L'ani à bec lisse dans les cultures indigènes

Publié le 20 Juin 2024

ani à bec lisse Par Bernard DUPONT from FRANCE — Smooth-billed Ani (Crotophaga ani) close-up, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49979019

ani à bec lisse Par Bernard DUPONT from FRANCE — Smooth-billed Ani (Crotophaga ani) close-up, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49979019

Crotophaga ani

Ani à bec lisse

Famille : cuculidés

 

►Pour les Nivaklés du Chaco, lorsque le pirincho noir chante tristement peu avant ou à la tombée de la nuit, cela présage la maladie et la mort. 

►À Santa Teresinha, au nord-est du Brésil, si l'anu-preto chante près de la maison d'un malade, cela annonce sa mort prochaine (Galvagne Loss et al., 2013). 

"Méfiez-vous de l'ami Anum. Il est noir, cynique, imperturbable, mais très bon ami de la Mort, qui lui confie les secrets de ses choix. Planant continuellement près des treillis et des porches où nous faisons nos siestes, il annonce le malheur. Il annonce l'hiver et la sécheresse. S'il est perché seul dans un arbre qui a de l'ombre et de la végétation, nous aurons de la pluie. Pour cela, il faut que l'anum reste "emprisonné" pendant trois à sept jours. Celui qui prend les œufs de l'anum porte le deuil de sa famille. Dans le sud du Brésil, l'anum a d'autres spécialités. Manger du foie d'anum en pensant à une fille la rendra amoureuse. Passer le bec de l'anum sur la piste de la femme désirée donne le même résultat. L'anum prescrit pour cette macumba est l'anum blanc, guira-guira [notre pirincho], surnommé dans le sud quiriru" (Cascudo, 2012). En ce qui concerne son rôle d'annonciateur de la pluie, Zeca, de la communauté de Bom Sucesso (Paraíba, Brésil), a déclaré : "L'anum noir est le prophète de l'agriculteur" (Araujo et al., 2005).

►Toujours dans le folklore paraguayen d'origine guarani et mbyá, l'anó est un annonceur de malheur, un mbora'ú (mauvais présage), lorsqu'il pleure la nuit, et, à l'approche du Jour des Morts (2 novembre), c'est son obligation de pleurer sans s'arrêter. Añeko'õi, he'i ano : je suis agacé, bouleversé, dit l'Ano dans son cri (Cadogan, 1998).

►Chez les Qom ou Tobas de Formosa (Argentine), le pirincho noir « est représenté dans les basses montagnes, les espaces ouverts et à proximité des habitations. Il est peu hargneux, et s'approche du quartier où vivent les gens. Il émet un cri désagréable pour les Tobas, qui, ajouté à sa couleur noire, contribuerait à lui attribuer une connotation très négative. Le rôle que lui assignent les Tobas est de collaborer au travail des sorcières (Arenas et Porini, 2009). C'est pourquoi il est surnommé veuve, ko'nagana'Gae la'lo (animal de compagnie de la sorcière) et qade'do (doomsayer). L'oiseau est présent lorsque la sorcière prépare son sort. Le diable entre dans le corps de l'Anno qui vole la nuit vers les maisons en criant et en annonçant une maladie incurable causée par la malédiction. En raison de ce caractère diabolique, ils ne le mangent pas, mais ils peuvent le tuer (Arenas et Porini, 2009). 

►À Yarinacocha (Pérou), les Yaguas racontent le mythe de la sorcière Watachare, personnifiée par un gros crapaud, qui est attaquée par des envahisseurs guerriers qui violent sa femme. Pour se venger, le sorcier se transforme en chauve-souris et quand ils dorment, il leur arrache à chacun un oeil. Alors Watachare, transformé en cow-boy (anó), annonce aux habitants l'arrivée des guerriers chez eux. Face à l'alarme déclenchée par l'oiseau, les attaquants se transforment en pécaris et autres animaux et se retirent sur leurs terres (Powlison, 1993). Comme on le voit dans ce mythe, la fonction de l'oiseau continue d'être celle d'annoncer le danger.

