Argentine : 8M : "la vie n'est pas négociable"

Publié le 10 Mars 2023

ANRed 08/03/2023


Le Mouvement des Femmes Indigènes pour le Bien Vivre (Movimiento de Mujeres indígenas por el Buen Vivir) fait entendre sa voix dans le cadre de la grève féministe internationale du 8M pour dénoncer la situation des femmes de la Nation Wichi et Mapuche. Parmi les principaux slogans, elles demandent la libération des prisonniers politiques mapuche. Elles luttent également pour l'abolition du chineo, car elles affirment que "les enfants indigènes sont en danger aujourd'hui, parce qu'ils perdent le droit de grandir librement dans leurs territoires, que leurs voix sont réduites au silence et que leurs vies leur sont enlevées, qu'ils sont traversés par la violence imposée par l'État". Un autre slogan fait référence à la défense du territoire et des ressources naturelles contre le pillage extractiviste, c'est pourquoi ils appellent à la défense du fleuve Chubut. "Nous ne pouvons pas permettre qu'ils volent notre eau douce, générant la sécheresse et la mort. Défendons le fleuve Chubut. Nous sommes déjà dans une situation d'urgence humanitaire en raison du manque d'eau potable, de la dépossession territoriale, de la violence institutionnelle, de la misogynie raciste et du manque d'accès à la justice". Par ANRed 

 

L'une des principales revendications concerne la dépossession des terres à laquelle elles sont historiquement soumises. C'est pourquoi elles demandent qu'il soit mis fin à la criminalisation de ceux qui luttent pour protéger leurs territoires ancestraux des intérêts immobiliers et extractifs.

"Les sœurs de la nation Wichi, Organización de Mujeres Wichi Tahñi Le Pa, La voz del Monte, défendent la forêt indigène contre la destruction par un propriétaire terrien nommé Ferrari. Elles tiennent un campement communautaire depuis le 22′ décembre, où des femmes âgées et des enfants font partie de cette défense territoriale, mettant leur vie en danger", ont-elles expliqué dans un communiqué. Elles ont ajouté que "notre sœur weychafe de la nation mapuche Soledad Cayunao est toujours debout, renforcée par le grand soutien des Defensores del Río Chubut, qui défendent tout le vaste territoire de la chaîne de montagnes de Alto Río Chubut, Arroyo Las Minas à Río Negro. Au cours des dernières années, les capitales étrangères se sont approprié un grand nombre de ces terres par le biais de projets terricides. Nous avons encore le temps de les empêcher d'avancer avec la clôture métallique illégale qu'ils sont en train de construire, dans le but de privatiser les sources du fleuve Chubut, un fleuve qui s'étend sur 800 km jusqu'à la mer, traversant tout le plateau patagonien. Nous ne pouvons pas permettre qu'ils volent notre eau douce, générant sécheresse et mort.

La défense du fleuve Chubut est un autre des slogans des femmes des communautés indigènes qui mettent en garde contre le terricide. "Nous nous trouvons déjà dans une situation d'urgence humanitaire en raison du manque d'eau potable, de la dépossession territoriale, de la violence institutionnelle, de la misogynie raciste et du manque d'accès à la justice".

Une autre revendication importante est l'abolition du Chineo, une pratique violente qui implique le viol systématique des filles des communautés par les créoles. "Notre demande d'abolition du chineo continue d'être ignorée par les autorités qui devraient élaborer des stratégies et des protocoles pour la prévention et l'abolition de cette pratique criminelle et coloniale. Elles devraient travailler avec et pour les femmes indigènes et la diversité, en pensant au présent et à l'avenir de nos enfants. Les enfants indigènes sont aujourd'hui en danger, car ils perdent le droit de grandir librement dans leurs territoires, leurs voix sont réduites au silence et leurs vies leur sont enlevées, ils sont traversés par la violence imposée par l'État", ont-elles expliqué.

Elles ont également évoqué la réalité des travestis, des femmes trans et des femmes non binaires autochtones, qui continuent de souffrir de la stigmatisation. "Les Winka ont enseigné et répandu la haine en réponse aux féminités qu'ils ne pouvaient pas classer. Nos sœurs transgenres plus âgées ont survécu à de véritables génocides perpétrés par un système hétérosexuel obligatoire et suprématiste blanc. Nous sommes les voix enflammées de nos ancêtres non binaires qui se lèvent aujourd'hui pour dire stop aux disparitions forcées de sœurs indigènes, stop à la militarisation des territoires ancestraux. Nous demandons justice pour les crimes de haine constants contre les diverses féminités transgenres travesties.

D'autre part, elles réitèrent leur demande de libération immédiate des trois femmes mapuche arrêtées dans le cadre de l'expulsion de la communauté de Cuesta del Ternero, située à 15 kilomètres d'El Bolsón. "Nous demandons la libération de nos trois sœurs et de leurs enfants qui sont détenus depuis 5 mois, ainsi que la Machi Betiana Colhuan qui a besoin de retourner à son Rewe de toute urgence, elle ne peut pas attendre la bureaucratie raciste. Nous avons le droit de vivre et de ressentir notre spiritualité librement".

Enfin, les Mujeres indígenas por el Buen Vivir (Femmes indigènes pour le bon vivre) ont dénoncé les médias qui reproduisent des discours racistes et attisent la haine. "Nous dénonçons la violence médiatique raciste ! Les médias hégémoniques reproduisent des discours de haine qui nous stigmatisent, générant rejet et suspicion. Ils doivent rapporter la vérité et non désinformer. Il faut faire savoir que c'est nous qui protégeons les sources d'eau douce, les forêts indigènes restantes, les collines qui n'ont pas encore été exploitées. Nous en appelons à la responsabilité des journalistes pour qu'ils vérifient les informations auprès de ceux qui doivent le faire et ne laissent pas les propriétaires de leurs chaînes de télévision et de leurs journaux les inciter à désinformer pour favoriser des intérêts privés et économiques, car ils travaillent ainsi en complicité avec des capitales étrangères qui ne cherchent qu'à nous piller et à détruire les territoires que nous habitons", ont-elles expliqué.

traduction caro d'un article paru sur ANRed le 08/03/2023

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