Philippines : Le peuple Manobo

Une fille Manobo exécutant une danse pendant le festival Kahimunan à Butuan City, Caraga, Philippines By Herbert Kikoy - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=87038648

Peuple autochtone des Philippines qui vit dans les régions montagneuses de l’île de Mindanao.

Leur origine remonterait aux premiers peuples malais venus des îles environnantes de l’Asie du Sud-Est. Au niveau génétique, les Manobos possèdent un mélange de Denisovan et une ascendance austro-asiatique.

Population : 644.904 personnes (2020)

Les différents noms : manubu, manuvu, ubo, ubu, ata-manubu, bagobo

Langue : manobo, groupe grand philippin central, lui-même un sous-groupe de la famille des langues austronésiennes. Ils utilisent aussi le tagalog (langue philippine de la branche malayo-polynésienne) et le cebuano (langue bisayas parlée dans la province philippine de cebu ainsi que dans d’autres provinces).

Ils font partie de l’ensemble dit Proto-Malais.

C’est un peuple qui a souffert du conflit dans les années 1975 à 1989 qui a eu lieu entre la guérilla communiste et les forces armées. Ils ont été victimes de massacres, de déplacements forcés, de militarisation des terres ainsi que d’une atteinte à leur environnement naturel.

Ils sont confrontés à la présence de nombreux migrants sur leur territoire qu’ils essaient de contenir.

Femmes en robe traditionnelle Manobo (Festival Kaamulan 2017, Bukidnon, Philippines) By Constantine Agustin - https://www.flickr.com/photos/biagkensiak/36636563901/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=75781817

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/99/Philippines_carte.png

Territoires

Ils occupent les zones centrales de l’île Sarangani, à Mindanao (provinces d’Agusan del Sur, Davao, Bukidnon, Cotabato du nord et du sud, Misamis).

Les 8 sous-groupes sont :

►Manobo de Cotabato

►Manobo d’Agusan

►Manobo Dibabawon

►Manobo Matig Salug

►Manobo de l’île Sarangani

►Manobo de l’ouest de Bukidnon

►Oto Manubu

►Manobo Tagabawa

Seuls les dialectes différencient ces 8 sous-groupes ainsi que certains aspects de leur culture qui proviennent de la séparation géographique. Les groupes sont liés par leur nom, des divisions politiques.

Le Datu Manib, un bagani des Manobo, avec sa famille, ses disciples et deux missionnaires (vers  1900 ) By Frederic H. Sawyer - The Inhabitants of the Philippines (1900), Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=68957353

Les villages

Ils sont construits traditionnellement près de petits plans d’eau ou des clairières forestières ou encore sur des collines. Les communautés sont petites, 4 à 12 maisons seulement.

Société

C’est une société basée sur la primogéniture, la transmission des dettes et la vengeance avec autrefois la présence de vendettas qui pouvaient s’élargir en des guerres entre groupes.

La société était nettement stratifiée, venait tout d’abord le chef politique local (datu), le ou les chefs de guerre (bagani), les gens du peuple, les « demi-esclaves » et les esclaves.

Le système de parenté est bilatéral*, ils sont endogames*, uxorilocaux*, parfois polygames et pratiquent le lévirat* et le sororat*. Dans cette société patriarcale, le chef de famille est le mari

Les mariages sont arrangés et il convient d’apporter une compensation matrimoniale aux parents de la mariée (porcs, machettes, lances) ; le futur époux peut mettre des années à amasser de l’argent pour ce paiement. Chaque mariage ou négociation en vue d’un mariage doit avoir la participation du datu, le chef local afin qu’il prenne toutes les dispositions.

Guerriers Manobo à Davao enrôlés pour aider à trouver et arrêter des bandits (vers 1917) By Townsend, Henry S. - Townsend, Henry S. (1917). Primary Geography. American Book Company., Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=84238418

Ressources

L’agriculture sur brûlis (riz, tubercules comme produits traditionnels et maintenant manioc, patate douce, banane…).

Le système agricole des Manobo est le kaingin, une procédure par laquelle les champs sont laissés en jachère pendant une certaine période afin de laisser le temps de régénérer la zone et déplacer les cultures.

Ce système est aujourd’hui remis en question chez certains Abu Manubu qui y ont mis un terme car il s’avère non durable. Il est donc interdit et une éducation des habitants a été mise en place par la discussion et les alternatives comme le ramassage du bois d’arbres tombés, des brindilles d’arbres envahissants ou des épis de maïs pour faire du charbon de bois.

Artisanat

Le tissu traditionnel pour les vêtements était l’abaca (ou chanvre de Manille) tissé selon le procédé ikat. Aujourd’hui il s’agit du coton obtenu par le commerce. Les teintures sont obtenues à partir de plantes et d’arbres.

