Argentine : Les parcs nationaux ont demandé le retrait du Rewe du Lof Lafken Winkul Mapu
Publié le 1 Mars 2025
27 février 2025
La demande a été faite par Cristian Larsen, directeur de l'Administration des parcs nationaux (APN), au Tribunal fédéral de Bariloche. L'espace sacré est situé sur le territoire dépossédé en octobre 2022, à Villa Mascardi.
Conformément à la ligne négationniste qui caractérise la gestion actuelle de l’Administration des parcs nationaux (APN), la requête mentionne qu’« il existe des précédents judiciaires qui déterminent que l ’occupation de terres dans les parcs nationaux ne peut être soutenue sur la base de droits ancestraux lorsqu’il n’y a pas de preuve concluante d’occupation antérieure ».
En outre, l'organisation met l'accent sur le projet de construction d'une école de gardes forestiers sur le terrain, et ajoute comme arguments que « la zone est devenue dangereuse pour toute la communauté », qu'elle implique un risque pour « la sécurité et l'ordre public » et qu'elle génère un « impact environnemental négatif », puisque « la permanence des intrus » provoque des « impacts sur la flore et la faune ».
Il convient de noter que depuis l'expulsion du Lof Lafken Winkul Mapu, le rewe a été vandalisé à plusieurs reprises, malgré le fait que la zone soit sous la garde des forces fédérales.
Accord non respecté
En juin 2023, après huit mois de répression et d’expulsion de la communauté Mapuche de Lafken Winkul Mapu, et avec quatre femmes mapuche détenues, un accord a été conclu avec le gouvernement national. Cet accord a été conclu après un dialogue intense entre les autorités nationales et les représentants du peuple Mapuche Tehuelche.
La signature de l’accord « promettait » de faire progresser la reconnaissance et le respect des droits des autochtones. Parmi les points les plus importants, l'État s'est engagé à reconnaître le rewe comme un site sacré, permettant à la machi Betiana Colhuan d'accomplir ses tâches spirituelles et médicinales. En outre, la construction de trois ruka (maisons) pour soutenir ces activités a été convenue et l'autorisation d'utiliser cette partie du territoire dans le parc national Nahuel Huapi sera accordée.
Dans ce contexte, la communauté Lafken Winkul Mapu a également accepté d’être relocalisée sur d’autres terres et de poursuivre le processus d’inscription au Registre national des communautés autochtones (ReNaCi).
Cependant, l’État national, sous la direction de l’ancien président Alberto Fernández, a violé tous les termes du pacte signé et a ouvert la voie au nouveau gouvernement pour approfondir ses politiques de dépossession.
La voix de la communauté
Le Lof Lafken Winkul Mapu n’a pas tardé à réagir en publiant la déclaration suivante :
Aux Pu Lofche des Meli Wixan Mapu (communautés des quatre coins du territoire mapuche), aux organisations sociales et de défense des droits humains et à la société en général : nous, le Lof Lafken Winkul Mapu, faisons entendre une fois de plus notre voix avec urgence face à la gravité de l'outrage que, une fois de plus, les Parcs Nationaux cherchent à nous infliger en demandant le retrait de notre Rewe du territoire Relmulafken, où notre Machi maintient nos Lawen Mapuche.
Le sentiment de Rewe, le lieu et la valeur qu'ont pour nous pu peñi, pu lamgen et la relation avec notre pu lonko sont profondément liés à cet espace. Notre être tout entier, notre existence et notre devenir y sont liés. Cela nous unit et nous engage. C'est dans le Rewe que nous redevenons un avec tout le reste.
Face à cette situation défavorable, dans laquelle les pouvoirs politiques, économiques et judiciaires criminalisent notre peuple avec des mensonges et des tromperies, provoquant la haine et la violence contre nous, nous avons appris de l'autonomisation, du retour sur nos territoires et de notre résistance en tant que communauté. Notre Rewe est un élément fondamental de ces processus : nous y trouvons la compréhension, et ce que nous y faisons se transforme en actions profondément ressenties.
Nous savons aussi que nos Rewe nous rendent notre spiritualité, notre langue, notre mémoire et notre kimün. Ils nous apportent des alliances, de la solidarité et du kimún. Tout cela émerge lorsque nous sommes autour de notre Rewe.
Dans le Rewe, avec l’accompagnement de notre Machi, nous avons également commencé à guérir les blessures de la tragédie d’être un peuple envahi, dépossédé, persécuté, déraciné et opprimé. Le sentiment du Rewe, sa place et sa valeur pour les pu peñi et les pu lamgen, ainsi que la relation que nous y établissons avec nos pu lonko sont essentiels à notre existence et à notre avenir en tant que peuple.
