Compañero Presidente Allende, 50 ans après

Publié le 11 Septembre 2023

Tragique 11 septembre : le président chilien Salvador Allende, élu depuis trois ans, se suicida dans le palais de la Moneda tandis que l’armée, conduite par le général putschiste Pinochet, l’encerclait. S’ensuivit le régime militaire et dictatorial que l’on sait, appuyé par le pouvoir nord-américain (plus de 3 000 exécutions, entre 30 et 40 000 personnes torturées, 130 000 détentions et des centaines de milliers d’exilés). Nous publions aujourd’hui un extrait d’un entretien mené et publié en 1971, introuvable sur Internet, entre Allende et Régis Debray — le second, alors auteur de Révolution dans la révolution ?, sortait de quatre années de détention en Bolivie. Un échange prémonitoire, à la lumière du coup d’État de 1973.

la suite

 Allende de Pablo Neruda

 

Mon peuple a été le peuple le plus trahi de notre temps. Du fond des déserts du salpêtre, des mines du charbon creusées sous la mer, des hauteurs terribles où git le cuivre qu’extraient en un labeur inhumain les mains de mon peuple, avait surgi un mouvement libérateur, grandiose et noble. Ce mouvement avait porté à la présidence un homme appelé Salvador Allende, pour qu’il réalise des mesures de justice urgentes et arrache nos richesses nationales des griffes étrangères.

(…) le Chili a une longue histoire civile qui compte peu de révolutions et beaucoup de gouvernements stables, conservateurs et médiocres. De nombreux présidaillons et deux grands présidents : Balmaceda et Allende. Curieusement, l’un et l’autre sortent du même milieu : la bourgeoisie riche, qui se fait appeler chez nous « aristocratie ». Hommes de principes, obstinés à rendre grand un pays amoindri par une oligarchie médiocre, ils eurent la même fin tragique. Balmaceda fut contraint au suicide parce qu’il refusait de livrer aux compagnies étrangères nos riches gisements de salpêtre. Allende fut assassiné pour avoir nationalisé l’autre richesse du sous-sol chilien : le cuivre. Dans les deux cas, les militaires pratiquèrent la curée. Les compagnies anglaises sous Balmaceda, les trusts nord-américains sous Allende, fomentèrent et financèrent des soulèvements d’état-major.

Dans les deux cas, les domiciles des présidents furent mis à sac sur l’ordre de nos distingués « aristocrates ». les salons de Balmaceda furent détruits à coups de hache. La maison d’Allende, avec le progrès, fut bombardée par nos héroïques aviateurs.

)…) Allende ne fut jamais un grand orateur. Gouvernant, il ne prenait aucune décision sans consultations préalables. Il était l’incarnation de l’anti-dictateur, du démocrate respectueux des principes dans leur moindre détail. Le pays qu’il dirigeait n’était plus ce peuple novice de Balmaceda, mais une classe ouvrière puissante et bien informée. Allende était un président collectif ; un homme qui, bien que n’étant pas issu des classes populaires, était un produit de leurs luttes contre la stagnation et la corruption des exploiteurs. C’est pourquoi l’œuvre réalisée par Allende dans un temps si court est supérieure à celle de Balmaceda ; mieux, c’est la plus importante dans l’histoire du Chili. La nationalisation du cuivre fut une entreprise titanesque. Sans compter la destruction des monopoles, la réforme agraire et beaucoup d’autres objectifs menés à terme sous son gouvernement d’inspiration collective.

Les œuvres et les actes d’Allende, d’une valeur nationale inappréciable, exaspérèrent les ennemis de notre libération. Le symbolisme tragique du palais du gouvernement, on na pas oublié la Blitzkrieg de l’aviation nazie contre des villes étrangères sans défense, espagnoles, anglaises, russes ; le même crime se reproduisait au Chili ; des pilots chiliens attaquaient en piqué le palais qui durant deux siècles avait été le centre de la vie civile du pays.

J’écris ces lignes hâtives pour mes Mémoires trois jours seulement après les faits inqualifiables qui ont emporté mon grand compagnon, le président Allende. On a fait silence autour de son assassinat ; on l’a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autorisée à accompagner son cadavre immortel. La version des agresseurs est qu’il l’on découvert inanimé, avec des traces visibles de suicide. La version publiée à l’étranger est différente. Aussitôt après l’attaque aérienne, les tanks –beaucoup de tanks- sont entrés en action, pour combattre un seul homme : le président de la République du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son cœur généreux, entouré de fumée et de flammes.

L’occasion était belle et il fallait en profiter. Il fallait mitrailler l’homme qui ne renoncerait pas à son devoir. Ce corps fut enterré secrètement dans un endroit quelconque. Ce cadavre qui partit vers sa tombe accompagné par une femme seule et qui portait toute la douleur du monde, cette glorieuse figure défunte s’en allait criblée, déchiquetée par les balles des mitrailleuses. Une nouvelle fois, les soldats du Chili avaient trahi leur patrie.

Pablo Neruda (J’avoue que j’ai vécu)

 

 

Neruda-Allende.jpg Fotos para la reseña del libro "Pablo Neruda. Álbum, galería de más de 450 imágenes" Pablo Neruda, Álbum - Fotos Presentación del Libro Neruda

Patricio Manns: Allende. La dignidad se convierte en costumbre (2003)

 

Album anthologique de Patricio Manns qui rassemble des chansons en hommage à Salvador Allende, Miguel Enríquez, Bautista Van Schouwen et Che Guevara, en plus d'autres compositions où les thèmes politiques prédominent. Il comprend une version inédite de "La dignidad se convierte en costumbre", une chanson dédiée à Bautista Van Schouwen, leader du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) disparu en décembre 1973, qui a été enregistrée avec l'Orchestre symphonique de Cuba en 1974. Le reste des chansons appartient aux albums América novia mía (2000), Canción sin límites (1977), Patricio Manns (1971), Con la razón y la fuerza (1982) et La muerte no va conmigo (1986). Il est sorti au Chili sous le label Alerce en 2003. Toutes les chansons appartiennent à Patricio Manns, tant au niveau des paroles que de la musique, à l'exception de "La muerte no va conmigo", qui est le résultat d'une coécriture entre Manns et Horacio Salinas.

01. Allende [Patricio Manns] (4:24)
02. Carta abierta al interior de Chile [Patricio Manns] (4:18)
03. Su nombre ardió como un pajar [Patricio Manns] (3:42)
04. La dignidad se convierte en costumbre [Patricio Manns] (3:53)
05. Morimos solos [Patricio Manns] (3:35)
06. Manifiesto esencial [Patricio Manns] (3:00)
07. El Che [Patricio Manns] (4:36)
08. Con la razón y la fuerza [Patricio Manns] (3:03)
09. Cuando me acuerdo de mi país [Patricio Manns] (4:08)
10. La muerte no va conmigo [Patricio Manns – Horacio Salinas] (2:17)
11. Concierto de Trez-Vella [Patricio Manns] (13:12)

Sélection de chansons

 

A Salvador Allende d'Oscar Chávez

Canción al presidente d'Andrés Jimenez

Canción a Salvador Allende d'Angel Parra

A Salvador Allende en su combate por la vida  de Pablo Milanés

Che Salvador de César Isella

Compañero presidente de Quilapayun

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Chili, #Devoir de mémoire, #50 ans du coup d'état

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