Argentine : Le peuple Haush

Publié le 27 Janvier 2025

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Peuple autochtone qui vivait à l’extrémité sud-est de la Grande Ile de la Terre de feu dans la partie argentine de l’île entre le Cap San Pablo et la baie d’Aguire. Avec leurs voisins Selk’nam, ils constituaient la composante insulaire du complexe Tehuelche.

De nos jours, quelques descendants regroupés avec les descendants des Selk’nam sont en train de se rétablir culturellement.

Autres noms : Haush, Haus, Aush, Manekenk ou Onas du Sud.

Autodésignation : mánekenk

Langue : haush (mánekenk(e)n), langue chon, liée à la langue selknam (mais mutuellement inintelligibles) et tehuelche du continent.

Peuple nomade, comprenant d’habiles chasseurs de guanacos, partageant des coutumes avec leurs voisins Selk’nam ou Ona (surtout les armes dont les petits arcs et les flèches, les vêtements en peaux, la pratique conjointe du rituel d’initiation masculin nommé le hain qui a été très bien documenté par l’ethnologue allemand Martin Gusinde en 1923 et dont vous trouverez plus de détails en liens en fin d’article).

 

https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=64978575

 

Société

 

C’était une société sans chefs mais dont seuls les guerriers et les personnes chargées de maintenir la tradition et les chamans (xo’on) intégraient une élite de plus grand prestige.

Ils vivaient en groupes de 2 ou 3 familles dans des huttes qui étaient en vérité de simples tonnelles recouvertes de mousses et de peaux.

Leur territoire était rude et impitoyable mais leur fournissait malgré tout un moyen de subsistance. Les forêts de hêtres nothofagus leur fournissaient un abri, de la nourriture et du bois.

Leur mode de production était celui de chasseurs/cueilleurs avec une alimentation riche en graisses et protéines car la majeure partie de leur nourriture provenait d’otaries, de guanacos, de coquillages, de crustacés, de manchots et de poissons.

D’autres aliments complémentaires étaient une sorte de champignon poussant sur les arbres lengas et ñires et des algues (varech ou cachiyuyo).

Ils pouvaient également bénéficier de viande supplémentaire avec celles de cétacés échoués sur les plages.

Les otaries leur servaient également pour se vêtir ainsi que la fourrure du renard.

Ils s’identifiaient par des lignées et des catégories. Chaque groupe local (lignage) se déplaçait fréquemment à l’intérieur de son haruwen (territoire) respectif. Chaque individu appartenait à la tribu (ciel = sho’on) qui correspondant à son haruwen. S’il changeait de résidence, il faisait immédiatement partie d’un nouveau ciel.

Les « cieux » constituaient des unités exogamiques, le mariage étant interdit entre deux personnes appartenant au même ciel.  Les relations étaient de grande importance, les Haush s’entraidaient et cherchaient leurs proches lors des réunions.

La lignée était patrilinéaire, les enfants appartenaient à cette lignée paternelle et ils étaient élevés dans le haruwen du père.

D’autres termes au sujet de la famille que l’on connaît par Anne Chapman sont :

►Lignée territoriale localisée : haruwin

►Parenté : sóker

►Famille polygame ou étendue : aksa (cette famille vivait dans une ou deux huttes)

Il y avait 11 lignées Haush.

 

Histoire

 

Les Haush ont été contactés pour la première fois par des européens dans la baie de Buen Suceso lors de l’expédition des frères Nodal en janvier 1619.

 

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Des données précieuses ont été fournies par le missionnaire anglican, Lucas Bridges dans son livre de 1899 Uttermost Part of the Earth/ Aux confins de la terre dont il spécule au sujet de l’origine des Haush :

«  Je suis convaincu que les Ona et les Aush venaient des Tehuelche de Patagonie du Sud, mais les Aush sont arrivés en Terre de Feu bien avant les Ona… Il y avait certainement beaucoup plus de différence entre les aush et les ona qu’entre les ona et la langue des Tehuelches. Je pense qu’au début, les Aush occupaient toute la région, et ils devaient se contenter de la pointe sud-est, d’un climat humide et infesté de marais et de buissons épais. Ma théorie est confirmée par le fait que dans la terre occupée par les Ona il y a des noms de lieux qui n’ont pas de sens dans leur langue ; ce sont en fait des mots qui n’ont de sens que dans la langue Aush ».

