Pérou : Disparition de "Perú" : l'angoisse des Kakataibo
Publié le 29 Juin 2024
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Publié le : 28/06/2024
Lors d'une conférence de presse tenue par l'ORAU, la déclaration de l'état d'urgence dans le territoire Kakataibo a été annoncée. Photo : Sebastián F. Pérez.
Suite à la disparition de Mariano Isacama Felciano, dit "Perú", des gardes indigènes prendront le contrôle du territoire Kakataibo.
Par Sebastián F. Pérez
Servindi, 27 juin 2024 - "Perú" a disparu depuis une semaine. Mucama Mariano Isacama Felciano (35 ans), première voix de la communauté indigène Puerto Azul, située à Padre Abad, Ucayali, était connu de sa famille et de ses amis sous le nom de "Perú", un pseudonyme qui annonçait un malheur, peut-être une prémonition.
Il a disparu lors du match de l'équipe nationale de football péruvienne contre l'équipe nationale chilienne le 21 juin. Suite à cela, il a été annoncé que les gardes indigènes prendraient le contrôle du territoire Kakataibo.
Malgré sa petite taille (1,56 m), Isacama Felciano se distinguait par sa voix grave, qu'il utilisait pour raconter les matchs de football locaux.
Il était communicateur, agent de liaison interculturelle à la direction régionale des peuples indigènes du ministère de la santé (MINSA) et faisait partie de l'équipe technique de la Fédération autochtone des communautés kakataibo (FENACOKA).
Banderoles à la main, ils dénoncent l'incapacité de l'État péruvien à défendre les leaders indigènes et les défenseurs de l'environnement. Photo : Sebastián F. Pérez.
Lors d'une conférence de presse organisée par l'Organisation régionale AIDESEP Ucayali (ORAU), à l'hôtel Manish (Callería), le jeudi 27 à 14h00, le leader Kakataibo, Elías Noico Sánchez, a souligné qu'Isacama Felciano avait reçu des messages anonymes de menace sur WhatsApp.
"Il nous a fait comprendre que les messages qu'il recevait sur WhatsApp de la part de numéros anonymes étaient des menaces de mort. Ils envoyaient même des images d'armes à feu et de balles. Il (Isacama Felciano) ne savait pas qui le menaçait. Nous savons que des personnes lâches, qui se cachent derrière des tueurs à gages ou des mafias, agissent de la sorte", a déclaré Noico Sánchez.
La dernière fois qu'il a été vu, c'était à 21 h 30, dans une boutique, où il regardait le match de football de la Copa America entre le Pérou et le Chili. L'établissement de divertissement se trouve à côté du centre communautaire Puerto Azul, situé à Aguaytía.
La division d'enquête et de recherche des personnes disparues de la police nationale péruvienne (PNP) a enregistré la disparition sous le numéro de rapport : 29812748. L'enquête est menée par la dra. Zueli Orella Diaz, procureur adjoint du deuxième bureau du procureur pénal spécialisé dans les droits de l'homme du district judiciaire d'Ucayali.
"La dernière fois qu'il a été en ligne sur WhatsApp, c'était à 21h52.
"C'est tout ce que nous avons pu savoir. Ses proches l'ont vu à la maison de jeu, parce qu'à côté se trouve le centre communautaire (de Puerto Azul)", a déclaré Herlin Odicio Estrella, vice-président de l'ORAU, un dirigeant kakataibo reconnu."Nous sommes inquiets parce que c'était un leader qui collaborait activement à tout moment.Nous ne nous reposerons pas tant que nous ne l'aurons pas retrouvé", a déclaré Odicio lors d'une interview accordée à ce journal.
Une piste d'atterrissage clandestine a été identifiée à Puerto Azul.Noico Sánchez a participé à un survol et a observé une cicatrice au milieu des forêts ancestrales.
La communauté autochtone borde la réserve indigène Kakataibo et, bien qu'il s'agisse d'une zone protégée, on y trouve environ trois pistes d'atterrissage clandestines.
"Les communautés kakataibo sont confrontées à des activités illégales. À Puerto Azul comme dans d'autres communautés, c'est la même chose : trafic de drogue, trafic de terres, trafic de bois", a déclaré Odicio.
"Ces activités tentent en permanence d'intimider les membres de la communauté", a souligné Odicio Estrella, découragé par les politiques publiques inutiles qui abandonnent les dirigeants indigènes et les défenseurs de l'environnement.
Le peuple Kakataibo a perdu cinq dirigeants indigènes entre 2020 et 2023. Parmi les défunts, Arbildo Meléndez Grández disposait du mécanisme de protection des défenseurs des droits de l'homme du ministère de la justice.
Mais il n'a servi à rien. "Les mécanismes de protection ne sont que du papier. Nous ne savons pas ce qui va nous arriver", a conclu le vice-président de l'ORAU à propos des mécanismes de protection susmentionnés.
Herlin Odicio Estrella et Elías Noico Sánchez, deux amis proches de Mariano Isacama, s'inquiètent de la disparition du défenseur de l'environnement. Photo : Sebastián F. Pérez.
Garde ancestrale Kakataibo
Face aux problèmes rencontrés par le peuple Kakataibo lors de la conférence de presse, il a été annoncé que la Garde Indigène Kakataibo allait agir : elle réunira les communautés indigènes du bassin d'Aguaytía, d'Irazola et de Puerto Inca, afin de démontrer la capacité de résistance ancestrale.
Jeudi 27, vers 18h50, la FENACOKA a publié sur Facebook un communiqué de la Guardia Indígena Kakataibo, dans lequel on peut lire ce qui suit :
"Nous déclarons nos territoires en état d'urgence et annonçons qu'à partir d'aujourd'hui, l'alliance des gardes des peuples Kakataibo, Shipibo et Asháninka prendra le contrôle de l'accès aux communautés, comme mesure de défense de notre intégrité personnelle et territoriale."
"Basta ya ! Il s'agit d'un défi que nous devons relever en tant que peuples autochtones (...) La seule justice doit être autochtone et nous donner la liberté et la sécurité dans nos territoires ancestraux", a déclaré Odicio Estrella.
La Garde indigène Kakataibo a été créée le 21 mai 2021.
traduction caro d'un article de Servindi.org du 28/06/2024
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Desaparición de "Perú": angustia kakataibo
Ante la desaparición de Mariano Isacama Felciano, conocido como "Perú" guardias indígenas tomarán control del territorio kakataibo.
https://www.servindi.org/actualidad-noticias/28/06/2024/desaparicion-de-peru-angustia-kakataibo