►Mais il intervient aussi dans les phénomènes célestes. Les Bakairis du Mato Grosso (Parantinga, Brésil) expliquent les éclipses par l'action d'un sorcier transformé en oiseau anú qui couvrit le soleil de ses ailes pendant un temps (Steinen, 1894). 

►Quelque chose de semblable a été enregistré par d'Orbigny (1839) chez les Mataguayos du Chaco Central : « Les éclipses sont dues, selon eux, à un grand oiseau qui, les ailes ouvertes, tue momentanément l'étoile éclipsée.

Les Guajes (Coreguajes) de l'Amazonie colombienne les appellent « cuisiniers » et ce sont les mythiques membres de l'équipage du soleil, dont la chasse est taboue. Les Imarimákana, les quatre frères fondateurs de l'univers, pour se protéger du soleil, ont pris l'apparence de garrapateros et c'est pourquoi ils partent en groupes de pas moins de quatre chasser les grillons au bord de l'eau. Quand ils chantent, le tapir répond, et quand il s'endort, il siffle en appelant les tapirs (Arango, 1986). Il semblerait être un protecteur de la « grande bête » puisque les chasseurs la considèrent comme un mauvais présage, peut-être parce qu'elle les avertit de sa présence.

►En revanche, dans une histoire des Machiguengas de l'Amazonie péruvienne, le garrapatero ou Morítoni vit avec ses nombreux frères et sa mère, Inaenka. Un pêcheur attrape un gros poisson et malgré les conseils de sa tribu il appelle à l'aide Inaenka qui passe en pirogue avec ses enfants, et elle lui propose de cuisiner le poisson. Mais quand elle rentre chez elle, elle brûle le pêcheur avec de l'eau bouillante, car elle tue et mange les hommes. Elle tente alors de tuer le sorcier de la tribu et Potsótiki, mais il parvient à la tromper et à l'emmener au bout du monde où il l'abandonne puis monte au ciel. C'est pourquoi les Machiguenga ne tuent ni ne mangent de garrapateros de peur d'avoir des ampoules à cause de l'eau bouillante et de mourir. Cette histoire est intéressante car la leishmaniose cutanée andine ou uta est endémique dans cette région, ce qui produit des ulcères et des croûtes sur la peau. (Barriales, 1979).

►Andrés Contreras (1998) relie l'anó au mythe guarani oriental de Sacy ou Matinta Pereira, originaire de la région amazonienne et imprégné d'éléments apportés par les Afro-Brésiliens et les Portugais. Sacy est un garçon tout noir, avec un chapeau rouge, une jambe et une braise ardente qui passe par les trous de ses mains. L'anó est le propriétaire de Sacy et celui qui tue l'oiseau s'appropriera Sacy et ses pouvoirs, qui ne semblent pas si effrayants puisqu'il s'agit d'une sorte d'elfe espiègle, friand de plaisanteries agaçantes.

traduction carolita

source : 

https://historiaszoologicas.blogspot.com/2020/08/el-ano-o-garrapatero-chico-crotophaga.html

Variété de noms de l'ani à bec lisse

 

Le Bout-de-pétun. Dessin de François Nicolas Martinet (Brisson, 1760) 

 

►Mexique: Pijuy ou pájaro garrapatero

►Maya: Cau (pájaro negro). Le Crotophaga sulcirostris est appelé chikbu'ul, car bu'ul signifie "haricot" et cet oiseau se cache généralement parmi les haricots.

►Honduras: Tijuíl

►Costa Rica: Tijo, tinco, zopilotillo

►Bahamas: Rain Crow, blackbird.

►Cuba et Porto Rico: Garrapatero, judío

►République dominicaine: Garrapatero, judío, pájaro comunero

►Créole français (Haiti): Boustabak

►Créole Français (Antilles): Mel-kobo

►Créole Français (Guadaloupe): Bilbitin, merle

►Trinidad: Blackbird, tickbird

►Nicaragua, Costa Rica, Panamá, Equateur, Pérou: Garrapatero

►Colombie: Garrapatero, tristir (Santander), cocinera, chamón, anó, jirigüelo, cachimbo, guani, cuclillo, siyali (Guahíbo).