En raison de leur similitude géographique, on suppose qu’ils ont été déplacés au 14e siècle par les Selk’nam vers l’extrémité sud-est de la Grande Ile de la terre de feu (ce qui est confirmé par Lucas Bridges). Les Haush occupaient probablement la majeure partie de l’île avant d’être repoussés par les Selk’nam vers la pointe sud-est. Aucun des 2 groupes ne s’est rendu plus au sud vers la côte du canal du Beagle, l’île Navarino et les archipels jusqu’au Cap Horn. Tout ce territoire de la côte sud du Pacifique était habitée par d’autres indigènes, les Yaghans (ou Yamana) et les Alakalufes (ou Kawésqar).

Quand les explorateurs espagnols arrivent sur leur petit territoire en 1619, il ne reste plus qu’une petite population de ce groupe, environ 300 personnes.

Selon Samuel Kirkland Lothrop, en 1850, de nombreux Haush ont été assassinés par des chasseurs de loups à partir de la fin du XVIIIe siècle. Ce furent de véritables massacres organisés par les compagnies de chasseurs de loups qui commencèrent à exploiter la région à la fin du XVIIIe siècle. Les Haush avaient très peur si bien que lorsqu’ils voyaient un navire à l’horizon, ils fuyaient et étaient pris pour cible par les navigateurs qui « s’ennuyaient », ce à plusieurs reprises. Lorsque ces compagnies de chasseurs sont parties, la région est devenue inhabitée.

En 1899, Lucas Bridges ne comptait plus qu’une soixantaine de Haush.

En 1910, Antonio Coiazza expliquait qu’il ne restait plus qu’une famille haush.

Le coup final porté aux Haush et aux Selk’nam fut une épidémie de rougeole dans les années 1920 qui élimina de fait les individus restants.

La dernière cérémonie du hain eut lieu en 1923. Elle a pu être enregistrée sur film par Martin Gusinde grâce à qui nous avons tous les détails de cette cérémonie incroyable et les images.

Antonio Tonelli affirme en 1926 ne connaître qu’une seule personne.

En 2001, l’anthropologue brésilien Walter Neves publie une étude de 5 crânes haush obtenus en 1984 lors des fouilles dans la baie de San Valentin.

Après le génocide, les survivants Haush et Selk’nam se sont rassemblés autour du lac Fagnano au sud de la Grande Ile.

 

Cérémonies, rituel

 

Nilson (photographié en 1913) Martín Gusinde) peints pour le Hain. (source image)

La vie cérémonielle était riche et complexe, comportant des éléments de théâtre dramatique.

Le rituel le plus important était le hain, le rite d’initiation à l’âge adulte des garçons.

Une autre célébration comprenait un échange de cadeaux, ce rituel s’appelait peshere.

 

Artisanat

 

En raison de leur isolement géographique et de la nature défavorable de leur habitat extrêmement froid et  humide, venteux et disposant de peu de ressources naturelles, le développement de techniques artisanales a été très limité. Leur technique était rudimentaire aussi bien dans la construction de leurs huttes que dans l’utilisation de la poterie pour faire des récipients ou de la vannerie très élémentaire.

Ils fabriquaient des canoës monoxyles plus simples que ceux des Yaghans et des Kawésqar.

 

Les descendants

 

Des descendants Haush et Selk’nam vivent en Terre de feu, il s’agit de la communauté Rafaela Ishton dont le chef qui s’identifiait comme Haush était Antonio Norberto Vera Illigoyen décédé en 2012 à l’âge de 90 ans.

Son fils, Horacio Eugenio Vera est membre du conseil éducatif autonome des peuples autochtones du gouvernement en tant que membre de la nation Haush.

 

Sources : wikipédia en espagnol, pueblos originarios.com, elbibliote.com, waikowhai2.wordpress.com

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Argentine, #Peuples originaires, #Haush

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