L'univers Ernest Pignon-Ernest : La Brigade Internationale des Peintres Antifascistes BIPA et le Chili

Publié le 23 Août 2023

image trouvée sur fb

 

BIPA

Brigada Internacional de Pintores Antifascistas (Brigade Internationale des Peintres Antifascistes, BIPA)

En 1975 Ernest Pignon-Ernest part pour Venise avec des peintres de 12 pays dont Julio Le Parc, José Balmes, José Gamarra, Guillermo Nuñez, Henri Cueco, Ernest Pignon-Ernest, Michèle Blondel, Gontran Netto, Vittorio Basaglia, Davide Boriani, Romano Perusini, Joop Van Miel, Vincenzo Eulisse, Alejandro Marcos, la plupart appartenaient à d’autres brigades et poursuivaient leur action pour le Musée de la Résistance. EPE participe à des peintures murales dans le cadre de manifestation de solidarité avec le peuple chilien.

  • Le premier mural mesure 12 mètres de large, il est créé sur le port de Venise pour soutenir le boycott du transport maritime vers le Chili de Pinochet par les ouvriers du port ;
  • un deuxième se trouve à Athènes, réalisé dans le cadre du Congrès International de Solidarité avec le Chili et
  • le troisième mesurant 20 mètres de large a été réalisé à Paris à la demande du Musée de la Résistance Salvador Allende.

Les documents sur le BIPA sont rares et il n'a pas été possible de préciser combien de travaux réalisés par les brigades correspondent réellement au BIPA.

 

(....) Avec la Brigade des Peintres Antifascistes, nous avons peint plusieurs fresques. En 1975, nous avons fait une fresque dans le port de Venise, sur le bâtiment des dockers. J’ai des piles de coupures de journaux à Ivry au sujet de tous ces travaux. A Athènes, nous avons fait un travail dans le cadre du Congrès international de solidarité avec le Chili. Je me souviens que la police nous avait arrêtés. Nous étions dix et j’étais le seul à posséder un passeport. Tous les autres étaient réfugiés politiques. Ils ont dû se demander ce que c’était que ce groupe qui débarquait. Ils nous ont enfermés pendant des heures dans un local, jusqu’au moment où ils ont téléphoné à Mme Allende qui était aussi à Athènes et qui s’est portée garante de nous.

En 1977, nous avons fait des peintures dans le parc de la Pépinière de Nancy, lors du festival de théâtre. On y est restés plusieurs jours. Il y avait Julio Le Parc, José Balmes, Gracia Barrios, Alejandro Marcos, Netto. J’ai beaucoup travaillé avec les artistes chiliens, nous avons fait un nombre incroyable de fresques ensemble. En tout, j’ai dû faire entre 15 et 20 fresques avec Balmes et Gracia Barrios.

Nous nous rendions souvent à Tulle pour peindre des fresques avec Peuple et Culture, une association proche du PCF. Un jour, il m’est même arrivé de concevoir une fresque tout seul ! Il faut dire qu’ils étaient quand même bordéliques ces Chiliens…

Une fois, les copains de la CGT nous avaient commandé une fresque pour la Bourse du Travail de Rouen. Ils m’ont rappelé un jour, pour m’informer que la fresque allait être inaugurée le lendemain, en présence de personnalités chiliennes. J’ai appelé Balmes pour qu’on se mette au travail, mais ils (les Chiliens) étaient tous partis faire des fresques ailleurs ! Alors, je suis parti à Rouen avec ma voiture, et j’ai travaillé toute la nuit, seul. Je n’avais pas vraiment le choix, la CGT avait prévu d’inaugurer la fresque le lendemain. Une camarade chilienne qui était avocate, est venue me rejoindre au matin pour m’aider un peu à peindre. Comme cela, on pouvait dire qu’au moins une Chilienne avait participé ! (rires). Enfin, cette histoire n’est qu’une anecdote.

Une année, avec ma compagne Yvette, nous avons organisé au festival d’Avignon, une ou plusieurs journées sur le thème du Chili. Nous avons peint avec d’autres artistes une fresque de 50 mètres. Nous avons organisé un spectacle avec Paco Ibañez, Francesca Solleville et Colette Magny qui était à mon avis, la plus grande chanteuse de l’époque. C’était une femme de caractère et très politisée. Elle adhérait au PCF, elle arrachait sa carte, elle ré-adhérait... Bref, j’avais réuni des artistes français et chiliens à cette occasion, et on a fait une sorte de chorégraphie plastique ; on peignait des extrémités vers le centre, en se rejoignant (....) 

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01858326/file/lebeau_elodie_M22016.pdf Entretien avec Ernest Pignon-Ernest le 14 janvier 2016

Au sujet des brigades au Chili

 

Pendant les trois années du gouvernement de l’Unité populaire du Chili (1970/1973) se développe l’éclosion de formes de créations artistiques dont fait partie l’art mural, si bien que Pablo Neruda s'écrie  : "La patrie s'emplit de couleurs!".

Son livre Le chant général n'était pas étranger à cette éclosion artistique qui fleurit durant cette période où l'art populaire reprend du terrain, aussi bien dans la chanson traditionnelle et le folklore retrouvé que dans l'art mural exprimé à travers les brigades.

A partir de 1960 des expositions individuelles, des travaux collectifs ont pour thème le Vietnam, la paix, la discrimination raciale aux USA, toutes prises de conscience de la part des peintres, sculpteurs, graveurs. Ces artistes se mobilisent politiquement pour le candidat de la gauche.

Les premières fresques sont nées dans le projet de Pablo Neruda, candidat à la présidentielle de l’Unité populaire et elles seront propagées par la suite quand Salvador Allende sera élu en 1970.

Au début les critères n’étaient pas esthétiques, c’était indispensable de délivrer un message aux passants ordinaires, les interpeller.

Les premières peintures murales sont peintes dans des lieux stratégiques et précis, communes emblématiques et marginales. Les graphismes s’inspirent d’une iconographie qui inclut des éléments clés tels le poing, l’étoile, l’oiseau et les travailleurs.

 

Brigada Ramona Parra

 

En 1968 naît la brigade Ramona Parra qui rassemble des étudiants et des ouvriers rassemblés autour du soutien au Vietnam. La BRP, le nom donné à cette brigade muraliste du parti communiste chilien (PCC) porte le nom de Ramona Parra donné en l’honneur d’un jeune militant du parti tué lors d’une manifestation dans la plaza Bulnes (Santiago) le 28 janvier 1946. La brigade est créée suite à une résolution du VIe congrès de la jeunesse communiste chilienne (JJCC).....

 

Musée de la solidarité au Chili

 

Roberto Matta et des autorités lors du vernissage de la peinture murale "Le 1er but du peuple chilien" qu'il réalisa avec la brigada Ramona Parra. photo zig zag

Les artistes du monde entier expriment leur soutien et leur admiration au gouvernement du président Allende et à l’effort économique et culturel qu’il met en place. Environ 1000 œuvres, dessins, toiles, gravures, sculptures arrivent au Chili pour composer le musée d’art contemporain. Le plus important de toute l’Amérique latine. Un cas unique dans l’histoire de l’art. On y trouve alors des œuvres de Picasso, Miro, Calder, Siqueiros, Moore, Tapies Frank Stella, Pignon, Vasarely etc….

 

en savoir plus avec cet article : Art mural au Chili, les brigades à l'action

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