Guatemala : Le peuple Chajomá

Publié le 30 Novembre 2024

Mixco Viejo (jilotepeque Viejo) capitale du royaume Chajoma By Simon Burchell - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5763334

Mixco Viejo (jilotepeque Viejo) capitale du royaume Chajoma By Simon Burchell - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5763334

Peuple Maya de langue kaqchikel se développant à la période postclassique, de 900 jusqu’à la conquête espagnole.

Ils ont établi un vaste royaume dans les hautes terres du Guatemala.

Selon les chroniques des peuples K’iche’ et Kaqchikel, il y avait 3 royaumes principaux dans les hautes terres au postclassique : le royaume K’iche ‘, le royaume Kaqchikel et le royaume Chajomá. (Colline, 1998).

Los anales de los Cakchiqueles désignent les Chajomá de Jilotepeque Viejo comme les Akaj al virek , dans le Pop Wuh ils peuvent être identifiés comme les Akul Vinak. Les 2 noms signifient « le peuple des abeilles » ou « le peuple des ruches ».

Le nom chajomá = peuple de l’ocote (une sorte de pin).

A la période coloniale ce nom a été traduit en nahuatl par Sacatepec (montagne d’herbe) ce qui conduira à Sacatepéquez, son nom hispanisé actuel.

A son apogée, le royaume Chajomá couvrait une superficie de 500/1000 km2 délimité au nord par le rio Motagua, à l’est par le rio Las Vacas, par San pedro Ayampuc au SE, le rio Chalcayá au SO et le rio Quisayá à l’ouest.

Au sud, leur royaume bordait celui des Poqomam (capitale Chinautla viejo qui a été identifiée comme Mixco Viejo dans les archives coloniales).

A l’ouest, c’était le royaume Kaqchikel basé à Iximché.

Le territoire chajomá comprenait le tiers nord de l’actuel département de Guatemala comprenant à la fois la zone tempérée des hauts plateaux au sud et les basses terres plus chaudes dans la vallée de Motagua au nord. Les meilleures terres pour l’agriculture se trouvaient dans la partie sud montagneuse du territoire chajoma, c’est là où à la période classique que les colonies seront concentrées.

La capitale du royaume chajomá était située sur le site archéologique actuel connu sous le nom de Mixco Viejo qui était connu des Chajomá comme Chuwapek Qeqakojol nima abd et Nimcakajpec. Les autres sites archéologiques associés au royaume Chajomá à la période postclassique sont El Horno, Las Vegas, El Ciprés, Pueblo Viejo, Jilotepeque Viejo, Chuisac, La Merced, Chuabaj, Chiboló et Sacul.

Seuls El Horno, El Ciprés, Las Vegas et Sacul peuvent être considérés comme des colonies importantes.

D’après le nombre de sites archéologiques on estime qu’au cours de la période postclassique, la population du royaume Chajomá atteignait 15.000/20.000 habitants répartis entre 15 à 20 clans.

14 clans auraient survécu à la conquête espagnole dont 10 répartis entre San Pedro Sacatepéquez et San Juan Sacatepéquez, 4 concentrés à San Martín Jilotepeque.

Les survivants des groupes les moins importants auraient été absorbés dans les clans plus grands.

Les dirigeants connus du royaume Chajomá sont :

Lajuj No’j (vers 1450/1480, nom alternatif Ichalkan Chi kubwat, ychal amollec, Chicumcuat)

Achi Q’alel (début du XVIe siècle).

 

Histoire

 

Les documents autochtones décrivent comment les ancêtres des Kaqchikeles et des K’che’ sont arrivés à un lieu mythique appelé Tulan, puis sont partis après un certain temps et ont erré jusqu’à leur installation dans les hautes terres du Guatemala.

Les recherches archéologiques suggèrent que les ancêtres des Chajomá et d’autres peuples k’ichean y compris les K’iche’, les Kakchiquel et les Tz’utujil occupaient déjà les hautes terres guatémaltèques à l’époque classique.

Un document colonial Titulo de los de San Martín Jilotepeque écrit en 1555 relate l’histoire des mouvements des Chajomá et de leurs dirigeants. Ce même document a été utilisé pour prouver que le site archéologique de Mixco Viejo était en réalité la capitale Chajomá et non celle des Poqomam comme on le croyait auparavant.

Période postclassique

►1524 : quand les conquistadors les trouvent, les Chajomá disent que cela fait peu de temps qu’ils sont sur ces terres et qu’ils étaient originaires de Zacualpa et Joyabaj. De Zacualpa, ils auraient commencé à se déplacer vers le sud, le sud-est et le sud-ouest vers 1400 après JC. Leur migration semble avoir été rapide et organisée, ils ont très vite établi des sites pour défendre les frontières de leur nouveau territoire.

