Mexique : Colonia Rodrigo Carrasco, un espace de tequio et de communauté depuis 40 ans

Publié le 6 Mai 2023

Diana Manzo

4 mai 2023 

Oaxaca, Oaxaca. Tequio, lutte et communauté sont une référence dans le quartier Rodrigo Carrasco, un espace de vie fondé il y a 40 ans à Juchitán, Oaxaca, sur l'isthme de Tehuantepec.

La naissance de cette première colonie populaire zapotèque, où vivent près d'un millier de personnes, est née le 1er mai 1983 comme un acte de résistance et le droit à un logement décent.

José Luis López, journaliste de profession, et sa famille sont les fondateurs de ce quartier et rappelle que pendant le mouvement de lutte de la Coalición Obrera Campesina Estudiantil del Istmo (Coalition Ouvrière Paysanne Estudiantine de l' Isthme) dans les années 1980, le peuple s'est organisé pour défendre les droits du travail dans les entreprises et les usines installées, les étudiants se sont regroupés contre l'augmentation des tarifs, et les terres communales ont également été défendues.

Le communicant rappelle que les décisions étaient prises à l'Assemblée générale, qui se tenait depuis El Campamento, une immense tonnelle installée au centre du terrain qui jouxte l'autoroute fédérale panaméricaine.
 
"Dans cet espace, les femmes préparaient la nourriture, des décisions collectives étaient prises, des événements culturels étaient organisés avec les membres du Centre libre de théâtre et d'expression artistique (CLETA), fondé par "Llanero Solitito", et des actes religieux étaient également exécutés par le le prêtre Arturo Lona Reyes et la vie communautaire était différente », a-t-il déclaré.
 
Le camp a été détruit lors de l'incursion des forces armées pour expulser les occupants de la propriété, mais après la récupération du territoire grâce à l'intervention des chefs, l'énorme tonnelle a été reconstruite, et le drapeau rouge du COCEI a été placé dessus. C'est ainsi qu'est née cette colonie zapotèque.

L'appeler "Rodrigo Carrasco" était en l'honneur d'un combattant social zapotèque, qui a été assassiné dans les années 80 et dont le crime est resté impuni à ce jour. Le quartier est divisé en 120 lots où les maisons ont été construites dans un espace de 10 mètres sur 20, en plus de cinq zones.

Les rues portent des noms en zapotèque, par exemple Bigose (quiscale), Gugu (tourterelle), Tangu yu (poupée) et Guchachi (iguane), entre autres.

Le matin sur l'avenue principale, les femmes proposent des aliments traditionnels simulant un marché, et les voisins les consomment et la communauté est toujours présente.

"Nous venons tous les matins pour acheter de la nourriture, arriver dans le quartier ravive la communauté, et nous ne vivons pas cela en permanence", explique López.

Il dispose également d'un centre de loisirs pour enfants, d'une école maternelle, d'une école primaire et d'un espace pour les événements, ainsi que d'un centre de santé et d'une chapelle en l'honneur du Christ Roi, une image religieuse offerte par l'archevêque Artruo Lona Reyes, qui a toujours soutenu les causes solidaires durant son mandat.

Au cours d'un forum organisé pour commémorer 40 ans de vie, les fondateurs de la colonie ont rappelé la création du mouvement de jeunesse "Binni Cubi" (Nouveau Peuple), dans lequel ont participé Carlos Valente Sánchez, Flor Audelia González, Edén Marín, José Ángel Castillo, Inti, Consuelo et Emilio Montero.

 «De ce quartier, j'ai entendu les premières chansons de protestation, la musique latino-américaine, Canto a Lorenza, le cri de Víctor Yodo Libertad, résonner dans mon esprit, comme un cri à l'unisson de milliers de personnes, qui exigeaient la présentation vivante de ce combattant social, et cela a marqué ma vie à jamais", a décrit l'également musicien.

Et même si les temps ont passé, l'envie est toujours présente, car les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants se considèrent comme faisant partie de ce mouvement qu'ils qualifient de révolutionnaire.

traduction caro d'un article paru sur Desinformémonos le 04/05/2023

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #Peuples originaires, #Zapotèques, #Binnizá, #Oaxaca

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