Les inondations en Espagne et le déni climatique

Publié le 3 Novembre 2024

1 novembre 2024

La ville espagnole de Valence a été secouée par un phénomène météorologique extrême, qui a fait l'actualité mondiale. Les rues se sont transformées en rivières, des pertes économiques se chiffrant en millions de dollars et plus de 200 morts. Les causes sont liées au changement climatique, au modèle économique, à la combustion des énergies fossiles et au déni climatique.

Photo : Manu Fernández / AP

OPINION

Par Silvia Oliviero Ghietto*

Les crues éclair « extraordinaires », comme l'a noté l'Agence météorologique espagnole, dans une vaste zone du sud et de l'est de l'Espagne (de Malaga à Valence), ont emporté des voitures, transformé des rues en rivières, coupé des voies ferrées et des autoroutes, effondré des ponts. et des maisons, et a causé la mort d'au moins 200 personnes dans la pire catastrophe climatique qu'ait connue la nation européenne de mémoire récente.

La crise climatique annonce comme un « glas», des événements de plus en plus dévastateurs et un nombre toujours plus grand de victimes, que les temps de l'extinction de l'humanité ont commencé. Paraphrasant Ernest Hemingway qui se demandait « Pour qui sonne le glas ? », aujourd’hui, il sonne pour nous tous.

"La combustion de combustibles fossiles et l'utilisation inégale et non durable de l'énergie et des terres depuis plus d'un siècle ont provoqué un réchauffement climatique de 1,2°C au-dessus des niveaux préindustriels. En conséquence, des événements météorologiques extrêmes se produiront plus fréquemment et plus intensément et génèreront des impacts de plus en plus dangereux sur la nature et les populations dans toutes les régions du monde », avertissait le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) en mars 2023.

Cependant, si l’on lit la façon dont les responsables et les principaux médias traitent l’événement, nous voyons à quel point la désinformation et le déni climatique deviennent évidents.

Photo : Manu Fernández AP

Tandis que ceux qui en subissent les conséquences, avec la perte de biens, de maisons et de membres de leur famille, déclarent dans des interviews qu'ils n'ont jamais vécu quelque chose de similaire et l'associent au changement climatique, les scientifiques spécialisés dans les questions climatiques s'expriment de la même manière. Mais leurs propos ou opinions sont rendus invisibles ou écrits « potentiellement » pour alimenter le doute dans la société.

Des événements météorologiques similaires se sont produits cette année dans le Rio Grande do Sul (Brésil) et en Californie (États-Unis), communément appelés « bombes à eau ». Il faut tout d'abord différencier le phénomène météorologique connu et son exacerbation du fait du réchauffement climatique. Au cours de la dernière décennie et particulièrement en 2023 et 2024, avec des records de chaleur historiques dans le sud de l'Europe, la température de surface de la mer Méditerranée a augmenté de manière presque exponentielle, devenant la plus élevée au monde, et cette interaction entre la surface chaude de la mer et la température élevée de l'atmosphère, déclenche la DANA (Isolated Depression at High Levels, nom technique du phénomène extrême).

D’autre part, cette région d’Espagne connaît des sécheresses extrêmes et prolongées, qui font perdre aux sols leur perméabilité et leur capacité à absorber les précipitations.

Tout cela est la conséquence sans équivoque du changement climatique décrit depuis des décennies par la science et annoncé dans le dernier rapport du programme Copernicus de l'Union européenne.

Anomalies de température de l’air en surface en Europe entre juin et août 2024

Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lors du Sommet Ambition Climat 2023, a été clair : « L'humanité se dirige vers une augmentation de la température de 2,8 °C, ce qui augmente le danger et l'instabilité. Avec l'accélération des événements météorologiques extrêmes.

Il est essentiel de rappeler que la crise climatique trouve son origine dans le modèle économique hégémonique, basé sur la combustion de combustibles fossiles et le changement d’utilisation des terres.

Mais les gouvernements et les médias complices du capital fossile (pétrole, charbon, gaz) n'écoutent pas, ils déforment l'information, ils parlent des événements météorologiques comme « de la tempête », mais pas de son origine. Ils nient la crise climatique avec des arguments faux et irrationnels, car, comme le dit Gustavo Petro, président de la Colombie : « Le dollar vaut plus que la vie ».

Température quotidienne de surface de la mer Méditerranée 2023-2024

*Master en Chimie et Environnement. Professeur de la Chaire « Environnement, Science et Technologie en Amérique Latine » à l'UNDAV, et titulaire d'un Master en Ingénierie de l'Environnement à l'UTN. Collaboratrice du Groupe latino-américain de l'Organisation météorologique mondiale.

traduction caro d'un article paru sur Agencia tierra viva le 01/11/2024