Pour toutes les raisons mentionnées ci-dessus, nous exigeons que le droit à la santé reconnu par la Constitution nationale, la Convention 169 de l’OIT, la Convention américaine relative aux droits de l’homme et l’article XII de la Commission interaméricaine des droits de l’homme soit rendu effectif. Nous exigeons également le respect de la déclaration AG/RES. 2888 (XLVI-O/16), qui dans son article XVIII établit :
« Les peuples autochtones ont droit à leurs propres systèmes et pratiques de santé, ainsi qu’à l’utilisation et à la protection des plantes, des animaux, des minéraux d’intérêt vital et d’autres ressources naturelles à des fins médicinales sur leurs terres et territoires ancestraux. »
Au niveau national, nous exigeons le respect de la loi 24.071, qu'approuve la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux. Au niveau provincial, nous exigeons l’application de la loi 2553 sur la politique indigène et le soutien aux communautés autochtones, qui adhère à la loi nationale 23 302.
Ceci est urgent, pu peñi, pu lamgen. À notre époque, l’avancée du capitalisme prive tous les peuples de leur relation avec la Ñuke Mapu et avec leur propre environnement de vie, les livrant à une exploitation économique violente et énorme. Ils veulent nous dépouiller de tout, même de notre existence. Ce même système cause de graves problèmes de santé physique, mentale et spirituelle.
Nous appelons donc Pu Lonko, Pu Pillan Kushe, Pu Lawengelu et Pu Lofche à exprimer leur répudiation et à dénoncer l’ampleur de ce dommage irréparable.
Nous appelons à l’élévation du ngellipu dans tous les territoires. Que tous les peuples du monde nous accompagnent dans cette résistance.
Wiñotupe Machi ñi rewe mew !!!
Weichafe Rafael Nahuel em mongeli inaltu Rewe mew !
Kiñe antv wewaiñ tiñ ruf zungu !!! «
Solidarité de Neuquén
Dans une déclaration publique, la Confédération Mapuche de Neuquén a décrit Cristian Larsen comme « incompétent et inefficace », mettant en doute sa capacité de gestion, notamment à la lumière de la récente crise des incendies qui a touché plus de 100 000 hectares de forêt indigène en Patagonie et sur le Littoral. Selon le document, l'attention du fonctionnaire semble se concentrer uniquement sur la persécution des communautés mapuche, au lieu de s'attaquer à l'urgence environnementale.
Nous reproduisons la note :
Le président incompétent et inefficace de l'Administration des parcs nationaux (APN) CRISTIAN LARSEN. Plus de 100 000 hectares de forêt indigène sont brûlés, ce qui constitue sa principale responsabilité de préservation et de conservation, tant en Patagonie que dans la région du Littoral, car elle se trouve sous sa juridiction. Les équipes de pompiers héroïques ne savent pas comment contenir une telle tragédie en raison du manque de budget et d'équipement, mais le fonctionnaire inutile se rend dans la région avec une seule motivation : persécuter les communautés mapuche. Il agit en tant que plaignant pour faire pression sur le retrait du Rewe à Winkul Lafken Mapu et la condamnation des Mapuche.
Lorsqu'on lui demande ce qu'il ressent à l'idée d'être à la tête de la plus grande tragédie environnementale de la région, avec des milliers d'hectares d'incendies qui ne peuvent être arrêtés, Larsen répète simplement : « Nous demandons une condamnation exemplaire de tous ceux qui attaquent la souveraineté nationale en usurpant des terres qui appartiennent à tous les Argentins. Notre position est claire depuis le début et nous la démontrons : nous ne tolérerons, en aucun cas, l’usurpation des parcs nationaux.
Il le fait au nom d’un président accusé d’être un fraudeur mondial, avec des juges nommés par décret et une institution (APN) qu’il préside et qui souffre d’un vide énorme face à un tel patrimoine naturel qu’elle doit gérer.
Il est actuellement présent à Bariloche au procès qui se déroule contre la communauté Mapuche et il est le principal plaignant (accusateur) et même la fumée des incendies qui l'accueille à l'aéroport ne le dérange pas. Pourrait-il y avoir une plus grande impunité ?
traduction caro d'un article de Infoterritorail.com du 27/02/2025
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Parques Nacionales pidió la remoción del Rewe de Lof Lafken Winkul Mapu - Infoterritorial
La solicitud la realizó Cristian Larsen, director de la Administración de Parques Nacionales (APN), ante el Juzgado Federal de Bariloche.