Pérou : Les forces de l'État brutalisent les indigènes et les paysans lors de manifestations
Publié le 21 Février 2023
Photo : Servindi/Renzo Anselmo
Amnesty International a présenté les premiers résultats de son enquête sur les manifestations au Pérou, qui montrent que les forces de l'État sont utilisées dans un cercle vicieux contre cette population.
Servindi, 16 février 2023 - Les forces de l'État péruvien ont illégalement tiré à l'arme létale et utilisé d'autres armes moins létales de manière indiscriminée contre la population depuis que les protestations ont éclaté en décembre 2022.
Ces attaques ont particulièrement visé les indigènes et les paysans, ce qui indiquerait un parti pris raciste, a déclaré Amnesty International en présentant les premières conclusions de ses recherches dans le pays.
"Les autorités péruviennes ont permis que le recours excessif et meurtrier à la force soit la seule réponse du gouvernement à la protestation sociale de milliers de communautés pendant plus de deux mois", indiquent-elles.
L'enquête d'Amnesty, menée entre le 29 janvier et le 11 février, fait état de 46 cas de possibles violations des droits humains et de 12 décès documentés dus à l'utilisation d'armes à feu.
Les enquêteurs ont interrogé plusieurs représentants de l'État, ainsi que des commerçants, des journalistes, des organisations de la société civile, des avocats, des membres de la famille et des témoins oculaires, et ont examiné des vidéos et des photos.
D'autre part, en analysant les données du bureau du médiateur, ils ont constaté que la répression de l'État se concentre de manière disproportionnée dans les régions à population autochtone majoritaire.
"Alors que les départements à majorité indigène ne représentent que 13% de la population totale du Pérou, ils comptent pour 80% du total des décès enregistrés depuis le début de la crise", indiquent-ils.
© REUTERS/Sebastian Castaneda
En ce qui concerne les enquêtes, Amnesty International avertit que, deux mois après les événements, le ministère public n'a toujours pas effectué les procédures clés, telles que les expertises ou la collecte de témoignages.
"Dans certains cas, la chaîne de possession de certaines preuves n'a pas été préservée, ce qui compromet la possibilité que les enquêtes soient réellement impartiales et exhaustives", ajoutent-ils.
En outre, ils préviennent que les autorités au plus haut niveau ont maintenu un discours de stigmatisation à l'encontre des manifestants, ce qui finirait par compromettre leur accès à la justice.
Dans ce contexte, l'organisation recommande un changement urgent de tactique dans la gestion des manifestations, en mettant fin à l'utilisation de la force létale pour disperser les protestations et en évitant l'utilisation d'armes potentiellement létales comme les granulés.
Ils demandent également au bureau du procureur de faire avancer de toute urgence l'enquête sur les éventuels auteurs de violations des droits de l'homme et de garantir des conditions de sécurité aux victimes et aux témoins.
Parallèlement, ils recommandent aux autorités, notamment à la Présidente Dina Boluarte, de prendre des mesures urgentes "pour mettre fin à la stigmatisation des manifestants".
La communauté internationale, quant à elle, doit prendre les mesures appropriées pour que la répression cesse et que les autorités péruviennes soient tenues responsables.
Vous pouvez consulter l'intégralité des premières conclusions des recherches d'Amnesty International en cliquant sur le lien suivant : https://www.es.amnesty.org/en-que-estamos/noticias/noticia/articulo/peru-la-represion-letal-del-estado-es-una-muestra-mas-del-desprecio-hacia-la-poblacion-indigena-y-campesina/
traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le16/02/2023
Fuerzas estatales se ensañaron con indígenas y campesinos en protestas
Amnistía Internacional presentó los resultados iniciales de su investigación sobre las protestas en Perú que dan cuenta de un ensañamiento de fuerzas estatales contra esta población. Servindi...
/image%2F0566266%2F20210610%2Fob_9d8eb4_dsc04024-jpgm-jpgmm.jpg)