Inde : Le peuple isolé Shompen
Publié le 25 Juin 2023
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Peuple autochtone dont la plupart des membres vit en isolement volontaire et qui est le peuple premier de la Grande Nicobar en Inde. Ils vivent dans la partie ouest de l’île. Ils contactent des personnes extérieures uniquement quand ils le souhaitent ce qui est dans l’ordre des choses.
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L’île de la Grande Nicobar
C’est la principale île de l’archipel des Nicobar, dans la mer d’Andaman (océan Indien) et le point le plus au sud de l’Inde. Les deux tiers de l’île sont occupés par la réserve de biosphère de la Grande Nicobar. Cette île a été grandement touchée par le tsunami consécutif au tremblement de terre de 2004, il y a eu de nombreux morts et l’île a été coupée du contact extérieur pendant plusieurs jours.
Cette île fait partie de l’écorégion des forêts tropicales des îles Nicobar, on y trouve des mangroves et des forêts côtières ainsi que des forêts à feuilles persistantes et à feuilles caduques à l’intérieur des terres. 95 % de l’île est recouverte de forêt tropicale. La réserve de biosphère abrite de nombreuses espèces endémiques et uniques de plantes et d’animaux dont 11 espèces de mammifères, 32 espèces d’oiseaux, 7 espèces de reptiles et 4 espèces d’amphibiens.
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Elle abrite également le peuple Shompen.
Les Shompen ou Shom Peng sont considérés dans leur pays comme des adivasis. Les Adivasis sont officiellement reconnus suivant la constitution indienne comme Scheduled Tribes (« tribus répertoriées »), ils sont souvent regroupés avec les Scheduled Castes (« castes répertoriées », c'est-à-dire les « intouchables ») dans la catégorie Scheduled Castes and Scheduled Tribes (en) qui bénéficient d'avantages suivant le principe de la discrimination positive.
Population : 229 personnes (2001)
Le nom
Shompen est peut-être une mauvaise prononciation anglaise de shamhap, le nom nicobarais de la tribu.
Autodésignation : kalay, ceux du côté est de l’île sont dits kayet. Les 2 groupes se réfèrent l’un et l’autre au terme de Buavela.
Langue
Shompen de la famille de langues austro-asiatiques, rameau nicobar de la branche môn-khmer (lire : A guide to austroasiatic speakers their languages de Robert Parkin).
Ils ont été contactés pour la première fois dans les années 1840 alors qu’il n’y avait aucune information sur eux. C’est l’amiral danois Steen Bille qui les contacte en 1846. Par ailleurs un officier britannique Adolph de Roepstorff a publié des ouvrages sur les langues de Nicobar et Andaman et collecté des données ethnographiques et linguistiques en 1876. Peu de choses ont été ajoutées sur le maigre bagage de connaissances au sujet des Shompen.
Ils ont refusé tout contact pendant des siècles avec des personnes extérieures ce qui les a préservés à tout point de vue. Leurs territoires sont identifiés par les rivières qui sillonnent la forêt tropicale. Ils vivent quelques semaines parfois quelques mois dans ces camps avant de partir sur un autre site quand les ressources s’amenuisent.
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Economie de subsistance
Ce sont des chasseurs/cueilleurs nomades.
La chasse concerne le cochon sauvage, des oiseaux, des lézards, des crocodiles.
Ils récoltent des fruits et des aliments de la forêt.
Ils élèvent également des porcs et cultivent des ignames, du manioc, des citronniers, des piments, du bétel, des légumes et du tabac.
Les Shompen récoltent le fruit du pandanus (larop) ainsi que l’arbre nommé white dhup (canarium hirsutum) qui sert à fabriquer de l’encens et un répulsif contre les moustiques.
Tenue vestimentaire
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Elle est comme l’on s’en doute, légère. Les hommes portent un pagne en tissu d’écorce couvrant seulement leurs parties intimes. Ils ont comme ornement des colliers de perles et des brassards.
Les femmes portent une jupe en tissu d’écorce qui va jusqu’aux genoux. Parfois elles ont un châle en tissu d ‘écorce sur les épaules. Leurs ornements sont des bouchons d’oreilles en bambou (ahav), des colliers de perles (naigaak), des brassards de bambou (geegap). Hommes comme femmes vont nus pieds.
Armes
Ils ont sans doute appris à fabriquer des arcs avec les nicobarais. Leurs armes principales sont larc et les flèches. Ils n’ont pas de carquois, portant leurs flèches à la main. Il y a plusieurs sortes de lances, des hachettes et des couteaux.
Habitat
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Les huttes abritent 4 personnes et les villages sont composés de 4/5 familles. Dans les basses terres les huttes sont sur pilotis. A l’intérieur des huttes sont déposées des nattes et des nattes de couchage. Des outils et des ustensiles sont accrochés aux parois ou sur des chevrons. La cuisine se fait à l’extérieur.
A la fin des années 1980 ils vivaient en 10 groupes de 2 à 22 individus dispersés à l’intérieur de l’île.
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Leur isolement les a protégés lors du tremblement de terre et du tsunami de 2004.
Le projet Grande Nicobar et la destruction du vivant
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Le gouvernement indien souhaite transformer la petite île des Shompen en « Hong Kong de l’Inde » au grand dam de la forêt tropicale et de ses habitants. Ce projet aura un effet dévastateur sur la vie des Shompen ainsi que du peuple nicobarais voisins alors qu’aucun des deux peuples n’a été concerté. Le projet comprend un mégaport, une ville, un aéroport international, une centrale électrique, une base de défense, un parc industriel, des zones touristiques sur 244 km2 (dont 130 km2 de forêt tropicale). Le gouvernement pense « compenser » la perte de carbone des forêts en plantant de nouveaux arbres dans les taillis du nord de l’île. La moitié du projet se trouve sur le territoire autochtone qui sera soumis dès sa mise en place à une véritable explosion démographique de personnes non indigènes, incompatible avec la survie d’un peuple isolé. 4 villages Shompen et leurs terrains de chasse sont concernés ainsi que les ressources comme le pandanus, une de leurs principales sources alimentaires sans compter l’impact sur les rivières et l’eau potable.
Malgré de nombreuses oppositions, le gouvernement semble déterminé à aller jusqu’au bout et un permis a été délivré pour l’abattage de plus de 800.000 arbres sans consentement des autochtones.
10.000 ans que ce peuple autochtone vit sur cette île sans la dégrader.
En effet les ancêtres des Shompen seraient venus de Sumatra il y a plus de 10.000 ans alors que les Nicobarais sont venus de l’est ou de l’Asie du sud-est continentale plusieurs milliers d’années plus tard. Des preuves génétiques et linguistiques démontrent que les 2 groupes se sont mélangés dans une mesure limitée.
EN SAVOIR PLUS avec cet article
Sources : wikipedia, survival, conservation india.org
Merci de soutenir ce peuple en signant la pétition de Survival :
PETITION de survival
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