Brésil : Un adolescent indigène est retrouvé mort dans une zone de conflit au Mato Grosso do Sul ; c'est le deuxième décès en 5 jours

Publié le 25 Septembre 2024

Retrouvé sur l'autoroute, le jeune Kaiowá vivait sur la terre indigène Nhanderu Marangatu, scène de tension depuis la mi-septembre

Gabriela Moncau

Brasil de fato| São Paulo (SP) |

 23 septembre 2024 à 17h44

 

Le jeune homme est décédé sur la MS-384, la même autoroute où les Guarani Kaiowá ont manifesté pour la justice jeudi dernier (19) - Divulgation

Un adolescent de 15 ans du peuple Guarani Kaiowá, Fred Souza Garcete, a été retrouvé mort ce lundi matin (23) au bord de l'autoroute MS-384, dans la ville d'Antônio João (MS). Il s’agit du deuxième autochtone à mourir dans la région en seulement cinq jours. Le 18 septembre dernier, Neri Ramos, 23 ans, a été assassiné d'une balle dans la tête, tirée par la police militaire du Mato Grosso do Sul.

Les circonstances de la mort de Fred n'ont pas encore été élucidées. Selon les dirigeants indigènes, le Conseil missionnaire indigène et la Fondation nationale des peuples autochtones (Funai), le principal soupçon est qu'il ait été écrasé. L'affaire fait l'objet d'une enquête de la police civile de la municipalité d'Antônio João.

Une vidéo montrant des femmes Kaiowá pleurant à côté du corps de l'adolescent au bord de l'autoroute circule sur les réseaux sociaux. Fred vivait dans une reprise de la Terre Indigène Nhanderu Marangatu (TI), scène de tension depuis le 12 septembre dernier, lorsque les indigènes ont tenté de récupérer une zone de la Fazenda Barra, propriété de Roseli Ruiz et Pio Queiroz.

La ferme chevauche le territoire Guarani Kaiowá, délimité en 2005 et dont l'approbation a ensuite été suspendue par le Tribunal suprême fédéral (STF).

Depuis le 12, la communauté est assiégée par une centaine de policiers militaires, soutenus par une décision judiciaire déposée par l'avocate Luana Ruiz, fille des agriculteurs. Depuis lors, parmi les blessés par balles en caoutchouc, les indigènes comptent une femme, Juliana Gomes, touchée au genou par une balle, et la mort de Neri Ramos, que les dirigeants qualifient d'exécution.

Ce lundi (23), Aty Guasu, Grande Assemblée Guarani Kaiowá, a averti que « la violence croissante contre les communautés indigènes de la région » est évidente : « La situation est alarmante et nécessite une réponse urgente de la part des autorités ».

Des femmes pleurent à côté de l'adolescent Guarani Kaiowá sur l'autoroute MS-384 / Communauté TI de Nhanderu Marangatu

Brasil de Fato a contacté le Secrétariat de Sécurité Publique du gouvernement de l'État, sous le commandement d' Eduardo Riedel (PSDB), et n'a reçu aucune réponse jusqu'à la clôture de cet article. Si une position est envoyée, le texte sera mis à jour.

Le décès survient après la visite du gouvernement fédéral

La mort de Fred survient deux jours après la visite d'une délégation du gouvernement et d'entités de défense des droits de l'homme sur le territoire. Samedi dernier (21), des représentants du Ministère des Peuples Autochtones (MPI), du Ministère du Développement Agraire et de l'Agriculture Familiale (MDA), de la Funai, du Ministère Public de l'État, du Bureau du Défenseur Public de l'État, en plus du Cimi et d'Aty Guasu étaient dans la TI Nhanderu Marangatu .

Dimanche (22), la délégation a visité la reprise d'Yvy Ajherê, qui fait partie de la TI Panambi Lagoa-Rica dans la ville de Douradina (MS) , cible d'attaques d'agriculteurs en juillet et août et également en danger imminent.

Mercredi prochain (25), aura lieu à Brasilia une audience judiciaire avec le ministre du STF, Gilmar Mendes, sur le processus de démarcation de la TI Nhanderu Marangatu.

"Seul l'achèvement du processus de démarcation et la pleine possession des territoires peuvent garantir la sécurité et la vie des indigènes", a informé le MPI dans une note.

Edition : Nicolau Soares

Traduction caro d'un article de Brasil de fato du 23/09/2024

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