Moyen-Orient : Les Doms

Publié le 31 Octobre 2024

 

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Les Doms

 

Peuple indo-aryen qui vit au Moyen-Orient et dans d’autres pays ainsi qu’en Inde. Ils forment la branche orientale des Roms et sont apparentés aux Loms du Caucase.

Après l’installation de ce peuple nomade en Europe, ils sont devenus chrétiens et reconnus aujourd’hui sous le nom de Roms ou Loms et au Moyen-Orient où ils ont adopté l’islam, ils sont nommés Doms ou Domaries.

Le mot dom veut dire homme.

Les pays du Moyen-Orient qui comportent des communautés Doms sont : Egypte, Iran, Irak, Syrie, Kurdistan, Jordanie, Palestine, Israël, Turquie, Arabie Saoudite, Koweït, Emirats Arabes Unis.

Ils s’identifient dans ces pays comme des citoyens au même titre que les habitants des pays dans lesquels ils vivent. En raison de leurs déplacements fréquents, les communautés doms sont souvent multilingues parlant 2, parfois 3 langues différentes, la langue domari, la langue du pays et parfois la ou les langues de communautés autochtones avec lesquels ils partagent les mêmes conditions de vie.

Les noms qui leur sont donnés au-delà du terme gitan qui est le plus commun et les incluent tous au Moyen-Orient :

Nawar, Zott, Ghajar, Bareka, Beni Murra, Gaodari, Krismal, Qarabana, Karaçi, Abdad, Asiret, Qurbet, Mitrip, Gewende, Posa, Abdal, Tanjirliyah, Haddadin, Haciye, Arnavut, Halebi, Haramshe, Kaoli.

Ces noms font référence à l’origine de la tribu ou de la profession de la communauté, sachant que certains noms ont des épithètes péjoratives.

Je ne parlerais pas de chiffres globaux sur les populations dans cet article sur les Doms, car il n’y a pas de sources très fiables et les Doms sont souvent obligés de dissimuler leur identité en raison des discriminations dont ils sont, partout, victimes.

 

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Les noms

 

Nawar en arabe : il s’agit d’un mot jugé péjoratif qui dérive du mot « feu » et donné en référence à leur activité de forgerons mais qui désignerait plutôt de nos jours le « non éduqué, le non civilisé ».

La langue

Le domari est une langue multiséculaire qui a donné son nom à la communauté. C’est une langue qui commence à s’oublier, les enfants ayant parfois du mal à se l’approprier au profit de la langue dominante. Le domari, langue indo-aryenne se transmettait par voie orale. On ne connaît pas précisément la date de son apparition. Il n’a pas d’alphabet propre et emprunte les caractères arabo-persan au Liban. Le domari est parlé par les populations doms disséminées depuis les montagnes de l’Azerbaïdjan jusqu’au Maroc en passant par les plaines soudanaises.

La langue domari est également dénommée « la langue des oiseaux ». Cette langue est quasiment éteinte en Palestine mais elle est couramment parlée dans les autres pays du Proche-Orient, la plus grande dynamique se trouve en Syrie (Alep, Lattaquié, Homs, Saraqib).

Dans certains pays du Moyen-Orient, certains doms ont perdu l’usage de leur langue (Irak, Iran, Egypte). La langue semble mieux préservée dans les communautés qui continuent de nomadiser en raison de leur isolement.

La migration des Doms du Moyen-Orient serait très ancienne, dès l’époque allant du IIIe au Ve siècle, des groupes mobiles exerçant des métiers relevant du secteur des services sont partis d’Inde en direction de l’ouest (Conseil de l’Europe, fiche d’informations sur l’histoire des Roms).

 

Conditions de vie : Une histoire mondiale de discrimination et d’exclusion.

 

Dans tous les pays de Levant où ils se sont installés, les Doms vivent dans des conditions précaires et dans une extrême pauvreté. Ils forment une minorité ethnique qui est mal comprise partout où elle réside.

Les leaders doms s’appellent mukhtar, ils s’occupent des affaires de leur communauté, gèrent les problèmes entre les membres et la police.

