Brésil : Catastrophe amazonienne
Publié le 12 Octobre 2023
Márcio Santilli, partenaire fondateur de l'ISA, évalue les impacts de la plus grande sécheresse depuis des années en Amazonie et sa relation avec le changement climatique et appelle à des politiques efficaces pour atténuer la situation.
Márcio Santilli - Partenaire fondateur de l'ISA
@MarcioSantilli
Mercredi 11 octobre 2023 à 12h30
Article initialement publié sur le portail Mídia Ninja, le 10/10/2023
Les effets de « La Niña » avaient à peine cessé que son inverse, « El Niño », commençait à opérer, renversant une situation de sécheresse du nord de l'Argentine jusqu'au Rio Grande do Sul à une situation de tempêtes et d'inondations, tandis qu'en Amazonie et dans le Nord-Est, les inondations ont cédé la place à une sécheresse d'une intensité historique.
Il s’agit de phénomènes naturels, résultant respectivement du refroidissement et du réchauffement excessifs de la température des eaux du Pacifique équatorial, qui se répètent à intervalles de quatre à sept ans. C’est dans le contexte d’un « El Niño » que s’est produite, en 2010, la plus grande sécheresse enregistrée dans le nord du pays. Cependant, les scientifiques soulignent qu'en 2023, ses effets seront aggravés par le réchauffement anormal simultané des eaux de l'Atlantique équatorial, qui inhibe la formation de pluie qui progresserait à travers l'Amazonie.
La température moyenne des océans n’a jamais été aussi élevée. Septembre a été le mois le plus chaud jamais enregistré. Ces dernières semaines, le record de température à Manaus (AM) a été battu à trois reprises. L’effet de serre, provoqué par l’accumulation excessive de gaz polluants dans l’atmosphère, aggrave les impacts des phénomènes climatiques naturels.
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Sécheresse sur le fleuve Amazone, près de Manaus (AM), septembre 2023 📷 Cadu Gomes/VPR
Tout manque
À mesure que la sécheresse s’aggrave, les rivières en crue se transforment en cours d’eau, assèchent les lacs, rendent la navigation difficile et isolent les villes et les communautés. L'état d'urgence a été déclaré dans 42 municipalités d'Amazonas. Des centaines de milliers de personnes sont concernées. Il y a un manque de nourriture et d'eau potable, les malades sont laissés sans surveillance, les enfants ne peuvent pas se rendre à l'école.
Des millions de poissons sont pratiquement cuits. Les eaux du lac Tefé (AM) ont atteint 40 degrés, tuant 125 dauphins. Aujourd'hui, il est asséché et il est désormais possible de le traverser à pied ou en moto jusqu'à la ville voisine d'Alvarães. Les communautés ont été détruites par le phénomène des « terres tombées », des glissements de terrain le long des berges des rivières provoqués par l'érosion. D’autres déménagent de leurs propres mains vers des endroits plus sûrs.
Si la situation ne s'inverse pas dans les semaines à venir, le flux de production industrielle de la zone franche de Manaus sera compromis, ce qui devrait affecter les stocks d'électronique pour les ventes de Noël dans d'autres villes du pays.
Cependant, les scientifiques prédisent que l’influence de cet « El Niño » s’étendra jusqu’à la mi-2024, déterminant un volume plus faible lors de la prochaine période de pluie, jusqu’à la prochaine sécheresse. Il est donc peu probable que la nature se rétablisse en moins de deux ans, prolongeant ainsi les souffrances de la population. Par exemple, qu’arrivera-t-il aux milliers de personnes qui vivent de la pêche et qui sont déjà durement touchées ?
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Réchauffement des eaux dans le Pacifique équatorial pendant « El Niño », 10/03/2023 📷 NOAA / USA
Manque de vision
Les dirigeants politiques des États les plus touchés par la sécheresse en constatent les effets immédiats et sont exhortés par la population à réagir. N'ayant aucune stratégie pour faire face à la crise climatique, ils tentent de responsabiliser le gouvernement fédéral, en utilisant comme devise les conditions infranchissables de la BR-319, qui relie Porto Velho (RO) à Manaus (AM).
Le centre de cette manipulation est le ministère de l'Environnement, qui conditionne l'inclusion du revêtement routier dans le Plan d'accélération de la croissance (PAC), qui définit les priorités d'investissement dans les infrastructures, les mesures de contrôle de la déforestation et de soutien au développement régional durable. Mais la route est en mauvais état depuis de nombreuses années et les travaux, sur les tronçons déjà autorisés, sont au point mort en raison d'une mauvaise gestion des ressources budgétaires.
Et une évidence : même si les travaux reprenaient immédiatement, leur achèvement prendrait plus de temps que la durée prévue pour l'actuel « El Niño ». Cela signifie que, quel que soit son mérite, la discussion sur la BR-319 ne rentre pas dans la définition des mesures d'urgence pour faire face à la sécheresse en cours.
La dissimulation pourrait permettre aux dirigeants régionaux de tromper leur public pendant un certain temps encore. Mais c’est une attitude qui ignore les problèmes, leurs causes, leur confrontation, alors que leurs auteurs apparaissent ignorants et aliénés. Le déni de commodité souffre de l’impact de la sécheresse.
traduction caro d'un article paru sur le site de l'ISA le 11/10/2023
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O sócio fundador do ISA Márcio Santilli avalia os impactos da maior seca em anos na Amazônia e suas relações com as mudanças climáticas e cobra políticas eficazes para mitigar a situação
https://www.socioambiental.org/noticias-socioambientais/catastrofe-amazonica