COICA sur la COP16 : avancée historique et appel à la cohérence
Publié le 7 Novembre 2024
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Publié : 11/05/2024
Même si la COP16 n’a pas pu se conclure comme prévu, son déroulement a montré à la fois les progrès et les profondes inégalités qui persistent dans la gouvernance mondiale. La COICA célèbre la création du nouvel organe subsidiaire comme un triomphe pour les peuples autochtones, mais réitère sa demande de justice et d'équité dans les mécanismes financiers.
COP16 : Une avancée historique pour les droits des peuples autochtones et un appel urgent à la cohérence et à la justice
Par la Coordination des Organisations Indigènes du Bassin Amazonien (COICA)
Coica, 5 novembre 2024.- La COP16, qui s'est tenue à Cali, en Colombie, restera dans les mémoires comme un moment historique dans la lutte pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones et des communautés locales à la préservation de la biodiversité.
Cependant, l’esprit de collaboration et de justice qui devrait guider ces rencontres a été assombri par la position de plusieurs pays développés, qui ont bloqué la discussion sur un fonds spécifique pour la biodiversité, réclamé depuis plus de trois décennies.
De la part de la Coordination des Organisations Indigènes du Bassin Amazonien (COICA), nous exprimons notre rejet et dénonçons cet acte d’incohérence et de manque d’engagement envers les pays du Sud.
Une réalisation historique : la création de l’Organe subsidiaire de l’Article 8J
Malgré les défis, l'une des étapes franchies lors de cette COP16 a été la création d'un organe subsidiaire pour l'application de l'article 8J de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Cet espace, fruit d'une lutte de plus de 26 ans, assure aux peuples autochtones et aux communautés locales une place à la table des décisions sur la biodiversité.
Avec cet organe, les peuples autochtones auront non seulement une voix, mais seront également en mesure de formuler des recommandations et des conseils au Conseil des Nations Unies sur les questions qui relèvent de l'article 8j, renforçant ainsi la reconnaissance de leurs savoirs traditionnels et de leur rôle indispensable dans la conservation des la biodiversité mondiale.
La création de cet organe subsidiaire marque un précédent dans l'histoire des accords multilatéraux sur l'environnement, renforçant l'engagement de la communauté internationale en faveur de l'inclusion des peuples autochtones.
Cet organe rejoint les deux autres organes subsidiaires de la CDB – l’organe consultatif scientifique et l’organe de mise en œuvre –, permettant d’intégrer les connaissances et pratiques traditionnelles des peuples autochtones dans l’évaluation et la mise en œuvre des accords sur la biodiversité.
Cette réalisation répond au mandat de l'article 8J, qui promeut le respect et la préservation des pratiques et des savoirs des communautés autochtones, reconnaissant leur rôle fondamental dans la protection de la diversité biologique.
Selon les mots de Camila Paz Romero, porte-parole autochtone :
« Il s’agit d’une occasion sans précédent dans l’histoire des accords multilatéraux sur l’environnement. Les peuples autochtones et les communautés locales du monde, connectés par nos systèmes de connaissances au service de la vie et de la biodiversité, se souviennent du long chemin que nous avons parcouru dans le cadre de cet accord. »
La suspension de la COP16 : une décennie de promesses vides et la continuité du déséquilibre mondial
La clôture de la COP16 a été marquée par un obstacle majeur : l'absence d'accord pour créer un fonds spécifique pour la biodiversité, mécanisme réclamé par les pays en développement depuis la Conférence de Rio en 1992. Ce fonds est indispensable pour mettre en œuvre les décisions de la COP et atténuer les effets néfastes de la biodiversité. crise de la biodiversité.
Le manque de cette ressource met en évidence une tendance récurrente des pays développés, qui bloquent les décisions nécessaires au progrès du Sud global, sous prétexte de « pressions fiscales » et de « manque de justification pour les contribuables ».
À la COICA, nous rejetons catégoriquement cette attitude, qui est non seulement incongrue avec les engagements climatiques de ces pays, mais reflète également une pratique colonialiste renouvelée et une vision de contrôle sur les pays en développement.
La COP16 a été suspendue faute de consensus sur la création de ce fonds, qui permettrait de répartir équitablement les ressources destinées à la conservation de la biodiversité.
Ce fonds devait être géré dans le cadre de la COP, plutôt que de continuer à dépendre du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), un mécanisme intérimaire largement contrôlé par les pays développés, avec un système de gouvernance qui exclut de facto de nombreuses voix du Sud.
Ce déséquilibre perpétue une situation d’injustice, dans laquelle le Nord prend des décisions cruciales sans permettre une participation équitable des pays du Sud, qui abritent la plus grande richesse biologique et sont directement touchés par sa dégradation.
Un appel à la cohérence et à la justice internationale
La position des pays développés est un affront aux principes d’équité et de justice climatique, nécessaires pour faire face aux défis de la perte de biodiversité. Il s’agit d’une incohérence palpable : alors que ces pays exigent des objectifs ambitieux en matière de préservation de l’environnement, ils bloquent les ressources essentielles aux pays en développement pour atteindre ces objectifs.
Il est inacceptable que le discours environnemental des pays riches promeuve des objectifs ambitieux tout en continuant à nier les moyens de les atteindre. L’exigence de transparence, de justice et d’équité dans les mécanismes de financement est fondamentale pour garantir que tous les pays, en particulier ceux du Sud, puissent se conformer aux décisions adoptées lors de la COP.
Ce comportement d'obstruction et de contrôle, qui agit comme un nouveau type de colonialisme, est une manifestation de la résistance des pays développés à reconnaître et à remédier aux déséquilibres de pouvoir et de ressources qui existent au niveau mondial.
Cet effort constitue non seulement un pas vers la justice climatique, mais également vers une politique internationale cohérente dans laquelle les connaissances et la participation des peuples autochtones jouent un rôle central.
Nous continuerons de prêter attention aux mouvements dans la gouvernance mondiale de la biodiversité et des ressources naturelles, en défendant le droit de nos peuples à l’autodétermination et à un avenir durable. Notre appel est clair : la responsabilité de préserver la biodiversité et de faire face au changement climatique appartient à tous, et les pays développés doivent agir avec l’engagement qu’ils exigent des autres.
En conclusion, même si la COP16 n’a pas pu se conclure comme prévu, son déroulement a montré à la fois les progrès et les profondes inégalités qui persistent dans la gouvernance mondiale. Depuis la COICA, nous célébrons la création du nouvel organe subsidiaire comme un triomphe pour les peuples autochtones, mais nous réitérons notre exigence de justice et d'équité dans les mécanismes financiers. La protection de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique doivent être une tâche partagée, dans laquelle chaque pays assume sa responsabilité avec cohérence et un réel engagement.
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Source : Publié par COICA sur son portail institutionnel : https://coicamazonia.org/cop16-un-avance-historico-para-los-derechos-de-los-pueblos-indigenas-y-un-llamado-urgente-a-la-coherencia-y-la-justicia-global/
traduction caro d'un communiqué paru sur Servindi.org le 05/11/2024
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COICA: Avance histórico y llamado a la coherencia
La COICA celebra la creación del nuevo órgano subsidiario como un triunfo de los pueblos indígenas, pero reitera su exigencia de justicia y equidad en los mecanismos financieros.