 

Culture

 

Les gitans sont en général connus pour leurs talents de musiciens et leur pratique de diseuses de bonne aventure. La danse domarie contient des schémas rythmiques sophistiqués qui viennent peut-être de l’héritage indien et des mouvements des hanches marqués que l’on retrouve dans les danses orientales.

 

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Croyances

 

Leurs croyances sont ancrées en Inde et reposent sur un système de valeurs fortes basées sur la pureté. Leur relation avec les autres étrangers (nommés gadjo) et le monde repose sur la protection de leur pureté et de la pureté de leur âme. Ils doivent donc pour cela garder leurs distances avec les autres et le système créé par les autres pour rester neutres face aux maux créés par le mode de vie de ces autres et la tradition portée par la mémoire sociale doit sans cesse intégrer de nouveaux éléments et sans cesse se renouveler. La société dom doit donc nécessairement intégrer d’autres croyances, langues, musiques afin de les fournir comme un service à l’autre et non pas pour les mélanger aux siennes.

 

Mode de vie communautaire

 

La société dom qui vit au Moyen-Orient est composée de sous-tribus et divisée en groupes constitués de grandes familles vivant ensemble. Ces groupes composés de 5 à 15 familles vivent en communauté protégée ce qui protège les individus de toute menace provenant de l’extérieur. Ainsi la tradition est maintenue. Ces communautés n’ont quasiment pas de sens de la propriété privée, la communauté  sert à compenser les manques et les absences individuels et familiaux, elle s’occupe de la protection des femmes et surtout des enfants, elle permet de résister aux conditions de vie difficiles.

Cette unité familiale est brisée pendant les périodes de conflits ou pire, de guerres car cela les pousse à vivre dans un monde qu’ils ignorent complètement. Lorsque les groupes sont brisés, le corps social est brisé également. Cela plonge chaque individu dans une situation qui peut être dangereuse.

Les tendances anti-gitans sont encore fortes dans les pays du Moyen-Orient et dans les groupes religieux de ces pays. Les communautés doms s’efforcent de maintenir une vie nomade à des degrés variables selon les pays pour maintenir une protection.

 

La dentisterie traditionnelle

 

Les Doms prothésistes dentaires son souvent désignés par le mot qurbat, un terme dont on ne connaît pas le sens mais qui semble être péjoratif. Ils se sont spécialisés dans la fabrication de dentiers et l’installation de bridges et de dents en or et en argent, au Moyen-Orient. Au Liban par exemple, les dentiers sont très demandés passé l’âge de 40 ans car l’hygiène dentaire est mauvaise, de nombreuses personnes ne se lavent pas toujours les dents, fument et mangent très sucré. Confectionner un dentier peut prendre plusieurs jours. Le dentiste dom travaille sous la tente où il vit avec sa famille. Avec du plâtre , de la cire dentaire, un fer à souder et une fraiseuse il fabrique le dentier. Le métier se transmet de père en fils et s’apprend pas observation.

L’expertise des Doms est demandée, leurs tarifs sont en effet moins élevés que ceux des dentistes. Ils peuvent de plus intervenir rapidement dans la journée sur un coup de fil.

Ce métier permet aux Doms de s’en sortir au vu de leur situation souvent très précaire.

Le métier de prothésiste s’est développé au XXe  siècle et trouve son origine dans la tradition des dents en or.

Les Doms sont des nomades commerciaux comme les Bédouins, ils proposent depuis fort longtemps leurs services en déplaçant de villages en villages. Ils ont peu à peu commencé à décorer les dents avec des feuilles d’or. Ensuite, ils ont remplacé les dents à une période où n’existait pas de cabinet dentaire au Moyen-Orient.

Le premier groupe qui a pratiqué le métier semble avoir été formé ou l’a étudié à l’Université.

Plus tard, dans les années 1970, les prothésistes originaires du Liban et de Syrie ont commencé à offrir leurs services à l’étranger, au Maghreb, dans les pays africains (Afrique de l’ouest) avant de tenter leur chance en Europe.

En France, les prothésistes doms distribuent leurs cartes de visite avec un simple numéro de téléphone dans les mosquées, les bars populaires, sur les marchés. Ils façonnent ensuite leurs prothèses dans les hôtels bas de gamme. Les fraiseuses fonctionnent à plein régime et les voisins sont conciliants avec le bruit.

