Mexique : Déclaration de la communauté indigène de San Lorenzo de Azqueltán concernant la criminalisation de ses membres
Publié le 19 Octobre 2024
17 octobre 2024
Au Congrès National Indigène
À l'Armée Zapatiste de Libération Nationale
A la Sexta Nationale et Internationale
Aux organisations de défense des droits de l'homme
Aux médias
Depuis le canyon de Bolaños, dans la communauté de San Lorenzo de Azqueltán, municipalité de Villa Guerrero, Jalisco, nous dénonçons la criminalisation de 17 sœurs et frères, membres de notre communauté indigène autonome Tepehuana et Wixárika.
Ils nous accusent de vol, ils nous convoquent devant le deuxième juge de contrôle du onzième district judiciaire, à Colotlán, Jalisco, pour « le crime » d'exercer les accords de notre assemblée et ce que nous constatons est une escalade de violence institutionnelle, une offensive des gouvernements et des caciques contre ceux d’entre nous qui défendent la terre.
Ce qu’ils recherchent en réalité, ce n’est pas la justice, mais plutôt l’arrêt du combat que nous menons depuis plus de dix ans. Ils veulent briser notre volonté d’autonomie, affaiblir notre résistance. Ils persécutent la détermination d'un peuple qui a décidé d'exercer son autodétermination en nommant ses propres autorités, tant agraires que traditionnelles, et en défendant le territoire que d'autres convoitent. C’est ce qui les dérange vraiment, car notre autonomie est un cri de liberté qu’ils ne peuvent pas faire taire. Notre dignité leur fait mal, cela les dérange que nous exigions la reconnaissance de notre culture et de notre territoire, alors qu'ils nous entourent d'un environnement d'agression qui s'étend à toute notre communauté.
Cette criminalisation est une attaque directe contre les membres de la communauté qui ont occupé des postes dans nos institutions traditionnelles et agraires. C’est-à-dire qu’elle est contre notre lutte et qu’elle cherche à faire taire la résistance qu’ils n’ont pas pu faire taire avec raison.
Nous dénonçons la complicité de ceux qui, au lieu de rendre la justice, se plient aux intérêts des puissants. À Azqueltán et dans de nombreuses autres régions du pays, la répression contre les peuples indigènes est devenue une politique d’État protégée par des cours et des tribunaux. Ils nous persécutent parce que nous défendons ce qui nous appartient et parce que notre lutte ne rentre pas dans leurs moules.
Nous demandons aux médias et aux organisations de défense des droits humains de ne pas nous laisser seuls. Soyez attentif à tout abus pouvant découler de ces accusations infondées. Nous savons que le gouvernement, les juges et les patrons qui gouvernent, c'est-à-dire les puissants, veulent anéantir notre parole, notre lutte et notre résistance.
La terre ne se vend pas, elle est aimée et défendue.
Nous ne nous vendons pas, nous ne nous rendons pas, nous n’abandonnons pas.
Fin de la persécution des membres de la communauté d’Azqueltán !
Cordialement,
octobre 2024
Communauté autochtone autonome Tepehuana et Wixárika de San Lorenzo de Azqueltán, municipalité de Villa Guerrero, Jalisco.
traduction caro d'un communiqué paru sur le site du CNI le 17/10/2024