Mexique : Rapport du Frayba 2024 sur la disparition de personnes au Chiapas

Publié le 18 Avril 2024

16 avril 2024

 

Le rapport Tocar el vacío est un effort d'analyse du phénomène de disparition de personnes au Chiapas, du point de vue du Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de las Casas, avec la participation de Voces Mesoamericanas Acción Con Pueblos Migrantes et Melel Xojobal (qui accompagne des processus participatifs avec des filles, des garçons et des adolescents des peuples autochtones). Depuis plusieurs années, on constate une augmentation significative du nombre de personnes disparues, avec un impact profond sur ceux qui recherchent leurs proches et sur la société chiapanèque en général.

Dans des contextes de disparitions systématiques et/ou généralisées commises par des individus, où règne l'impunité, il faut supposer qu'il existe une tolérance et un acquiescement de l'État, qui les transforme en disparitions forcées, dans la mesure où elles sont marquées par ces deux composantes. Même si dans de nombreux cas les autorités insistent pour les classer comme personnes non localisées, le contexte de la majorité d'entre elles devrait constituer une preuve suffisante pour les qualifier de disparitions.

Rapport Tocar el vacío

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Les agences étatiques et fédérales chargées de l'enquête et des recherches mettent en œuvre diverses astuces pour diluer publiquement la situation. Cela va du refus de recevoir des plaintes ou d'inscrire des personnes disparues dans les registres officiels, jusqu'à la qualification d'événements comme autre chose que la disparition. Le Parquet spécial chargé de cette affaire ne dispose pas de suffisamment de personnel pour faire face à ce phénomène, ce qui démontre le manque d'intérêt de l'État à créer les conditions nécessaires à l'enquête. Entre le 1er décembre 2018 et le 30 juin 2023, le Bureau du Procureur général de l'État du Chiapas a enregistré 201 dossiers d'enquête pour disparition de personnes aux mains de particuliers, mais aucun pour disparition forcée.

Réaliser cette première radiographie du problème a représenté un grand défi, car beaucoup de ses caractéristiques sont nouvelles au Chiapas, en plus du fait que les territoires où cela se produit sont largement réduits au silence. Les schémas de disparition au Chiapas reflètent la dynamique nationale, mais présentent également leurs propres caractéristiques liées aux conditions historiques, politiques et sociales. Il y a deux feux rouges dans l'État. Le premier, selon les données présentées par le Comité des Nations Unies contre les disparitions forcées (CED), au Chiapas, la disparition des femmes est bien plus élevée que les taux nationaux. Le deuxième feu rouge est rendu visible par l'organisation Melel Xojobal, selon les statistiques, au Chiapas, le risque de disparition de femmes et d'enfants est plus élevé.

La disparition se produit dans différents contextes qui reflètent des modèles différenciés. L'intérêt du rapport est d'identifier et d'analyser les différentes lignes de disparition, l'une d'entre elles étant la contestation et le contrôle territorial du crime organisé. La situation dans la région montagneuse et frontalière est particulièrement préoccupante, où l'explosion de la violence liée au conflit entre la criminalité organisée a conduit à une augmentation des disparitions sans qu'il soit possible de mesurer précisément le problème en raison de la violence qui y règne, ainsi que comme la méfiance envers les autorités. D'autres tendances documentées dans le rapport incluent : la disparition de personnes en mobilité internationale ; ceux qui sont présentés autour des réalités des filles, des garçons et des adolescents ; ainsi que ceux qui émergent dans le contexte de violences politico-électorales ; dans le cadre d’arrestations arbitraires commises par des agents de l’État ; celles liées à la violence contre les femmes, avec un accent sur la traite des êtres humains et le féminicide ; des défenseurs des droits de l'homme; dans le cadre des actions contre-insurrectionnelles militaires et paramilitaires des années 1990.

En effet, à la situation actuelle, il est important d’ajouter une attente historique, celle de la guerre contre-insurrectionnelle après le soulèvement armé de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). Le Centre des Droits Humains Fray Bartolomé de Las Casas a enregistré au moins 37 personnes disparues dans ce contexte, en plus des 32 personnes disparues au combat réclamées par l'EZLN. Le gouvernement moréniste actuel continue de manquer à son devoir de recherche, de vérité, de justice et de réparation globale.

Avec Tocar el vacío, nous cherchons à rendre visible la disparition de personnes au Chiapas, ainsi qu'à générer des réflexions à partir desquelles réfléchir à des réponses collectives.

traduction caro d'un article de Radio zapatista du 16/04/2024

Mexique : Rapport du Frayba 2024 sur la disparition de personnes au Chiapas
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