Rapport : L’état de l’Amazonie en 2024

Publié le 26 Janvier 2024

Publié : 24/01/2024

Figure 1. Vue sans nuages la plus récente de l'ensemble du biome amazonien (2023, troisième trimestre). Données : Planète, NICFI, ACA/MAAP.

Servindi, 24 janvier 2024.- Après avoir préparé près de deux cents rapports depuis mars 2015, le Projet de surveillance de l'Amazonie andine (MAAP) nous donne une vision de synthèse actuelle pour 2024 qui inclut la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela.

Le rapport numéro 200 met en garde contre la situation « très grave et urgente » en Amazonie, qui approche de deux points critiques induits par la déforestation.

Le premier est la conversion redoutée des forêts humides en zones sèches (savanes), en raison de la réduction des cycles humides dans toute l’Amazonie (voir MAAP #164).

Le deuxième point critique, et le plus récent, est la conversion de l’Amazonie en tant que puits de carbone, qui amortit le changement climatique mondial, en source de carbone (voir MAAP #144).

Cependant, il y a de l'espoir, indique le rapport du MAAP, car il est possible qu'« à long terme, nous puissions protéger une grande partie du cœur de l'Amazonie, puisque près de la moitié de la superficie est désignée comme zones protégées et territoires autochtones.

Les zones protégées et les territoires autochtones ont des taux de déforestation bien inférieurs à ceux des zones environnantes (voir MAAP #183).

De plus, de nouvelles données de l'Administration nationale de l'aéronautique et de l'espace mieux connue sous le nom de NASA, montrent que l’Amazonie recèle d’abondantes réserves de carbone (voir MAAP #160 et MAAP #199).

Un autre facteur positif est la réduction significative de la perte de forêts primaires entre 2023 et 2022 dans toute l’Amazonie, notamment au Brésil et en Colombie (MAAP #201).

Bien que les médias mettent en avant les incendies en Amazonie, la réalité est que ces dernières années, la plupart des grands incendies en Amazonie ont éclaté dans des zones auparavant déboisées (MAAP#168). 

« Ce n'est que pendant les saisons sèches intenses que l'on voit certains de ces incendies s'échapper et devenir de véritables feux de forêt », souligne le MAAP.

La figure 1 montre la vue sans nuage la plus récente de l'ensemble du biome amazonien. Il est positif de constater que le cœur de l’Amazonie est toujours debout. Cependant, la déforestation croissante en bordure est très évidente.

Le rapport décrit les principales zones de déforestation causées principalement par la construction de routes, l'agriculture, l'élevage et l'exploitation aurifère.

Le rapport montre la perte totale de la forêt primaire amazonienne par pays au cours des deux dernières années : le Brésil (avec la perte la plus élevée), suivi de la Bolivie, du Pérou et de la Colombie (perte intermédiaire), du Venezuela, de l'Équateur, du Suriname, de la Guyane et de la Guyane française (pays avec le moins de perte).

Figure 2. Points critiques de la perte de la forêt amazonienne, 2015-2022

 

Amazonie brésilienne

Le Brésil reste la principale source de déforestation en Amazonie. L’expansion des pâturages à proximité des routes, la culture du soja et l’exploitation de l’or en sont les principales causes.

La déforestation au profit de nouveaux pâturages pour le bétail se concentre le long des vastes réseaux routiers qui traversent l’est et le sud de l’Amazonie brésilienne.

La déforestation pour la culture du soja est concentrée dans le sud-est de l’Amazonie brésilienne. La déforestation pour l’exploitation de l’or touche de nombreux sites, dont plusieurs territoires autochtones.

Amazonie bolivienne

La Bolivie est clairement devenue la deuxième source de déforestation amazonienne, surtout au cours des deux dernières années, concentrée notamment dans les plantations de soja situées dans le sud-est.

Les communautés mennonites favorisent la déforestation pour la culture du soja et ont provoqué la déforestation de plus de 210 000 hectares depuis 2001. Cela inclut 33 000 hectares depuis 2017.

Amazonie péruvienne

Le Pérou est la troisième source de déforestation en Amazonie. En Amazonie centrale, le MAAP met en évidence la déforestation rapide par de nouvelles colonies mennonites.

Les rapports montrent en temps réel que la déforestation mennonite est passée de zéro en 2016 à 3 400 hectares en 2021, à 4 800 hectares en 2022 et à 7 032 hectares en 2023.

Dans le sud de l'Amazonie, la déforestation due à l'exploitation de l'or continue d'être l'une des principales causes de déforestation, principalement dans les communautés autochtones, les zones tampons des aires protégées et à l'intérieur du corridor minier officiel.

Plus récemment, nous avons signalé qu’entre 2021 et 2023, l’exploitation de l’or avait provoqué la déforestation de près de 24 000 hectares.

Amazonie colombienne

La Colombie est la quatrième source de déforestation en Amazonie. La période de déforestation la plus élevée en Colombie a été enregistrée après l'accord de paix de 2016 entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC.

Cependant, la Colombie est le seul pays à avoir connu une diminution notable de la déforestation en 2022.

La perte de forêt est concentrée dans un « arc de déforestation » qui entoure de nombreuses zones protégées (telles que les parcs nationaux de Chiribiquete, Tinigua et Macarena) et réserves autochtones (Resguardos).

En Colombie, la principale cause de la déforestation sont les pâturages pour le bétail, mais cette expansion est due à l'accaparement des terres.

Les plantations de coca continuent également d'être à l'origine de la déforestation dans les zones rurales et isolées.

L'élevage et la coca ont un impact sur les zones protégées, en particulier les parcs nationaux de Tinigua et Chiribiquete (élevage) ; et le parc national Macrarena et la réserve naturelle nationale de Nukak (coca).

Amazonie équatorienne

Même si elle ne représente que 1 % de la perte totale de l’ensemble de l’Amazonie, la déforestation en Amazonie équatorienne a été la plus élevée enregistrée en 2022 (18 902 hectares). Il s’agit d’une augmentation stupéfiante de 80 % par rapport à 2021.

Il existe plusieurs zones de déforestation causées par l'exploitation de l'or, l'expansion des plantations de palmiers à huile et l'agriculture à petite échelle.

Amazonie vénézuélienne

Il existe un foyer de déforestation causée par l’exploitation de l’or dans le parc national de Yapacana.

Accédez au rapport complet avec des cartes et d’autres détails via le lien suivant :

https://www.maaproject.org/2023/estado-de-amazonia/

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 24/01/2024

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Amazonie, #Déforestation

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article