Pérou : Manœuvres et chantage menacent les droits des personnes vulnérables

Publié le 2 Juin 2023

Publié : 31/05/2023

Servindi, le 31 mai 2023.- L'Association interethnique pour le développement de la selva péruvienne (Aidesep) a dénoncé les manœuvres et le chantage politique menés par le Congrès de la République pour favoriser des intérêts subordonnés même au prix d'une atteinte aux droits fondamentaux des peuples.

Le Parlement, après la crise politique et sociale, a à l'ordre du jour d'approuver un ensemble de lois néfastes qui menacent les forêts, les peuples autochtones et en particulier contre les peuples en isolement et en premier contact (Piaci).

Malgré le fait qu'ils soient les peuples les plus vulnérables de la planète, les Piaci sont la cible d'une offensive impitoyable de groupes désireux d'ignorer leur existence pour pénétrer sur leurs territoires afin de mener des activités extractives.

Ces groupes anti-droits s'articulent avec des secteurs politiques qui, depuis le Congrès, gèrent les destinées du pays, en passant par le pouvoir exécutif qui suit leurs directives.

Aidesep annonce une plainte auprès de la Commission interaméricaine des droits de l'homme et demande aux gouvernements de Bolivie, du Brésil et de Colombie d'intervenir, car le génocide des Piaci au Pérou les poussera vers leurs frontières, aggravant le conflit et la violence avec d'autres peuples dans leurs pays.

De même, elle alerte les gouvernements de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de la Norvège et des États-Unis, entre autres, sur le projet de loi 3518-2022 qui est génocidaire envers les PIACI et que le gouvernement régional de Loreto promeut main dans la main avec les membres du Congrès de Fujimori.

Les pays qui contribuent à la lutte contre la crise climatique doivent savoir que le Congrès entend ratifier l'autographe de la loi qui modifie la loi forestière pour favoriser les concessions forestières, la promotion de la colonisation et l'expansion de l'agro-industrie.

L'autographe en question ne ferait que favoriser la déforestation des forêts tropicales, le changement d'utilisation des terres forestières et aggraverait les engagements nationaux du Pérou dans la lutte contre le changement climatique.

Aidesep dénonce également l'assaut d'entreprises et d'ONG qui cherchent à signer des accords avec des fédérations et des collectivités sur des crédits ou des crédits carbone, sans information adéquate ni transparence.

Pour cela, elle demande au Ministère de l'Environnement (Minam) d'accélérer le processus d'examen de la proposition de Registre National des Mesures d'Atténuation (RENAMI), qui permettrait d'avoir plus de filtres pour prévenir l'augmentation des mauvaises pratiques ou du piratage du carbone.

Aidesep appelle le gouvernement à renforcer et promouvoir la gestion communautaire des forêts menée par les communautés et les peuples autochtones, dans la gestion et l'utilisation des ressources forestières et fauniques.

À cette fin, elle demande de promouvoir et de mettre en œuvre l'Agenda forestier autochtone, en donnant la priorité à la création de la Direction générale de la gestion des forêts communautaires au SERFOR, et de montrer aux tiers dans les permis forestiers avec les communautés qu'ils appliquent la responsabilité solidaire.

De même, mettre en place les Unités Techniques de Gestion des Forêts Communautaires avec les ressources nécessaires pour desservir les communautés des bassins versants prioritaires.

Mettre en place également la Régie Publique Libre des Forêts pour la Gestion des Forêts Communautaires et reconnaître les Comités Communautaires de Surveillance articulés à l'action de l'Etat.

La déclaration d'Aidesep soutient les 17 points de la "Déclaration des défenseurs des peuples autochtones de l'Amazonie péruvienne" et appelle à un financement spécifique pour le travail articulé.

Seul cela permettra aux meurtriers des frères indigènes assassinés d'être traduits en justice, emprisonnés et punis, et d'arrêter les mafias liées à l'exploitation minière illégale, au trafic de drogue, à l'exploitation forestière illégale, au trafic de terres et à la corruption dans les gouvernements régionaux et locaux.

Enfin, Aidesep réaffirme son Grand Agenda pour avancer sur des questions clés pour la protection de l'Amazonie, parmi lesquelles la création du vice-ministère des peuples autochtones à la Présidence du Conseil des ministres et la création de la circonscription électorale indigène, parmi lesquelles autres.

De la même manière, elle exige que les programmes de la Banque interaméricaine de développement (BID) sur la bioéconomie ne privilégient pas les grandes entreprises, mais qu'ils privilégient les économies communautaires et une approche autonome et durable.
 

Ci-dessous le communiqué complet d'Aidesep : Déclaration-CCA-26.05.23

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 31/05/2023

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