►Les Chajomá se seraient mariés avec le clan Xpantzay de la branche principale des Kachikel lorsqu’ils occupaient le site d’Ochal (site archéologique actuel de Chuisac à 2 km de San Martín Jilotepeque). Ils auraient fourni aux Xpantzay des épouses de leur classe aristocratique selon le Testamento de los Xpantay.

►Selon les Anales de los Cakchiqueles , Ochal était devenue vers 1410 une ville Chajoma. Il semble que, provoqués par l'expansion agressive du royaume de Q’umarqaj , les Chajoma aient abandonné leur ancienne capitale de Zacualpa lorsque Ochal fut évacuée par les Xpantzay, qui prétendaient avoir quitté Ochal pour servir le roi quiche Q'uq'umatz avec d'autres groupes Kaqchikel.

Au XVe siècle, Ochal (connu des Chajoma sous le nom d' Och'al Kab'awil Siwan ) devint la nouvelle capitale Chajoma.

Vers 1425, les Quiché de Q'umarkaj s'emparèrent de l'ancienne capitale Chajoma en grande partie abandonnée à Zacualpa.

►1450 : le seigneur Chajomá Lajuj No’j avec l’aide des Kakchikel réprime la rébellion de vassaux le long  du rio Montana. Suite à cette rébellion, ce seigneur quitte sa capitale d’Och’al’kab’awil siwan et la déplace à Saquik’ajol kaqapek (Jilotepeque Viejo le site archéologique connu sous le nom actuel de Mixco Viejo).

►L’alliance des Chajomá avec les Kaqchikel devient plus puissante jusqu’à ce que les Kaqchikel se retournent contre Lajuj No’j et vainquent les Chajomá.

►Ceux-ci étaient par ailleurs impliqués dans des guerres avec leurs voisins Quichés, Kachiqel et Poqomam.

►Fin du XVe siècle : sous le règne de Lajuj No’j, les Kaqchikel prennent des villages Chajomá au nom de leurs suzerains Quichés et repoussent la frontière entre les 2 royaumes vers l’est. Lajuj No’j est assassiné avec une grande partie de son entourage à Iximché, la capitale des Kaqchikel, vers 1480.

►Avant la conquête espagnole, les Chajomá payèrent peut-être des tributs aux Kaqchikel d’Iximché mais ils n’y furent pas complètement soumis.

1493 : les seigneurs d’Iximché jugèrent en faveur des Chajomá dans un conflit foncier entre ceux-ci et le clan Tukuche des Kaqchikel ce qui pousse Tukuche à se rebeller contre leurs dirigeants et aboutira à leur expulsion d’Iximché.

►Peu de temps avec la conquête espagnole, les Chajomá sous le seigneur Achi Q’alel se rebellent contre les Kaqchikel d’Iximché. Ils occupent alors les municipalités modernes de San Martín Jilotepeque, Santo Domingo Xenacoj, San Pedro Sacatepéquez, San Juan Sacatepéquez, San Raimundo, Chuarrancho, San Pedro Ayampuc et la partie nord de Chinautla.

►Il n’existe pas de sources directes décrivant la conquête espagnole des Chajomá mais il semble qu’il se soit agit d’une campagne prolongée plutôt qu’une victoire rapide.

►Après la conquête espagnole, les habitants de la partie orientale du royaume sont relogés par les conquérants à San Pedro Sacatepéquez y compris des habitants du site connu aujourd’hui comme Mixco Viejo. Le reste de la population est déplacé à San Martín Jilotepeque.

1526 : les Chajomá se rebellent contre les espagnols et livrent une bataille à Ukub’il, un site non identifié.

Durant la période coloniale, la plupart des survivants Chajomá sont sédentarisés de force dans des villes comme San Juan Sacatepéquez, San Martin Jilotepeque par la politique espagnole de congregaciones.

Après la réinstallation dans les nouvelles villes, des Chajomá retournent dans leurs centres d’avant la conquête et créent des colonies formelles et provoquent des hostilités avec les Poqomam de Mixoc Viejo et Chinautla le long de l’ancienne frontière.

Les descendants des Chajomá sont probablement présents au sein du peuple Kaqchikel dans les villes citées plus haut, très certainement à Chuarrancho comme le mentionne ces articles de Prensa Comunitaria qui font état de communautés Mayas Kaqchikel-Chajomá.

 

Sites archéologiques du peuple Chajomá :

 

 

Articles complémentaires

https://prensacomunitaria.org/2021/11/autoridades-indigenas-buscan-recuperar-tierras-ancestrales/

https://prensacomunitaria.org/2021/04/no-es-solo-por-nosotros-es-por-el-futuro-de-nuestros-hijos-y-de-las-futuras-generaciones/

 

 

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