Pérou : Sans eau, vivre au milieu de l'eau - Reportage de Radio Ucamara
Publié le 12 Décembre 2023
Bien que le Pérou soit l'un des 20 pays les plus riches du monde en eau douce, dans la région de Loreto, 55 % de la population n'a pas accès à l'eau potable et 64 % n'a pas accès aux égouts, ce qui en fait l'un des pires départements en termes d'assainissement et de services de base.
Si l'on examine la situation dans les districts de Loreto, la situation est encore plus grave. Quatre districts : Jeberos, Rosa Panduro, Yaguas et Cahuapanas n'ont pas accès à l'eau et aux égouts, et dans plus de 56% des districts, seulement 20% de la population a accès à l'eau, parfois avec un accès très limité (données du centre national de planification stratégique CEPLAN).
Parmi les 25 régions du pays, Loreto arrive en tête avec le plus grand déficit d'accès à l'eau potable du réseau public et, dans les villages de Marañón, Corrientes, Tigre, Chambira, cette situation est compliquée par les marées noires (rapport technique de l'INEI sur l'accès à l'eau) ... Sans eau, vivre au milieu de l'eau.
Le droit humain à l'eau potable, en particulier pour les peuples indigènes, a été historiquement nié par l'État et les gouvernements en place. Dans les communautés du Marañón et d'autres bassins fluviaux, les gouvernements nationaux et locaux ont alloué des millions de soles à des projets d'investissement dans l'eau potable ; beaucoup de ces projets n'ont fonctionné qu'un jour et la plupart n'ont pas été exécutés à 100 %.
Depuis 2012, les demandes des organisations indigènes ont conduit à la formation de commissions multisectorielles et de tables rondes de dialogue, à la prise de divers engagements et à la signature de procès-verbaux afin de répondre aux demandes en matière d'eau potable, d'assainissement et autres. Les déclarations d'urgence sanitaire, le diagnostic et le plan visant à combler les lacunes de la population dans le secteur pétrolier font également partie de la réaction de l'État aux demandes des organisations de s'occuper des populations touchées par les déversements de pétrole dans les bassins fluviaux et les cours d'eau.
En réponse à ces engagements, le ministère du logement a installé des stations d'épuration provisoires dans 65 communautés autochtones des quatre bassins fluviaux, qui devaient être remplacées par des stations permanentes, mais à ce jour, très peu ont été installées. Cette option a été remplacée par le projet de récupération des eaux de pluie, malgré le rejet de certaines communautés et fédérations qui ne garantissaient pas les paramètres de qualité de l'eau. Le Loreto présente une série de problèmes liés à la consommation d'eau ; les maladies diarrhéiques aiguës, l'anémie, les parasitoses et la malnutrition chronique sont les conséquences du manque de services de base.
Des entreprises telles que Consorcio Único ont été favorisées par le ministère du logement en obtenant plusieurs contrats ; des projets de collecte des eaux de pluie devaient être exécutés dans quatre communautés du bas Marañón, qui n'ont malheureusement pas été achevés depuis plus d'un an malgré les demandes répétées des autorités. Sur les 21 projets de collecte des eaux de pluie, plus de la moitié n'ont pas été menés à bien.
Pendant toutes ces années, l'État continue de mettre à disposition des ressources pour l'exécution de projets d'eau et d'assainissement dans les villes de Loreto, mais son manque d'intérêt pour la supervision et le contrôle de la bonne utilisation de l'argent qu'il alloue pour répondre à ces besoins est préoccupant. À Loreto Nauta, le ministère du logement exécute un projet d'investissement de plus de 160 millions de soles qui aurait dû être achevé en mai 2022. Ce projet aurait dû bénéficier à 30 000 habitants, mais ce chiffre n'est pas exact car bon nombre de conseils de quartier n'ont pas été inclus dans le dossier technique.
En cette année 2023, la Cour constitutionnelle a rendu un arrêt historique, qui reconnaît et oblige l'État et ses entités compétentes à garantir le droit à l'eau et à l'assainissement, sur la base du cas de l'AA.HH. Iván Vázquez Valera et 21 de septiembre à Iquitos, où des centaines de familles vivent au bord des égouts, au milieu de toutes sortes de déchets déversés par ESS SALUD, Petroperú et la municipalité elle-même. Ce jugement met en lumière non seulement le cadre juridique dans lequel les habitants sont protégés pour faire valoir leurs droits, mais aussi un système public qui ne sait pas faire les choses correctement.
Il est impossible de penser qu'à Loreto, l'un des endroits qui a généré les plus grands profits économiques pour le Pérou, même pas 50 % de la population totale ait accès à une eau décente et de qualité. Plus de 50 ans d'extraction pétrolière, où l'on nous a vendu l'idée de progrès et de développement, et les mères de Loreto, qui vivent encore dans le pays, n'ont pas accès à l'eau.
traduction carolita