Les ginuwatan sont des motifs représentatifs tissés tels que des fleurs. Les couleurs typiques qui sont utlisées sont rouge, noir, jaune, vert, bleu et blanc.

Les ancêtres manobo avaient des couvertures en fibres d’abaca appelées linetungan avec des motifs multicolores et appelées bayas quand elles étaient blanches.

Piège à poisson traditionnel Manobo sans couvercle (Bukidnon, Philippines) By Obsidian Soul - Own work, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=66299958

Religion

La religion manobo a des entités bénéfiques (diwata) et d’autres hostiles (busaw) ainsi que des esprits territoriaux. Ils vénèrent un culte aux ancêtres. Ils croient en plusieurs dieux dont la figure centrale est Diwata (dieu).

Le guérisseur (bailan) assure les rituels du cycle de la vie. La société se tourne de plus en plus vers le christianisme.

Le peuple Obu-Manuvu

Julito Ahao (à droite) avec un chercheur philippin sur les aigles en 1986. Image reproduite avec l'aimable autorisation de la PEF. Mongabay

17.000 personnes

Sous-tribu de Manobo qui est issue de mariages mixtes entre Manobo (ou Bagobo) Klato et Manobo Tagabawa.

Ils sont situés dans 3 provinces : le sud de Mindanao, le NE de Cotabato et le NE de Davao.

Croyances : Ils croient que Monoma a donné ces terres à leurs ancêtres pour qu’ils en prennent soi.

Tous les membres de la famille, du clan ou de la tribu doivent être d’accord pour les travaux de construction d’une maison, son style et sa représentation ainsi que pour déclarer quelque chose comme étant sacré comme la forêt dont l’espace est protégé en tant que « pusaka (lieu sacré) », les systèmes aquatiques, les montagnes, les terrains de chasse, les rivières, les forêts, les falaises. Mais également les grottes, cimetières, caches, points de repère, pentes peuvent être des lieux saints. En effet, ces lieux ont été parcourus par leurs ancêtres, ils ont pu être des champs de bataille où les héros tribaux ont combattu les forces du mal qui tentaient d’envahir leurs terres.

pithécophage des Philippines (banog) Par Harrybalais — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2886625

Des animaux aussi sont sacrés et revêtent une importance culturelle et historique pour la tribu : l’emblématique aigle ou pithécophage des Philippines (banog en langue visayan, pitecophaga jefferyi)), le cerf brun des Philippines (cervus mariannus), le sanglier, la civette palmiste, des singes et des calaos dont le calao tarictic (penelopides panini) le pic, la civette malaise, des colombidés comme le phapitréon à oreillons blancs (phapitreron leucotis) et le ptilope batilde (ptilinopus occipitalis).

Ces lieux, ces animaux entrent dans le cadre d’épopées et légendes comme celle où Apo Tuwaang a tué et fait ressusciter un énorme oiseau qui a juré de le servir et le protéger pour le reste de sa vie. La description faite de ce grand oiseau ressemble fortement à l’aigle des Philippines.

Les Obu sont connus pour leur moulage complexe, la fabrication d’armes et de bijoux raffinés qui possèdent une âme selon eux. Ce qui rend difficile pour le fabricant de s’en séparer.

Quelques définitions sur la parenté

►Endogamie : obligation pour les membres de certaines tribus de se marier dans leur propre tribu (le contraire est l’exogamie)

►Uxorilocalité : système sociétal dans lequel le couple marié réside avec la famille ou les proches de la mariée.

►Système de parenté bilatéral : les enfants appartiennent au côté paternel et au côté maternel de la famille

►Lévirat : forme d’alliance qui signifie la reprise en mariage de l’épouse du frère défunt par un de ses frères, le plus souvent le cadet.

►Polygamie : fait d’être marié à plusieurs conjoints, soit pour un homme (polygynie) soit pour une femme (polyandrie) ; organisation sociale légitimant de telles unions.

►Sororat : Système matrimonial selon lequel un veuf peut ou doit se remarier avec la sœur de son épouse défunte

Sources : equatorinitiativa.org (pour la partie sur les Obu-Manuvu ; philchm.ph ; etnicgroupsphilippines.com ; bukidnon.gov.ph

Dictionnaire Larousse des peuples de JC Tamisier

Articles complémentaires

Un chef tribal consacre sa vie à la protection de l'oiseau national des Philippines, une espèce en danger critique de disparition 

VIDEO Les Obo Manobo dansent en utilisant leurs instruments de musique indigènes appelés Kudlong et Saluray.

Dictionnaire obo-manobo