Pérou : Hugo Blanco, nous attend sur la route
Publié le 27 Juin 2023
Par : José Luis Aliaga Pereira Publié : 26/06/2023
Source de l'image : https://correspondenciadeprensa.com/?p=12453
"Nous sommes sûrs que nous sentirons toujours sa vitalité, et nous serons constants comme l'a été la Tayta, en suivant ses pas jusqu'à la victoire".
Hugo Blanco, nous attend sur la route
Par José Luis Aliaga Pereira*
"Où est Juan Pariona, sirène de la rivière ?
On dit qu'il se tient sur les rochers,
sirène de la mer.
- Il n'est pas debout, et son ombre n'existe pas, sirène du lac !
- Dans le sanctuaire des pics, ne serait-il pas agenouillé, sirène de la rivière ?
- Seules les colonnes de pierre sacrées
sans pleurer personne existent sirène de la mer.
- En crécerelle ou en épervier converti, ne serait-il pas en train de tournoyer dans le ciel,
sirène du lac ?
- L'épervier et la crécerelle volent en silence sans répondre à personne,
ils volent, sirène, ma colombe.
- Puis coures creuser la terre du cimetière, sirène de la cascade.
- Oui, père, oui, frère, dans la terre muette, est descendu le poids invincible d'une croix, Juan Pariona, Juancito Pariona, est, sirène de la mer.
- Rompez donc, hommes, jeunes gens, hommes ! C'est le poids invincible d'une croix, sirène de la mer.
- Là, là, Juan Pariona !
sans pieds, sans mains, sans yeux, sans bras, ma sirène, Huaaaay ! (...)".
Ainsi, dans l'hymne de la k'chula, on se souvenait des mozos décédés au cours de l'année, on leur rendait hommage et on les faisait participer à la fête.
Source : extrait de l'ouvrage "Todas las Sangres", de José María Arguedas. Page 49, Editorial Horizonte.
C'est vrai, dans chaque coin de la lutte pour la justice, une personne sera là, souriante, enseignant ce qu'elle a toujours enseigné : défendre son territoire.
Celendín l'a vu marcher dans ses rues, ses routes et ses lacs ; certains l'ont peut-être croisé et ne l'ont remarqué que parce qu'il portait un chullo et des llanques ; mais ceux qui connaissent la politique péruvienne n'ont jamais été surpris par la démarche de cet homme qui a été condamné à mort pour avoir voulu libérer la terre des exploiteurs et qui est venu fouler le sol de Celendín.
Marle Livaque Tacilla, l'un des leaders les plus constants de la défense des sources de notre bassin fluvial, nous raconte comment il l'a rencontré dans les lagunes de Conga : il portait un lourd sac à dos ; il s'est approché de lui pour alléger le pas du vieil homme - pensait-il -, en essayant de l'aider. En souriant, il lui a dit qu'il avait encore la force de le porter. Plus tard, à un autre moment et en un autre lieu, le même, avec le même sac à dos et le même poids, plus près du leader cusqueño, accepta son aide et put constater qu'à son âge, il portait plus de 20 kilos sur son dos, comme un jeune homme de 20 ans. Livaque a sué tout le long du chemin. C'est lors de la marche sur l'eau, près de Lima, qu'il l'a vu nager, calmement, avec une rapidité et un style enviables, dans une piscine. À partir de ce moment, leur amitié et leur admiration grandissent de jour en jour. Chaque fois qu'Hugo Blanco arrivait sur le sol celendino, il se rendait directement chez le professeur et rondero celendino.
De nombreuses anecdotes peuvent être racontées sur cet homme au grand cœur et courageux. J'en relaterai une. Un jour, en pleine bataille, il distribua, parmi les soldats qui avaient militarisé Celendín, un message écrit qu'il avait photocopié pour cette tâche et qui décrivait clairement ce qu'un soldat au service de son pays devait défendre : son territoire. Les officiers, conscients de ce fait, interdisaient aux soldats de rang inférieur de se promener dans les rues pendant leurs jours de congé, car c'est à ce moment-là qu'ils recevaient cette lettre.
José Luis Aliaga Pereira avec le légendaire combattant social Hugo Blanco Galdós, icône des luttes paysannes, indigènes et environnementales au Pérou.
À Celendín vit jusqu'à présent l'école qui a été créée avec son nom et en l'honneur de son histoire, l'école des leaders "Hugo Blanco", qui en août prochain célébrera un autre jour de lutte. Hugo Blanco Galdós nous a accompagnés à plusieurs de ses versions qui ont eu lieu à la Casa de Promotores de la province et au cours desquelles, également, nous avons eu la chance qu'il présente son livre "Nosotros los indios", devant des ronderos, des paysans et des professeurs, sans pompe d'aucune sorte.
J'ai rencontré Hugo Blanco dans la ville de Lima, lorsqu'il était plus jeune et qu'il apparaissait sur les écrans de télévision en train d'attraper la sagrada hoja de coca. Il était sénateur et député. Plus tard, pour ma plus grande chance et celle de beaucoup d'entre nous qui aimons notre terre, nous étions avec lui dans la marche de l'eau, défendant les sources du bassin fluvial. Aujourd'hui, comme le raconte Arguedas dans son ouvrage "Todas las Sangres", nous sommes sûrs de toujours ressentir sa vitalité et d'être cohérents, comme l'a été le Tayta, en suivant ses traces jusqu'à la victoire.
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* José Luis Aliaga Pereira est un communicateur et un écrivain de Cajamarca. Il est l'auteur du livre "Grama Arisca, cuentos, relatos y anécdotas" et de la longue nouvelle "El milagroso Taita Ishico". Il publiera bientôt "El cazador de viudas frescas y otros cuentos".
traduction caro d'un texte de José Luis Aliaga Pereira paru sur Servindi.org le 26/06/2023
Hugo Blanco, nos espera en el camino
estamos seguros de que sentiremos siempre su vitalidad, y seremos consecuentes como lo fue el Tayta, siguiendo sus pasos hasta la victoria.
https://www.servindi.org/actualidad-opinion/26/06/2023/hugo-blanco-nos-espera-en-el-camino