Cette pratique informelle va être amenée à disparaître assez rapidement en Europe. Les jeunes générations qui étudient ont envie de faire autre chose, le savoir ne sera donc pas transmis. Dans les pays arabes par contre le métier semble avoir de beaux jours devant lui.

Source : middleeasteye.net

 

L’alimentation : un manque cruel mais toujours un désir de partager

 

Dans la culture domarie, la nourriture n’est pas seulement une question de cuisine mais aussi une question d’hospitalité et de plaisir à partager un repas en communauté. Bien qu’ils soient très pauvres, il est important pour eux d’inviter les autres à partager un repas car cela apporte de la joie à tout le monde. Ils sont très fiers de leur cuisine et heureux de la faire découvrir au monde.

 

Les DOMS par pays 

DOMS au Liban

 

 

Ils sont considérés comme des libanais de seconde zone, nommés Gitans du Liban. Ils ont obtenu la nationalité libanaise suite au décret de naturalisation promulgué par Rafic Hariri en 1994. Ce qui n’améliorera pas leurs conditions d’extrême marginalisation. 1/5e des Doms du Liban sont apatrides.

Selon Terre des Hommes en 2011, 76% des familles doms interrogées vivent dans un état d’extrême pauvreté (moins de 2,4 dollars par jour) contre 8% au niveau de la population nationale. Selon la même étude, 77% des Doms sont analphabètes (10,3% pour les libanais), 68% des enfants sont déscolarisés.

Eux-mêmes se voient comme des apatrides, habitent des terres squattées. Ils sont facilement expulsables. Les familles s’excluent d’elles-mêmes se sentant si peu acceptées.

Une importante communauté vit dans le nord du Liban et le sud de la Turquie. Ce sont les mêmes clans familiaux qui ont été séparés des états modernes après l’éclatement de l’empire ottoman.

Les communautés doms ne sont pas homogènes même si elles partagent une histoire commune au Moyen-Orient. Ils vivent en masse à Sidon, Tyr, Jubayli, Tripoli et dans la vallée de la Bekaa. De nombreuses familles sont dispersées dans tout le pays. Certains vivent avec les réfugiés palestiniens et libanais dans des tentes et des cabanes dans la vallée de la Bekaa et dans des quartiers informels à Beyrouth et dans d’autres villes. Ils dissimulent leur identité en se présentant comme Turkmènes, Syriens ou Arabo-Bédouins car ils sont confrontés aux problèmes d’accès à un logement sain, à l’eau potable, au système d’évacuation des eaux usées, à l’électricité, à l’école et aux services de santé.

Certains Doms travaillent comme collecteurs de dons dans les rues, font de la musique, batterie ou flûte ou autres instruments de musique lors des mariages et des fêtes.

Les enfants doms travaillent pour aider leurs familles en vendant des bonbons, des noix, des chewing-gums et ne vont pas à l’école.

Le gouvernement n’a pas de programme d’éducation pour eux.

Shibli Mjiali, bédouin de Transjordanie, jouant le rebabah Par Hurley, Frank, 1885-1962. — http://nla.gov.au/nla.pic-an23816344, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10110291

 

D’autres métiers traditionnels sont toujours pratiqués comme la fabrication artisanale d’un instrument de musique à corde nommé rabâba, la fabrication de plaques de bois qui sont utilisées pour écraser les grains de café, les forgerons fabriquent des poignards arabes traditionnels, les dentistes traditionnels travaillent activement.

Sources : l’orient-le-jour article du 26/07/2018 ; kirkayak.org

 

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DOMS en Syrie

 

 

Les Doms vivaient en communauté avec d’autres peuples pendant des siècles. Ces nomades fournissaient des services aux communautés avec lesquelles ils vivaient avec leurs métiers traditionnels : musique, ferronnerie, dentisterie traditionnelle, travail du bois, fabrication de passoires, vannerie, travail du métal, colportage. Avec le changement du système de production ces communautés se sont orientées vers de nouveaux métiers comme travailleur agricole saisonnier, collecte de déchets/d’ordures, renouvellement de leur artisanat traditionnel. Les forgerons ont commencé à forger le fer froid et à produire des portes, des fenêtres, des flèches, des pièces forgées pour la construction. Les musiciens ont commencé à participer à l’industrie du divertissement et à monter sur scène lors des mariages et dans les boîtes de nuit. Les dentistes traditionnels de Syrie se sont déplacés vers d’autres pays au Moyen-Orient pour y travailler.

