Guatemala : Les digues de NaturAceites dans le rio Polochic inondent les cultures et les maisons de Panzós

Publié le 23 Août 2024

17 août 2024

20h15

Crédits : Des maisons et des cultures sont inondées à Panzós, Alta Verapaz. Photo de Juan Bautista Xol

Temps de lecture : 4 minutes

 

Les pluies constantes ont fait déborder le rio Polochic. L'entreprise de palmiers a construit des digues qui ne permettent pas l'expansion du fleuve dans ses canaux naturels, affectant les cultures et les routes des communautés de Panzós.

Texte et photos de Juan Bautista Xol

Les familles de la municipalité de Panzós, dans l'Alta Verapaz, ont dû faire face aux ravages des inondations après que des pluies constantes ont fait gonfler le rio Polochic. Les maisons et les cultures ont été laissées sous l'eau.

Dans le village de San Vicente la Playa, les familles indigènes Q'eqchi' voyagent dans des canoës en bois pour quitter la communauté puisque la seule route existante a été désactivée par le débit de la rivière, a rapporté le Conseil de Développement Communautaire (Cocode).

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Le canot pour parcourir le rio Polochic.

Le président de la Cocode surveille les cultures touchées.

Les membres de la communauté voyagent en cayuco.

Le capitaine du cayuco

Le débordement de la rivière n'est pas seulement dû à l'activité pluvieuse abondante mais est également causé par les digues installées par l'entreprise NaturAceites en novembre de l'année dernière. Celles-ci ne permettent plus à l'eau de s'étendre comme les années précédentes, affirment les membres du Cocode qui s'inquiètent des pertes de récoltes.

Les digues sont construites de telle sorte que lorsque l'hiver arrive, le débit de la rivière n'affecte pas les cultures de palmiers, mais les familles sont affectées par l'accumulation d'eau dans les terres cultivées, explique le président du Cocode du quartier de San Juan, Florinda Beb.

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Les cultures de bananes sont également inondées à Panzós.

Vue panoramique des cultures sous l'eau.

Plantation d'un champ de maïs inondé.

Les digues de l'entreprise de palmiers inondent les cultures

« La construction des digues a eu lieu en novembre 2023, aucune des autorités communautaires n'a été informée de ces travaux. Nous avons fait part de notre situation à l'entreprise, mais elle ne nous promet que des rendez-vous et elle ne tient jamais ses promesses. C'est la deuxième année qu'elle touche les champs de maïs, les bananes, le riz, le gombo, le moshan et d'autres cultures. Notre peuple a beaucoup investi et personne ne l’a aidé », a déclaré Beb, tout en suivant la situation des familles touchées.

Pour les familles Q'eqchi', la perte de leurs récoltes est une menace pour leur économie puisque pendant la saison estivale de cette année, elles ont également subi le coup de la canicule, générant des pertes dans les champs de maïs et des dépenses dans leur économie.

"Nos frères investissent jusqu'à huit mille quetzales juste pour subvenir aux besoins de leur maison, maintenant tout a augmenté sur les marchés et cette entreprise les affecte avec la construction de ses digues qui protègent ses plantations de palmiers", a conclu Beb.

Les communautés touchées par cette inondation sont : Telemán, San Vicente 1, Cahaboncito, Lagartos, Rancho Grande et les quartiers de la zone urbaine de Panzós près de la rivière Polochic.

Garçons et filles à risque

Les pluies ont commencé à arriver il y a plus d'un mois et les communautés ont été touchées au cours des quinze derniers jours. Les garçons et les filles marchent sur le cours du rio Polochic sur plusieurs kilomètres pour se rendre à leurs écoles, au risque de rencontrer des plantes et des espèces vénéneuses qui arrivent avec l'eau.

En 30 ans, la population n'avait pas connu d'inondations semblables à celles d'aujourd'hui, à l'exception des désastres provoqués par l'ouragan Mitch en 1998, dit le capitaine du radeau qui fait traverser les familles Q'eqchi' sur le rio Polochic et qui est aussi producteur de maïs, de bananes et de moshan (feuilles d'emballage de pâte).

 

Les maisons sont également inondées.

Une femme marche dans l’eau pour rentrer chez elle.

« En hiver, la rivière déborde et s'étend partout, au fur et à mesure qu'elle coule, car elle a de nombreux débouchés, mais maintenant les digues ne lui permettent pas de s'étendre et elle inonde maintenant les maisons et les cultures. Cela nous affecte beaucoup, il faut que les autorités se penchent sur cette situation», a commenté Don Héctor Choc, capitaine du radeau.

Tandis qu'Ottoniel Macz, professeur à l'école San Vicente 1, regrette ce qu'il a vécu étant enfant, en prenant des risques sur la rivière. "Ce que nous vivons est inquiétant, en particulier pour les enfants qui, d'une manière ou d'une autre, cherchent un moyen de traverser la rivière pour se rendre à leurs écoles", a-t-il déclaré.

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Les cayucos utilisés par les résidents.

Les familles Q'eqchi se déplacent dans les eaux du rio Polochic.

Ce texte a été réalisé dans le cadre de la Salle de Création Communautaire et Environnementale, un exercice journalistique collectif organisé avec un groupe de journalistes des territoires de Prensa Comunitaria, sous la coordination de Francisco Simón.

traduction caro d'un article de Prensa comunitaria du 17/08/2024

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