►Yucuna-matapi (rio Miriti, Amazonas, Colombie): Lu'ui, luij, cocinerito

►Venezuela (Caracas): Zamurito, garrapatero

►Warrau (Venezuela, Guyana): Ouih

►Caribe (Venezuela, Guyana): Wine

►Aukan (Surinam): Kaoufoo

►Saramaccan (Surinam): Kööní

►Sranan (Surinam): Kawfutuboi

►Wayana (Surinam): Haklau, sowo

►Guyana: Old witch (vieja bruja)

►Arawak (Guyane): Cunuba, hoye

►Macushi (Guyana; Roraima, Brésil): Oivowi

►Wapishana (Guyana): Houwi

►Cayenne, Haití et ex colonies françaises: Bout de petun, bout de tabac, oiseau diable

►Cayenne (Guyane): Bouillier des canaris

►Créole Français (Guyane française): Ganwit, ti-zozo-djab

►Créole Français Karipúna (Amapá, Brésil; Guyane): Iuí, zozo-djab

►Wayampi (Amapá et Pará, Brésil): Anu

►Palikúr (Amapá, Brésil): Yu

►Brésil: Anu, anum, anur, anu-hay, anuaí, anu-í, anu-pequeño, anu preto, pelincho preto

►Botocudo ou krenak (Minas Gerais, Brésil): Puiñacha

►Karajá (Mato Grosso, Pará et Tocantins, Brésil): Atô-atoi-o

►Bakairí (Mato Grosso, Brésil): Amí

►Pérou (Amazonie): Vaca muchacho

►Matsiguenga (Amazonie, Pérou): Morítoni

►Santa Cruz de la Sierra (Bolivie): Mauri

►Chiquitano (Chiquitos, Santa Cruz, Bolivie): Olichoorich

►Guarañoca (Chiquitos,  Santa Cruz, Bolivie): Caaviata

►Otuke (Chiquitos,  Santa Cruz, Bolivie): Oo

►Morotoca ou ayoreo (Chiquitos, Santa Cruz, Bolivie): Ocota

►Saraveca (Chiquitos, Santa Cruz, Bolivie): Urujuju

►Quitemoca (Chiquitos, Santa Cruz, Bolivie): Cañeco

►Cuciquia (Chiquitos, Santa Cruz, Bolivie): Techorikich

►Paunaka (Chiquitos, Santa Cruz, Bolivie): Huarayu

►Paiconeca (Chiquitos, Santa Cruz, Bolivie): Aalane

►Baure (Moxos, El Beni, Bolivie): Isino

►Itonama (Moxos, El Beni, Bolivie): Nalahuit

►Cayubaba (Moxos, El Beni, Bolivie): Utuï

►Itene (Moxos, El Beni, Bolivie): Ovi

►Pacahuara (Moxos, El Beni, Bolivie): Oilsoro

►Movima (Moxos, El Beni, Bolivie): Polopolo

►Kanichana (Moxos, El Beni, Bolivie): Nichuli

►Paraguay: Anó chico, piririta negra, piririgua negra

►Argentine (Chaco, Corrientes): Anó chico

►Argentine (Entre Ríos): Urraca negra

►Argentine (Jujuy): Chasca negra

►Guaraní: Ano, ano-í, guäri

►Nivaklé (Chaco Boréal, Argentine et Paraguay): Tanaxal

►Qom (Formosa): Po'tanaGae, ko'nagana'Gae la'lo, putanre

►Wichi: Ch’inho

►Uruguay et Argentine (Santa Fé): Pirincho negro, pilincho negro

►Chili: Matacaballos

 

Toponymes

 

►Zanjón y Garrapatero: village en  Oaxaca, Mexique

►Garrapatero: localité à Pasto,  Nariño,  Colombie

►Laguna Garrapatero: lac dans La Guajira, Colombie

►Cerro Garrapatero: cerro dans le Cauca, Colombie

►Playa El Garrapatero: a 7 km du village El Cascajo, Santa Cruz, isla Santa Cruz, Galápagos

►Tijuil: localité à Quiché, Guatemala

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