n ce qui concerne les engagements de la campagne électorale, le gouvernement actuel n'a pas tenu ses promesses envers les peuples autochtones ».

Le mouvement exige la volonté politique nécessaire pour faire avancer un instrument législatif qui reconnaisse le mapuzugun comme langue officielle, « La reconnaissance de la langue mapuche est un droit humain, c'est un premier pas pour commencer la réparation de la dette historique […] ; des revendications qui se heurtent à des obstacles dans une culture hégémonique qui n’encourage ni le respect ni la diversité . Nous partageons la déclaration publique…

 

Déclaration publique 13e MOBILISATION POUR LE MAPUZUGUN

 

Les organisations et les individus qui ont appelé à la treizième marche pour la revitalisation du Mapuzugun souhaitent exprimer publiquement ce qui suit :

La langue Mapuzugun est la langue ancestrale et originale du Wallmapu. La langue, qui est en danger de disparition, est le produit du racisme et de la violence coloniale de l'État, des politiques monolingues en espagnol qui sont menées jusqu'à aujourd'hui dans le Wallmapu. Quatre-vingt-dix ans après la proposition de reconnaître le mapuzugun comme langue officielle et après 13 ans de protestations pour sa revitalisation, la voie est ouverte pour que l’État chilien crée les instruments juridiques nécessaires pour garantir que justice soit rendue pour cette demande sincère. 

La Marche pour le Mapuzugun a débuté en 2012, sous le titre « Mongeley taiñ Mapuzugun », « notre langue mapuche est vivante ». Le mouvement a commencé pendant le premier gouvernement de Sebastián Piñera, puis sont passés Bachelet (2) et plus tard Piñera (2), pour finalement arriver au gouvernement de Gabriel Boric, ce qui était la troisième mobilisation pendant ce mandat. Il y a eu quatre gouvernements au cours de ces 13 années de mobilisation et aucun n’a eu la volonté politique de répondre à une demande historique du peuple Mapuche. 

La « Journée internationale de la langue maternelle », instituée par l’UNESCO en 1999, est célébrée chaque 21 février dans le but de promouvoir la diversité linguistique et l’éducation multilingue. La reconnaissance de la langue mapuche est un droit humain, c'est un premier pas vers le début de la réparation de la dette historique dans divers domaines, tels que l'éducation, la santé, la justice et le territoire ; des revendications qui se heurtent à des obstacles dans une culture hégémonique qui n’encourage ni le respect ni la diversité. 

Il est important de noter que malgré la situation de déni envers notre peuple, il existe actuellement des initiatives portées par des organisations et des territoires, telles que les « Nids Linguistiques », les « Koneltun » ou internats linguistiques, les « ateliers focalisés » dans les territoires, les « cours ouverts en milieu urbain » et le « matériel pédagogique sur les plateformes numériques » entre autres. Soulignant que ces efforts ont eu de bons résultats, tels que la génération de nouveaux locuteurs de mapuzugun dans la petite enfance et les compétences linguistiques chez les enfants, les jeunes et les adultes. Ces initiatives manquent cependant d’un cadre juridique qui renforce leur fonctionnement. 

La réglementation actuelle du Ministère de l'Éducation ne permet pas la possibilité de générer sa propre éducation en Mapuzugun, ce qui est totalement contradictoire avec ce qui est établi par la réglementation internationale en vigueur en la matière. La garantie d’assurer le droit de nos pu püchikeche/enfants à être éduqués dans leur propre langue ne peut être soumise aux volontés politiques du moment ; les États doivent garantir des politiques urgentes et à long terme. 

Nous interpellons l’État du Chili au sujet de ses engagements internationaux concernant les droits des peuples autochtones, tels qu’établis dans la Convention n° 169 de l’OIT dans son article 13 : « Les peuples autochtones ont le droit de revitaliser, d’utiliser, de promouvoir et de transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue, leurs traditions orales, leurs philosophies, leurs systèmes d’écriture et leurs littératures, et de nommer leurs communautés, leurs lieux… » Compte tenu de ce qui précède, la demande du mapuzugun est transversale dans les différents domaines du développement humain, où les locuteurs de mapuzugun peuvent faire valoir leurs droits en s’adressant aux différentes institutions de l’État chilien. 

Le mouvement Mapudungun MPM, lutte pour les droits linguistiques, considère l'utilisation de la langue comme un droit humain fondamental pour exprimer des émotions, communiquer avec les autres. Le Mapudungun permet la reproduction de la culture. Ainsi, le rôle que joue la langue dans divers espaces est souligné, en tant que composante culturelle de la socialisation transversale. Les peuples autochtones existaient avant les États. Il est aujourd’hui nécessaire de reconnaître cette histoire et le traumatisme colonial que l’État chilien a perpétué en ne reconnaissant pas les peuples autochtones et leurs sociétés, dans le cas de leur culture, de leur histoire et de leur langue qui constituent la richesse des peuples ancestraux du monde.

Enfin, il faut souligner avec insistance que, en ce qui concerne les promesses de campagne électorale, le gouvernement actuel n’a pas tenu ses promesses envers les peuples autochtones et, en particulier, n’a pas rendu effective la reconnaissance des droits linguistiques au niveau des politiques publiques au Chili. 

 

Signé par  le Mouvement pour le Mapuzugun, Trekañma Mapuzungun mew :

Communautés mapuches Txawün de Temuko 

Txempeyem mapuzugun mew 

Mapuzuguletuain 

Collectif Mapuexpress

Mapuzugun ñi Choyün 

traduction caro d'un communiqué paru sur Mapuexpress le 22/02/2025

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article