Au moins 15.000 Doms ont fui la Syrie depuis le début des affrontements armés en 2011. Ils se sont établis en Europe (en Belgique et en France) depuis 2014. Apatrides comme les Doms du Liban, ils ont pris la route de l’exil.

En Syrie, ils ont reçu la nationalité en 1957.

 

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En Syrie, il semble qu’ils aient mauvaise réputation, le terme nawar qu’on leur donne est significatif du mépris des Syriens envers eux. Pourtant, autrefois, dans le sud de la Syrie, ils ont le droit de glaner certains restes de moisson qui n’étaient pas consommés par les Syriens afin de maintenir une sorte de séparation alimentaire, culturelle et sociale entre eux et les autres syriens.

Parmi les réfugiés de la guerre syrienne, les Doms étaient les plus vulnérables. Les pays voisins ne voulaient pas de réfugiés gitans. Ils ont dû cacher leur identité pour rejoindre leurs proches au Liban, en Turquie et en Jordanie.

 

DOMS en Egypte

 

En Egypte le nom des Doms est ghajar. Ils utilisent le sim (code en arabe) un lexique d’une cinquantaine de mots qui leur permet de se reconnaître entre eux (le sim a peu de lien avec le domari).

Ils ne sont pas officiellement reconnus car l’Egypte s’appuie sur la religion comme identifiant social. Pour demander une carte d’identité nationale, le titulaire doit adhérer à l’une des 3 religions suivantes : l’islam, le christianisme et le judaïsme.

L’ethnicité n’est pas non plus définie.

Les Doms ont migré vers le territoire égyptien depuis l’Asie du sud et se sont mêlés aux égyptiens. C’est ce mélange, selon les chercheurs qui les fera connaître dans le monde entier sous le terme vernaculaire de Tsiganes dérivé du mot égyptien. Les sous-groupes présents sous les Nawar, les Ghagar ou Ghaggar. Ils sont musulmans sunnites, parlent l’arabe égyptien et le domari. Les Doms ont participé aux divertissements musicaux locaux lors des mariages, circoncisions et autres célébrations, en chantant des chansons et exécutant des danses traditionnelles égyptiennes en échange d’argent.

Ils sont reconnus pour leur contribution à la musique égyptienne et se produisent dans les spectacles à l’occasion des moulids, évènement à mi-chemin entre le pèlerinage, le carnaval et la cérémonie mystique islamique. En Egypte, les moulids ne se limitent pas à la célébration de la naissance du prophète (Moulid-al-Baby) mais peuvent célébrer les saints soufis locaux. Les moulids sont très pratiqués malgré la désapprobation des autorités.

Source : wikipedia ; kirkayak.org ; thisweekinpalestine.com

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DOMS en Israël et en Palestine occupée

 

 

Les Doms habitent surtout à Jérusalem en plein cœur du quartier arabe de Burj Laqlaq près de la Porte des Lions.

A Jérusalem, les Doms ont abandonné les activités nomades et sont devenus des travailleurs journaliers, inscrivant les enfants dans les écoles. Ils les ont encouragés à parler arabe pour subir moins de discriminations. Ils sont exclus par la société israélienne et par la communauté arabe. Ils ne sont pas reconnus par le ministère de l’intérieur comme un groupe culturel ou religieux à part entière comme les Druzes ou les Bédouins, mais, malgré tout, ils sont répertoriés dans la catégorie « arabes ».

Dans le quartier Burj Laqlaq, la présence domarie remonte au XIXe siècle environ. 2000 membres y habitent dans de mauvaises conditions, peu de moyens, vivant de maigres prestations sociales, mariant leurs filles très jeunes à 14/15 ans, connaissant des problèmes de violence conjugale, souvent liées à la consanguinité.

