Argentine : soutien urgent aux femmes Mapuche emprisonnées

11.04.23- Argentine - Convergence des Cultures

De gauche à droite, Luciana Jaramillo, Betiana Colhuan Nawel, Celeste Ardaiz Huenumil et Romina Rosas, les fières femmes mapuche qui revendiquent la liberté. (Image du collectif photographique LUAN)

2023, Argentine. Au pays du « 1985 » primé, les droits de l'homme continuent d'être bafoués. 4 femmes Mapuche sont en prison, entassées avec leurs enfants depuis plus de 6 mois, accusées d'un crime que la loi ne sanctionne pas par la prison. Elles sont victimes du racisme, des secteurs qui convoitent leurs territoires et d'un État complice qui, au son de l'année électorale, a suspendu sans justification la table de dialogue prévue pour résoudre le conflit.

Parmi de nombreuses autres manifestations de soutien, Convergence des Cultures et Pressenza promeuvent la revendication et la dénonciation de ces événements à l'étranger, appelant les personnes et les organisations de solidarité à écrire aux ambassades argentines et aux médias de leurs pays. Un modèle de lettre est joint. Rume mañun (merci beaucoup).

Le 4 octobre 2022, dans les environs de Bariloche, en Argentine, la communauté Lafken Winkul Mapu Mapuche a été violemment expulsée de son territoire.

Un commandement unifié de 250 soldats de diverses forces de sécurité a avancé par voie terrestre et aérienne au-dessus de la communauté de seulement 30 personnes, dont des enfants. Leurs maisons en bois ont été totalement détruites et 7 femmes ont été arrêtées et détenues au secret, empêchées de communiquer avec leurs familles ou leurs avocats. L'une d'elles, avec une grossesse très avancée, a fini par accoucher en garde à vue dans un hôpital. 4 autres ont été transférés dans une prison à 1 500 km menottées, enchaînées et sans savoir où elles étaient emmenées. La pression d'autres communautés et d'organisations de défense des droits humains a forcé le gouvernement à les renvoyer à Bariloche.

Aujourd'hui, 6 mois plus tard, 4 de ces 7 femmes restent en résidence surveillée avec leurs enfants, dont 3 bébés de 5, 6 et 9 mois. Les autres enfants ont entre 4 et 9 ans, plus un adolescent de 16 ans, tous vivent surpeuplés dans un espace cédé en commun, mais avec des équipements insuffisants, un seul espace commun comme chambre et pas d'eau chaude.

L'une des femmes emprisonnées est la jeune machi Betiana Coluan Nawel, la première machi à émerger depuis plus de 100 ans dans ce qui est maintenant connu sous le nom d'Argentine. Dans la culture mapuche, le machi est la plus grande autorité spirituelle, guérisseuse et protectrice des peuples et des territoires. Sa fonction est étroitement liée au territoire où il vit et où il constitue son rewe, son espace cérémoniel.

Ce rewe se retrouve précisément dans la communauté expulsée, c'est pourquoi l'action de l'État viole non seulement la législation en vigueur, mais aussi le droit consacré du peuple mapuche de vivre et de grandir dans sa culture et selon sa vision du monde.

Cérémonie au bord du lac Mascardi, novembre 2022. Photo Eugenia Neme/lavaca

Quelques faits à savoir

Le peuple mapuche développe un processus très vigoureux d'affirmation et de récupération de son identité, dans lequel le territoire est fondamental. C'est une partie essentielle de leur vision du monde et de leur mode de vie. Ce n'est pas une « ressource foncière à exploiter » comme la culture dominante la considère, mais l'environnement essentiel pour vivre et se développer, une valeur qu'en tant que peuples autochtones ils protègent et défendent.

La Constitution argentine reconnaît le droit des peuples autochtones de posséder les terres qu'ils occupent traditionnellement. Cependant, ce droit n'est pas respecté et de nombreuses communautés ont été expulsées de leurs territoires alors que l'État lui-même les convertit en parcs nationaux ou les vend à des particuliers et à des entreprises vouées à l'extractivisme, à l'exploitation forestière et à la monoculture, à l'immobilier et au tourisme. C'est une pratique naturalisée dans laquelle les politiciens en service remettent les biens communs au plus offrant, et c'est à la base du racisme et de la persécution contre les peuples autochtones. Les grands médias, au service de ces intérêts, se chargent de diffuser et d'installer de fausses informations qui « justifient » la persécution et dressent les populations contre les communautés.

Certaines communautés revendiquent légalement leurs droits. D'autres entament des processus de récupération directe, s'installant dans les territoires qui leur appartiennent et sont niés. C'est le cas du Lof Lafken Winkul Mapu, qui se trouve sur un terrain cédé à l'un de ces parcs d'État.

Contrairement aux grands propriétaires terriens, la communauté dont nous parlons revendique une superficie de seulement 10 hectares.

Ces lamuen (sœurs) sont emprisonnées pour "usurpation", un crime que la loi argentine ne sanctionne pas par la prison . Elle sont emprisonnées parce qu'elles sont Mapuche, parce qu'elles sont victimes de racisme et parce qu'elles revendiquent un territoire que d'autres – sans aucun droit – convoitent pour leurs affaires.

L'État et la communauté ont convenu d'une table de dialogue pour résoudre le conflit. 3 réunions ont eu lieu, avançant sur certains accords. Le 24 février, l'État a suspendu la quatrième réunion sans explication et n'a plus proposé de nouvelle date pour celle-ci.

Convergence des Cultures
Convergence des Cultures est une organisation qui fait partie du Mouvement Humaniste. Sa mission est de : 1. Faciliter et stimuler le dialogue entre les cultures. 2. Lutte contre la discrimination et la violence. 3. Portez votre proposition sous toutes les latitudes. www.convergencedescultures.org

traduction caro d'un article paru sur Pressenza.com le 11/04/2023

Argentina: apoyo urgente a mujeres mapuche presas

2023, Argentina. En el país de la premiada "1985", se siguen violando los derechos humanos. 4 mujeres mapuche están presas, hacinadas con sus hijos desde hace más de 6 meses, acusadas de un deli...

https://www.pressenza.com/es/2023/04/argentina-apoyo-urgente-a-mujeres-mapuche-presas/