Pérou : L'Aidesep alerte sur le manque de traçabilité de l'or

Publié le 20 Décembre 2024

Publié : 17/12/2024

Source image : Aidesep.

Servindi, 17 décembre 2024.- La principale organisation indigène amazonienne du Pérou a alerté les ambassades des pays acheteurs d'or péruvien sur le manque de traçabilité de ce minéral et son lien étroit avec la destruction des territoires indigènes.

En envoyant des lettres aux ambassades au Pérou de la Suisse, des États-Unis, de l'Inde et de l'Arabie Saoudite, l'Association interethnique pour le développement de la selva péruvienne (AIDESEP) a exprimé sa préoccupation face aux achats d'or effectués par des entreprises de ces pays.

Ces pays constituent les principaux marchés pour les minéraux péruviens, malgré de sérieuses questions sur les lacunes réglementaires en matière de traçabilité.

L'organisation indigène rejette publiquement la poursuite de cette commercialisation et exige la suspension des achats jusqu'à ce qu'une traçabilité adéquate soit garantie.

Il faut s’assurer que l’or exporté ne provienne pas d’activités minières – qu’elles soient légales, informelles ou illégales – qui détruisent les territoires indigènes et les écosystèmes de l’Amazonie péruvienne. 

L'AIDESEP indique que la fragilité du biome amazonien "ne supporte ni la suppression des berges, ni la modification des lits et cours des rivières, ni la gigantesque pollution générée par le mercure et le pétrole".

Le manque de traçabilité de l'or s'exprime dans le fait que la certification de l'origine de l'or incombe aux producteurs eux-mêmes et non à l'État péruvien.

Il leur suffit par exemple de présenter une simple déclaration sur l’honneur sur l’origine du métal et d’affirmer qu’ils ne sont pas liés au blanchiment d’argent.

Ce scénario facilite des pratiques illégales telles que le commerce illicite de l'or et le mélange d'or illégal avec de l'or apparemment légal, comme l'ont révélé  des enquêtes journalistiques .

Plaidoyer auprès des ambassades

Dans les lettres envoyées depuis le 18 novembre, l'AIDESEP a également interrogé ces ambassades sur les mesures adoptées par leurs pays pour garantir que l'or péruvien acquis ne provienne pas de la destruction de territoires indigènes ou de violations des droits de l'homme.

Les lettres s'inscrivaient dans le cadre de la Journée nationale d'action : « Amazonie libérée de l'exploitation minière et de l'extractivisme », une série d'initiatives menées à Lima et dans les territoires indigènes, visant à rendre visible l'impact destructeur de l'exploitation aurifère.

Les lettres envoyées aux ambassades comprenaient également une demande de réunion urgente avec une délégation de dirigeants indigènes, représentants des peuples touchés par l'exploitation de l'or alluvionnaire.


Aidesep a invoqué la Convention de Minamata sur le mercure

Malgré le gros effort logistique déployé pour atteindre Lima, ils n'ont pas été reçus, contrairement à d'autres ambassades et organisations supranationales, comme celles du Canada et de la France, ainsi que de l'Union européenne au Pérou.

Ces représentations diplomatiques ont montré leur volonté de discuter des actions visant à atténuer la crise générée par l'exploitation aurifère en Amazonie péruvienne.

La préoccupation exprimée par les dirigeants autochtones est que les déficiences de la réglementation étatique sont exploitées par l'exploitation minière illégale, une situation aggravée par la complicité des fonctionnaires et de la police impliqués dans ces activités.

Le problème touche gravement divers peuples autochtones, comme le peuple Wampis, représenté par le Gouvernement Territorial Autonome de la Nation Wampis (GTANW).

Impi Rojas Wachapa, l'un de ses porte-parole, l'a présenté lors des actions publiques menées dans le cadre de la Journée nationale d'action.

Dans son discours, il a expliqué que le GTANW a déposé,  en avril de cette année , une plainte formelle auprès du Ministre de l'Intérieur du Pérou, mettant en garde contre la collaboration de certains agents de police avec des activités minières illégales dans le rio Santiago.

Ce n'est pas la première fois que l'AIDESEP et les autonomies indigènes abordent cette question.  Dans un document public publié en octobre de cette année , ils ont exhorté les ambassades de ces pays à suspendre les importations d'or péruvien jusqu'à ce qu'un système de traçabilité fiable soit mis en place .

« Si les pays acheteurs ne prennent pas de mesures immédiates, ils deviennent complices par inaction de cet écocide et ethnocide amazonien », souligne le texte. 

Il convient de noter que la demande adressée à la Suisse, aux États-Unis, à l’Inde et à l’Arabie Saoudite de démontrer qu’ils achètent de l’or sans provoquer ladite destruction est l’une des 16 revendications indigènes face à la dévastation minière en Amazonie.

D'autres revendications incluent l'appel à une mission des Nations Unies au titre de la Convention de Minamata pour enquêter sur la pollution au mercure générée par l'extraction de l'or dans la région amazonienne et ses impacts.

La désignation d'une mission de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, connue sous le nom de Convention de Palerme , est également demandée pour enquêter sur la criminalité transnationale liée à l'exploitation de l'or en Amazonie péruvienne.


Aidesep invoque la Convention de Palerme pour qu'une commission soit créée au Pérou.

Accédez aux courriers envoyés aux ambassades via le lien suivant :

https://goo.su/jpJm7z

traduction caro d'un article de Servindi.org du 17/12/2024

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