Les enfants ne poursuivent pas leur scolarité et se retrouvent dans la rue entre alcool et drogue. Certaines associations œuvrent à leur offrir un meilleur avenir, une meilleure santé et à favoriser l’émancipation des femmes domaries (Association pour la préservation des Tsiganes en Israël).

Les Doms de Jérusalem ont entrepris de développer leur propre artisanat. Le Centre Tsigane de Shouafat propose un tutorat, de l’aide humanitaire, l’apprentissage de la langue et de l’alphabet domari et des programmes culturels qui renforcent la fierté communautaire souvent bafouée.

 

 

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Les Doms qui vivent en Palestine occupée vivent à Naplouse, en Cisjordanie ou à Gaza. Certains sont encore nomades.

Deux histoires racontent comment les Doms ont migré vers la Palestine. Selon la première, ils sont arrivés à Jérusalem avec Saladin (années 1170/1180) dont ils étaient les forgerons et les soldats. A l’époque de Saladin, les Doms étaient de célèbres forgerons qui produisaient des lances et des fers à cheval. Ils étaient également éleveurs de chevaux. Ces deux professions leur ont valu un statut important aux yeux du monde. L’autre version raconte qu’ils auraient émigré en Palestine à l’époque ottomane et auraient été accueillis pour leurs talents d’éleveurs de chevaux et de forgerons. Ils se seraient mêlés à la population locale et auraient adopté la foi musulmane et commencé à parler arabe.

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Lors de la seconde guerre mondiale : les Doms d’Israël partagent avec les Juifs de leur pays la même blessure de la Shoah (porajmos = dévorer). Leurs cousins Roms étaient aussi visés par les lois de Nuremberg et envoyés dans les camps de concentration nazis où 30% d’entre eux environ ont été massacrés.

Sources : kirkayak.org, wikipedia ; Edmund Sanders, In Jerusalem, activist hopes to restore gypsy pride, Los Angeles times 19 av.2013 ; thisweekinpalestine.com

DOMS en Turquie

 

Ils vivent dans le sud-est du pays, sont composés de groupes semi-nomades ou nomades, même si certains ont adopté le mode de vie urbain. Autrefois, les Doms travaillaient dans l’artisanat, le travail du fer, du métal, du cuir, de la vannerie, de la dentisterie, dans la pratique de la circoncision, de la musique, de la divination mais ces métiers sont aujourd’hui perdus. Ils ont depuis recouru au mode de vie nomade, car ils se sont retrouvés au chômage à cause de l’augmentation de la population et le développement constant de l’industrie et la production de masse. Aujourd’hui ils travaillent dans les travaux agricoles saisonniers, la collecte de déchets, les travaux quotidiens dans toutes les régions de Turquie.

Les Doms vivent en contact avec la minorité kurde, elle aussi mal vue par les autorités qui s’en méfient. La communauté gitane ne bénéficie pas d’une égalité en termes de droits du citoyen. L’ethnicité est une barrière commune pour les Roms et les Doms. 30.000 réfugiés de Syrie ont été accueillis en Turquie, à Hatay, province turque limitrophe de la Syrie. Les Doms installés à Diyarbakir en Turquie parlent principalement le kurde et se font passer pour des kurdes, si leurs tenues traditionnelles ne les trahissent pas. Ils continuent de migrer à la saison des vendanges. Ils ont peu accès à l’éducation, ont des métiers manuels peu qualifiés (vendeurs de rue, travailleurs des champs). La moitié des Doms de Diyarbakir sont au chômage, les Kurdes ne sont pas mieux servis question emplois.

 

quartier à l'ouest d'Istanbul, 2007 Par own foto — Photographie personnelle, CC BY 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4269428

Sources : kirkayak.org, wikipedia

DOMS en Irak

 

Les Doms vivent en Irak depuis des siècles privilégiant leur culture et leur langue. Ils font partie des 47.515 apatrides du pays. L’une des causes d’apatridie en Irak est en lien avec les failles de la loi de 2006 sur la nationalité. L’article 4 interdit aux mères irakiennes de transmettre leur nationalité à leurs enfants nés à l’étranger. Cela oblige les femmes émigrantes et réfugiées qui en font la demande, à justifier que ceux-ci sont bien les descendants d’un irakien. mais de telles preuves sont très difficiles à obtenir. L’état civil de même, est source de complications juridiques et pratiques, de ce fait, de nombreux irakiens déplacés n’ont pas pu procéder à l’enregistrement des naissances et des mariages. Les enfants sont privés d’identité légale.

