Pérou : Le peuple Harakbut est en deuil. Sontone, l'un de ses derniers sages, est décédé

Publié le 19 Mai 2023

La mort d'Antonio Sueyo, qui a vécu isolé dans les forêts de la réserve communale d'Amarakaeri jusqu'à sa jeunesse, a bouleversé les communautés de sa région.

Servindi, 18 mai 2023 - Antonio Sueyo Irangua, plus connu sous le nom de "Sontone" et l'un des derniers sages du peuple indigène Harakbut, est décédé dans l'après-midi du 17 mai à l'hôpital Santa Rosa de Puerto Maldonado, dans la région de Madre de Dios.

La mort de "Sontone", qui a passé son enfance et son adolescence isolé dans les forêts de l'actuelle réserve communale d'Amarakaeri, a consterné les communautés de sa région.

C'est ce qu'a déclaré la Fédération indigène du rio Madre de Dios et de ses affluents (Fenamad), qui a exprimé sa douleur pour le départ de "Sontone", qui appartenait à la communauté indigène Amarakaeri Boca Inambari.

"Depuis le ciel, tu continueras à guider et à protéger ton peuple, repose en paix Antonio Sueyo Irangua 'Sontone', que le Seigneur tout-puissant t'ait dans sa gloire", a écrit l'organisation.

Un livre emblématique

Le ministère de la culture a également pleuré son départ et a publié en sa mémoire le livre "Yo soy Sontone. Memorias de una vida en aislamiento/Je suis Sontone. Souvenirs d'une vie isolée", que le leader indigène a écrit avec l'aide de son fils Héctor Sueyo Yumbuyo.

Ce livre rend compte des conditions de vie d'Antonio Sueyo lorsqu'il était à l'écart du reste de la société. Il relate également son expérience de prise de contact avec les Dominicains.

Comme cela a été souligné, Sontone a vécu dans l'isolement jusqu'à sa jeunesse en Amazonie. Ce n'est que dans les années 1950 que des missionnaires dominicains sont entrés en contact avec le peuple Harakbut et des membres de son peuple.

Le livre a été écrit à la première personne grâce au soutien laborieux et constant d'Héctor Sueyo, le fils de Sontone, et représente une contribution extraordinaire à la mémoire historique du Pérou.
 

 

Vous pouvez consulter le livre "Yo soy Sontone", qui relate son témoignage, à l'adresse suivante : http://bit.ly/3OkGLkt

Héctor, sociologue de l'université Inca Garcilaso de la Vega, enseigne l'anthropologie et l'ethnographie amazonienne à l'université nationale amazonienne de Madre de Dios.

C'est grâce à cette relation père-fils particulière qu'il a été possible de raconter son histoire personnelle à la première personne, ainsi que d'expliquer la culture, la cosmovision, les connaissances et les coutumes du peuple Harakbut lorsqu'il vivait dans l'isolement.

Au cours d'une décennie de travail, les trois chapitres de la publication décrivent les changements survenus parmi les peuples amazoniens au cours du XXe siècle et l'impact des pandémies qui ont décimé les peuples isolés.

Bien qu'elle n'ait pas reçu au départ le soutien nécessaire, sa publication a été rendue possible grâce à l'appui du ministère de la culture et de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).

En janvier 2018, avec un grand groupe d'indigènes, Sontone a reçu la bénédiction du pape François lors de la messe célébrée dans le colisée fermé de Madre de Dios.

Leader dans la pandémie

On se souviendra également de Sontone pour son leadership lors de la pandémie de COVID-19 qui a durement touché le Pérou, en particulier les peuples indigènes.

En avril 2021, le chef du peuple Harakbut a reçu son premier vaccin contre le coronavirus, devenant ainsi le premier indigène de longue date à être immunisé contre la maladie.

Il l'a fait un an après avoir été admis dans une unité de soins intensifs après avoir contracté le COVID-19.

Après avoir été vacciné, l'homme, qui a vécu isolé jusqu'à sa jeunesse en Amazonie, a appelé ses frères et sœurs indigènes à se faire vacciner pour éviter un cas grave de la maladie.

"Venez vous faire vacciner, car nous pourrions mourir si nous ne le faisions pas", a-t-il déclaré après avoir reçu sa première dose à l'école Dos de Mayo de Madre de Dios.

Il a lancé cet appel à un moment où il y avait encore beaucoup de désinformation dans les communautés sur les effets du vaccin et, par conséquent, beaucoup de doutes et de craintes à l'idée de se rendre dans les centres de vaccination.

traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 18/05/2023

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