L’oiseau sawakuk et la vannerie

Publié le 15 Mars 2024

On retrouve de nombreux mythes expliquant comment les hommes purent acquérir grâce à divers animaux la liane à nivrée, le feu, des plantes magiques (appelées taya chez les Wayãpi).

De la même manière, les Palikur acquirent les techniques de vannerie grâce à un ancêtre qui, s’étant marié avec une femme oiseau cassique cul jaune (Cacicus cela), a appris à tresser avec ce peuple et a ainsi pu enseigner ce savoir technique à ses compatriotes.

C’est depuis ce temps que les Palikur tressent leurs ouvrages comme le font ces oiseaux pour leurs nids. Voici comment de nos jours encore, les Palikur se souviennent de cet épisode mythique :

cassique cul-jaune Par Félix Uribe, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=81342527

cassique cul-jaune Par Félix Uribe, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=81342527

L’oiseau sawakuk et la vannerie

 

Par Leofleck de en.wikipedia.org, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4525962

Il y a très longtemps les Palikur ne savaient pas tresser la vannerie. Un jour, un homme palikur se maria avec une femme oiseau sawakuk. À cette époque il n’y avait pas de différence entre les Hommes et les Animaux, ils pouvaient se comprendre et se marier ensemble. Cet homme prit donc une épouse chez les oiseaux sawakuk qui étaient de grands vanniers.

Un jour, le beau-père demanda à sa fille que son mari palikur construise un beau carbet bien tressé avec de jolis dessins comme c’était la tradition. Or les Palikur à cette époque ne connaissaient pas l’art de la vannerie, c’est donc le petit beau-frère [le frère de l’épouse] qui apprit à l’homme comment tresser un beau carbet.

Il dit: — Il faut tresser comme cela et comme cela car mon père sait très bien tresser et aime le bon tressage. Et puis, il faut qu’il soit fier de toi si tu veux rester ici.

L’homme palikur apprit donc à tresser et construisit un beau carbet avec de jolis dessins pour lui et son épouse. Le lendemain, le père sawakuk vint inspecter le carbet pour voir si l’homme palikur était capable de faire un beau carbet.

Il dit: — Je suis fier de toi, mon gendre, tu sais maintenant tresser aussi bien que nous.

Un jour la pluie se mit à tomber très fort et le vent à souffler violemment si bien que tous les carbets du village sawakuk se cassèrent et tombèrent dans l’eau. La femme sawakuk se mit à crier très fort car elle ne retrouvait pas son fils qui était tombé dans l’eau. À force de crier tous de concert ils se métamorphosèrent en oiseaux et s’envolèrent dans les grands arbres.

Mais l’homme resta un Paykwene, un Palikur. Il rentra donc dans son village natal et enseigna à ses frères comment tresser les vanneries. C’est depuis ce temps que les Palikur connaissent l’art de la vannerie.

On reconnaît les oiseaux sawakuk car ils tressent toujours des nids en forme de couleuvre à manioc et habitent dans les grands arbres. Depuis ils ne peuvent plus parler avec les Hommes mais connaissent toujours le langage de tous les oiseaux. Ce sont de grands imitateurs.

Récit d’Iniacio ANTONIO FELÍCIO recueilli le 21 mai 2002 au village Kamuyene de Tonate-Macouria, adapté du franco-créole.

source

https://excerpts.numilog.com/books/9782844504050.pdf

 

L'oiseau

 

Nom français : cassique cul-jaune

Nom latin : cacicus cela

Nom palikur : sawakuk

Famille : ictéridés

XENO CANTO (chant et répartition)

 

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