Dans l’histoire, les déplacements de population ont joué un rôle important dans l’apatridie en Irak. Par exemple les Kurdes Feylis, groupe ethnique vivant de part et d’autre des montagnes du Zagros (frontière Irak/Iran) n’ont pas obtenu la nationalité irakienne. D’autres peuples sont soumis au même traitement comme les palestiniens et les syriens.

Leurs noms en Irak sont kawliya, qawliya, awaz-zott.

Ils parlent le domari, l’arabe et un ethno-dialecte qui est un mélange de persan, de kurde et de turc (ce sont les plus âgés qui l’utilisent). Leur religion est l’islam.

Les plus grandes tribus sont les Bu-Baroud, Bu-Swailem, Bu-Halio, Bu-DAkhil, Bu-Akkar, Bu-Murad, Bu-Thanio, Bu-Shati, Al-Farahedah, Al-Mtairat, Bu-Khuzam, Bu-Abd, Bu-Nasif, Bu-Delli, Al-Nawar.

Ils vivent dans des villages isolés du sud de l’Irak principalement dans le gouvernorat d’Al-Qadissiya et dans les régions avoisinantes de Bagdad, Bassara et Mossoul.

 

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DOMS en Jordanie

 

Ils ne sont pas enregistrés selon leur origine ethnique, une partie d’entre eux reste nomade et ne figure sur aucun registre. Il y a 5 tribus domaries dans ce pays, les Tamarzeh, les Ka’akov, les Ga’agneh, les Balahayeh, les Nawafeh.

La communauté dom de Jordanie s’autodésigne comme Bani Murra.

Doms dans les camps de réfugiés

La plupart d’entre eux vit dans des camps de réfugiés aux conditions sanitaires médiocres. Cette communauté à formé l’Association Bani Murra et a lancé en 2015 une campagne de sensibilisation avec le slogan « Je suis Bani Murra, je suis Jordanien » pour combattre les stéréotypes et obtenir de meilleurs droits pour leurs membres.

Ils réclament entre autres un siège garanti à la chambre des représentants de Jordanie pour les Dom. Le fondateur de cette organisation est le leader communautaire Fathi Mousa, fils du célèbre musicien Abdo Mousa qui était un favori du roi Hussein et qui avait diverti les dignitaires du palais.

Doms en Jordanie

En Jordanie, les Doms jouissent de tous les droits de citoyenneté et détiennent des passeports jordaniens et des cartes d’identité. Ils sont cependant détachés de la société jordanienne.

Les Doms palestiniens qui vivent en Jordanie viennent de Gaza et de Cisjordanie. Ils ont fui la guerre des Six-Jours en 1967 et certains Doms viennent d’Irak et de Syrie.

Doms nomades

En Jordanie, l’existence de Bédouins nomades, Arabes Bedewi a permis à la communauté domarie de maintenir une vie nomade en tant que forgerons itinérants, musiciens et dentistes traditionnels.

Les Doms nomades se déplacent sur de courtes distances dans la vallée du Jourdain en hiver et s’éparpillent dans le pays au printemps et en été. D’autres voyagent jusqu’au Liban, en Syrie, en Turquie, en Egypte, en Arabie Saoudite.

La plupart des nomades vivent sous des tentes dans des conditions précaires sans accès à l’eau et à l’électricité. Ils sont démunis et vulnérables. Ce serait le groupe le plus marginalisé du pays alors qu’ils sont arrivés à l’époque des rois. Ils s’adaptent au racisme local et cachent leur identité en se prétendant jordaniens, bédouins ou arabes. Certains arrivent de cette façon à poursuivre des études ou à être intégrés socialement dans le pays. Les autres ne peuvent prétendre qu’à des métiers sans qualification.

