Colombie : Peuple Inga  

Publié le 14 Janvier 2025

 

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Le peuple Inga ou Ingano est un groupe Quechua dont les territoires sont situés dans le nord de la Colombie, dans le département de Putumayo, au nord du Nariño, le sud du Caquetá et dans le Cauca.

Autre nom : ingano = peuple itinérant

Ils descendent d'une population installée par l'inca Huayna Cápac à Mocoa et dans la vallée de Sibundoy (Putumayo) en 1492 après qu'ils aient soumis les Camsá. C'était des communautés de militaires mitimak-kuna ou bien des agriculteurs ou des marchands engagés dans le commerce extérieur et la collecte d'informations au service de l'empire Inca.

Langue : quechua inga (inka quechua), variante du quechua, parlé en Colombie.

Il y a 2 variétés régionales : Inga des Andes et Inga d'Amazonie.

Endroits où ils vivent

 

►Putumayo (vallée de Sibundoy) : ils sont les descendants des Incas arrivés dans la région comme avant-postes militaires dans le processus d’expansion de l’empire inca.

►Autres villes : Yunguillo et Condagua.

4 autres grandes concentrations :

►Aponte (Nariño)

►Département du Cauca

Centres urbains (Bogotá et Cali)

►21 resguardos dont 14 dans le Putumayo.

 

 

Population

 

19.079 personnes

  • Putumayo :  62,4%
  • Nariño :  6,6%
  • Cauca : 4,4%

 

 

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Histoire

 

Des études proposent comme hypothèse sur l’origine de ce peuple, son appartenance aux communautés de l’empire Inca à l’époque préhispanique. Selon cette perspective, à la fin du XVIe siècle, ils arrivèrent dans la vallée de Sibundoy pour éviter la résistance des Kwaiker de Nariño et se sont rendus jusque dans l’actuel Putumayo où ils ont été isolés des autres quechuas. Pendant la conquête espagnole, ils se sont déplacés dans les département de Caquetá et Nariño.

Quand ils ont été installés sur leur territoire, se sont établies les missions capucines qui ont eu un grand impact sur leur culture.

Peuple migratoire et chamanisme

Ils partagent avec le peuple Kamëntsa de nombreux traits culturels mais les Ingas sont plutôt engagés dans la tradiction de voyage et l’esprit commercial.

Cette tradition migratoire a marqué la vie et l’identité culturelle des Inga, comme peuvent en témoigner les générations d’autochtones résidant dans les villes et les centres urbains. Cette migration remonte aux années 1930 au moment de la guerre contre le Pérou et quand la colonisation militaire a provoqué le déplacement de près d’un millier d’Ingas du haut Putumayo vers des villes voisines et même le Venezuela.

Depuis, ils se sont répandus dans presque toutes les grandes villes de Colombie. Dans les villes, leur stratégie de survie est liée à un fort degré de cohésion sociale qui se manifeste dans le développement et la collaboration au conseil municipal, leur insertion dans l’économie informelle comme guérisseurs et vendeurs ambulants de plantes médicinales, produits curatifs et magico-religieux, artisanat, instruments de musique, ceci dans les lieux proches des marchés.

Dans le cadre de cette activité de guérison, ils échangent des connaissances avec d’autres communautés et des peuples évoquant la culture Kallawaya de Bolivie.

Pour eux, le patrimoine représente un lien indissoluble entre la cérémonie catholique et la cérémonie traditionnelle.

 

 

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Les sinchi (sages) qu’ils nomment aussi taitas, curacas, utilisent et administrent des remèdes comme le yagé (ayahuascaà aux effets psychotropes. La plante banisteriopsis caapi utilisée dans cette médecine implique une relation étroite avec les cultures de la selva en particulier, Andaquí, Cofán, Siona et Witoto.

Les sinchi se préparent depuis l’enfance, ils sont choisis par les taitas et éduqués dans la connaissance de la nature, de la spiritualité, de la vie, de la société et de la médecine.

