Chili : Los Ríos : La Cour suprême ordonne à GORE, CORFO et à la municipalité de Lago Ranco de mener une consultation indigène pour des projets à Cordón Caulle
Publié le 27 Août 2024
21/08/2024
Par le collectif Awka Lafken Choyün – Brotes del Lago Awka.
« L’absence de consultation indigène, malgré la connaissance de l’existence de communautés indigènes susceptibles d’être affectées par le projet, devient arbitraire et illégale, puisqu’il existe un précédent suffisant pour conclure que, compte tenu de la nature du projet, il convenait de mettre en œuvre la procédure de consultation indigène de la manière établie dans nos règlements.
Daté du 19 août 2024, l'arrêt de la Cour suprême marque un précédent historique pour le territoire du Lac Ranco et pour nos communautés organisées au sein du collectif Awka Lafken Choyün – Brotes del Lago Awka.
En tant qu'organisation Awka Lafken Choyün, une communauté de Lago Ranco qui, dans l'utilisation et le respect de nos propres formes d'organisation Mapuche Williche et donc du soutien de nos autorités ancestrales du territoire, nous exprimons notre conformité à l'arrêt rendu par la Cour Suprême et réaffirmons notre volonté de continuer à mener de multiples actions pour protéger notre écosystème.
Ce jugement a montré clairement qu'il y a encore des autorités chiliennes qui n'acceptent pas notre existence, elles ont voulu enfreindre la loi pour imposer des formes de progrès dans le dos de notre peuple. Il est frappant qu’avec toutes leurs ressources et leurs équipes de conseillers, ils persistent à nier notre existence et nos droits consacrés.
C’est à travers cette action constitutionnelle que nous avons eu connaissance du deuxième méga-projet baptisé : « Estudio Diseño. Construction du parc géologique Cordón de Caulle, Lago Ranco », qui a été initié par la municipalité et la Corporation régionale de développement productif, en collaboration avec diverses institutions publiques et privées de Los Ríos, telles que le Service national du tourisme ; CORFO; le Programme méso régional des lacs et volcans ; l'Institut du Tourisme de l'Université Australe du Chili et le Service National de Géologie et des Mines ; et qui est financé par le Fonds National de Développement Régional.
Toutes ces institutions ont été remises en question dans l'arrêt de la Cour suprême pour respecter le cadre juridique actuel et nous, en tant que territoire Williche, continuerons à nous rappeler qu'il existe ce cadre juridique né d'un contexte historique qui ne peut pas non plus être nié.
Nos modes de vie Williche et le lien avec notre territoire ne mourront pas avec notre génération, pour l'avenir de nos choyün (bourgeons ou pousses) nous nous organisons pour regarder largement l'impact du tourisme de masse à Lago Ranco et nous le faisons depuis l'autonomie Williche, C'est précisément ce que révèle cet arrêt, plusieurs autorités chiliennes ne se soucient pas du respect de notre mode de vie, pour elles nous n'existons pas au-delà de leur perspective de bien-être, ce sont donc les communautés elles-mêmes qui doivent s'organiser de manière autonome.
Ainsi on a vu l'urgence d'assumer une tâche qui correspond aux autorités qui doivent veiller au bien commun, ce rôle leur correspond, elles ne sont pas là pour faire fructifier la fortune d'une minorité au prix de pillages et de destructions de notre terre et derrière nos modes de vie.
Nous craignons que la prospection minière qui a été réalisée sur le territoire se fasse sans informer la population, nous craignons de devoir découvrir par un arrêt de la Cour suprême que l'institution minière nationale participe à ces projets et sans que ne le sachent ceux d'entre nous qui vivent ici, ceux d'entre nous qui boivent des eaux que déverse le Caulle.
En ce sens, nous invitons les familles, les communautés et le pu lof du territoire à lire attentivement tous les aspects qui ont été mis en évidence par l'arrêt de la Cour suprême. Nous les invitons à ajouter votre soutien pour continuer à unir nos forces pour le respect de nos droits, pour le soin des eaux et de toute la biodiversité qui existe encore dans cette zone, nous devons assumer ce rôle face à l'insouciance frappante des autorités.
Le tourisme de masse n'est pas anodin, il a un impact sur nos vies et sur l'écosystème, il existe de nombreuses preuves de cela et grâce à ces données, nous assumons le rôle de penser avec une vision large et à long terme, tous ces mégaprojets doivent être promus avec des processus transparents et face à la communauté.
En tant qu'organisation, nous serons vigilants pour garantir que le processus de consultation se déroule dans le plein respect de ce que prévoit la loi, au cas où l'on voudrait persister avec cette idée, car comme l'indique le jugement, la consultation nous donnera la possibilité d’influencer de manière réelle et efficace dans la mesure où il est destiné à être adopté.
Le Machi Bernardo Raillanca Raillanca déclare ceci :
« Mari mari pu peñi ka pu lamuen, je suis Bernardo Raillanca Raillanca, Machi Ngen d'Awka Lafken. Concernant la résolution de la Cour Suprême, ils appellent à la consultation indigène, je lance un appel comme Machi, aux pu peñi, pu lamuen pour rejeter ces mégaprojets qui arrivent sur notre territoire, qui viennent défaire notre itrofil mogen (toutes formes de vie ) de notre territoire, les richesses naturelles de notre territoire. J’appelle les Mapuche et les non-Mapuche, les personnes conscientes, à rejeter ces mégaprojets qui veulent s’installer sur notre territoire.
traduction caro d'un communiqué paru sur Mapuexpress le 21/08/2024