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DOMS en Inde

 

Ils vivent surtout dans les plaines du Bihar, du Bengale et du Pendjab.

Ils faisaient partie des intouchables lorsque cette catégorie, au moment de l’indépendance de l’Inde fut, en théorie, abolie. Il semble qu’ils aient eu un rang de Kshatriya car il y a des traces d’un royaume Dom au pied de l’Himalaya et un prince dom aurait même dirigé la célèbre ville d’Ayodhya (ville de Rama dans l’épopée du Ramayana) au XIIIe siècle.

Ils sont répertoriés parmi les Scheduled castes (tribus et castes répertoriées) : la définition des Scheduled tribes and castes fait partie des mesures de discrimination positive visant à aider les plus basses castes et les tribus à s’élever socialement.

Au Bihar ils portent le nom de maghaiya dom ; ce sont des nomades, spécialisés dans la fabrication de paniers, nattes, cordes. Ils sont aussi éboueurs, bourreaux, récupérant les plus basses tâches qui sont réservées aux castes considérées comme intouchables. Pour un hindou, la vue d’un Dom est source d’impureté.

Au Bengale, une légende prétend qu’ils n’incinèrent pas leurs morts, ne les enterrent pas, qu’ils disloquent leurs corps la nuit et placent les morceaux dans des pots qu’ils immergent dans le fleuve. Parfois, ils peuvent être prêtres du Santal.

A Bénarès, ils tiennent une place importante sur les ghâts, les bûchers funéraires, en tant que servants exclusifs du bucher, aucune autre caste en effet ne voulant faire cette activité.

Les Doms n’ont aucuns tabous relatifs à la nourriture.

Au Pendjab, ils forment une caste d’un rang supérieur à celle des Doms du Bihar. Ils travaillent dans l’agriculture, le tissage, la métallurgie, l’élevage de petit bétail. Certains sont prêtres ou sorciers.

Ils pratiquent un culte des esprits des bois, des pierres, des rivières et des lacs, vénèrent aussi des divinités du panthéon hindou : Kali, Hanuman, Patan Devi, Durga, Bahwani, Rama et Krishna.

 Parfois, ils sont employés comme animateurs de veillées.

Source : universalis.fr

 

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DOMS en France

 

Les Doms ont quitté la Syrie dans les mois qui ont suivi le déclenchement de la guerre civile de mars 2011 qui a été réprimée dans le sang. Ils ont d’abord fui au Liban et en Turquie puis en 2013, au moins 10.000 d’entre eux ont décidé de prendre la route de l’Europe pour se rendre en Belgique et en France. Pour se faire, ils ont connu des années d’errance. Les Doms restent souvent neutres dans les conflits qui ont lieu dans les pays où ils vivent et n’y prennent pas part. Ils n’étaient ni avec le régime ni avec l’opposition mais pour la nation syrienne.

En France, la prise en charge des Doms est complexe car les clans familiaux se déplacent collectivement, ils ne veulent pas être séparés. Leur mode de fonctionnement s’adapte très mal au système d’accompagnement français et ils restent souvent au dehors. De plus les Doms ne connaissaient pas les procédures de demande d’asile et se sont débrouillés par eux-mêmes. En tant que Syriens, ils peuvent obtenir un titre de séjour.

 

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Source : Wikipédia en anglais et en français : streetpress

Article complémentaire

Les Roms

DOMS en Libye

Ils ont immigré sur l’actuel territoire libyen depuis l’Asie du sud à l’époque byzantine. Ils sont séparés de la culture dominante pendant des siècles. Ils offraient des divertissements musicaux lors des célébrations.

Ils parlent le domari et ont comme sous-groupes les Nawars, les Halebi et les Ghajars.

source pour cette partie : Rosalux.geneva.org

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Sources pour l'ensemble de l'article : dictionnaire des peuples de J.C.Tamisier, Orient XXI, kirkayak.org, wikipedia en français et en anglais,

 

Article complémentaire

Les Roms

Article en anglais

The social exclusion of the Domari society of Gypsies in Jerusalem: a story narrated by the women of the tribe

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Moyen-Orient, #Peuples originaires, #Doms

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