 

Economie

 

Elle repose principalement sur l’agriculture dont le riz, le maïs, les haricots sont les principaux produits puis les avocats, les pommes de terre, le manioc, les arbres fruitiers, les pois chiches, l’ail. Ils pratiquent l’élevage laitier, la chasse et la pêche de subsistance et commercialisent les surplus dans plusieurs villes de leur zone géographique.

Ils cultivent des plantes médicinales et magiques dans des chagras avec des gardiens spirituels dans un espace respectant les forces naturelles, l’homme et la femme, les relations interethniques et sociales.

La famille nucléaire et l’espace familial sont axés autour du foyer.

Les maisons où ils vivent sont de type paysan, rectangulaires, avec 3 ou 4 pièces.

Au cours des 500 dernières années de la colonisation, les Ingas ont connu des empiètements violents sur leurs mode de vie, territoires à travers l’expropriation coloniale des terres, la violation constante des droits, la déforestation et le narcotrafic, ainsi que les conflits armés.

 

 

Les missions et leur rôle

 

L’éducation est un outil majeur pour favoriser l’intégration des communautés autochtones dans la Colombie coloniale et moderne. C’est ainsi que sont apparues au début du XXe siècles, des écoles missionnaires dans ces provinces amazoniennes avec dans leur sillage, des colons, le narcotrafic, la culture de la coca, les compagnies pétrolières, et les grands éleveurs de bétail.

 

Renouveau culturel

 

L’histoire récente a vu un renouveau culturel de l’identité autochtone et une revitalisation des valeurs et des traditions ancestrales dans toute l’Amérique. Les Ingas, dans cette dynamique ont commencé à récupérer des terres ancestrales et ils ont réussi à récupérer 2500 hectares de terres gravement touchées et les ont restaurées avec l’utilisation d’engrais organique et le reboisement. Ils se sont engagés dans un processus d’autodétermination pour renforcer leur identité et leurs pratiques et renouer avec un mode de vie ancestral basé sur le Sumak Kawsay (Bien Vivre), une connexion profonde avec la terre et tous les êtres, les médecines et les esprits.

 

Carnaval


Le dimanche précédant le mercredi des Cendres, les Ingas commencent la célébration annuelle du carnaval, qui est célébrée en l’honneur de l’arc-en-ciel et en remerciement à la Terre Mère…. Les hommes jouent de la flûte, de la trompette et du tambour, les femmes agitent des cloches et des coquillages. Ils dansent en rang et en cercle, se penchant et équilibrant le corps. Ils portent leurs propres costumes, des couvertures ou des capisayos rayés au col en V pour hommes, des jupes longues, des chemisiers colorés, des rebozos ou des telascuras sur leurs épaules.

Le mardi suivant, les gens se déguisent avec des masques en bois, en fique, en métal ou en carton. Ils interprètent des scènes traditionnelles, historiques ou légendaires et dansent à nouveau jusqu’au mercredi où le carnaval prend fin, au cours duquel la nourriture et les boissons abondent.

 

Organisation sociopolitique


Le cabildo est l’institution qui gouverne le peuple Inga, avec un gouverneur comme chef suprême. Il existe actuellement un front commun composé de trois cabildos : Santiago, San Andrés et Colón, et le cabildo Kamsáde Sibundoy. Ces institutions cherchent à trouver des solutions au problème foncier et définissent des positions communes avec des organisations gouvernementales ou non gouvernementales, renforçant ainsi l’autorité interne du groupe.

Le travail communautaire qui implique la construction de routes, de ponts, de canaux de drainage, de maisons, ainsi que la préparation du sol de la « chagra » ou parcelle, brûlis de chaume, semis et récolte, se fait selon trois modalités : la minga, où le travail est échangé contre nourriture et chicha, les divichidos, où le travail est échangé et les conchavos où un prix est convenu pour le travail effectué.

 

Sources : bnbcolombia.com, mongabay latam, ONIC, ecured

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Colombie, #Peuples originaires, #Inga

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