Les représentations du condor sur le Cerro Colorado (Argentine)

Publié le 12 Mai 2024

Dans la province de Cordoba en Argentine, le condor, ainsi que le yaguareté (ou jaguar), ont été représentés dans les pictogrammes du Cerro Colorado .
Certaines images des pictogrammes seraient des manifestations artistiques à caractère magico-religieux (lieu de culte). Les personnages qui apparaissent dans la même frise n'auraient pas été réalisés à la même époque, couvrant une période de plus de 500 ans (Xe siècle au XVIe siècle).

Sa paternité est attribuée aux Comechingones et aux Sanavirones, qui seraient le résultat d'un complexe culturel né de la rencontre de différents types raciaux qui ont interagi culturellement, puis se sont même mélangés et assimilés biologiquement. En revanche, bien qu'il existe certaines hypothèses sur la présence des Incas à Cordoba (selon l'anthropologue Antonio Viana), il n'existe aucune preuve de leur domination. Cependant, certaines caractéristiques de la culture andine (par exemple la culture du maïs et du quinoa, la domestication des camélidés) auraient été assimilées par les groupes raciaux qui se sont développés dans la province de Cordoba.

En outre, à des fins de comparaison, il est intéressant de mentionner que dans les frises du Cerro Colorado, il y a aussi des représentations « en forme de masque », comme dans l'altiplano bolivien.

Dans ce parcours culturel, un parallèle est détecté en considérant certains symboles iconographiques. Apparemment, dans la pensée religieuse de l'Amérique indigène, le félin (puma ou yaguareté), le serpent (ou parfois le poisson) et l'oiseau (comme le condor ou le suri) occupaient une place privilégiée et jouaient un rôle de premier plan. Ces images semblent associées au mythique et aux transformations subies par les chamanes après la consommation d'hallucinogènes, documentées depuis la civilisation Tiwanaku jusqu'aux Comechingones, qui (selon Sotelo de Narvaez) inhalaient des poudres obtenues à partir d'un arbre appelé cebil.

Un autre peuple entré par le Chili et occupant les régions de la Pampa et de la Patagonie était les Mapuche. Pour eux, le condor est le propriétaire de l’espace aérien, la réincarnation d’âmes nobles et courageuses et le détenteur d’une grande sagesse. Il existe un dicton mapuche que l'on dit à ceux qui essaient d'aller au-delà de leurs possibilités : "Vous ne voulez pas ressembler au condor, la cordillère est haute."

Chez les Tehuelche du sud, par contre, le condor apparaît comme une figure peu respectable, ce qui est probablement dû à sa condition d'animal charognard, comme le carancho, qui subit le même sort chez ces peuples. Le condor est un oiseau sacré mais maléfique, que le mythique Elal des Tehuelches chassait avec une flèche et, en guise de punition pour avoir pris des enfants, ils lui enlevait toutes les plumes de la tête.

Actuellement, pour certaines personnes du nord-ouest de l’Argentine, le condor est un animal d’une grande importance religieuse. La légende andine (argentino-chilienne) dit que le condor ne vieillit jamais. Lorsqu'il sent que ses forces s'épuisent, il se perche sur le pic le plus haut et le plus saillant, replie ses ailes, rassemble ses pattes et se laisse plonger au fond des ravins, où finit son règne. Mais d'autres disent que le condor ne meurt jamais, que lorsqu'il se sent vieux, il retourne au nid, où il renaît.

L'image du condor en tant que dieu atmosphérique ou messager du « monde d'en haut » s'explique dans le sens où l'oiseau vit dans les airs, traverse l'espace, coupe les vents et monte jusqu'aux plus hauts sommets, presque inaccessibles à l'homme. (*)

(*) Source : La magie du condor. Le condor andin comme patrimoine naturel et culturel, par Sandra Gordillo, publié dans la ville de Córdoba, Argentine, en 2000.

Différentes représentations réalistes de condors (source)