Chili : Territoires de Mañiuco, Huimpil, Llufquentúe et Ñielol : Des entreprises forestières sont installées dans un territoire qui a été dépossédé

Publié le 18 Février 2023

16/02/2023

Territoire de Mañiuco, Wallmapuche,16 février 2023
Communiqué public des Pu Lof Mapuche Mañiuco, Huimpil, Llufquentúe et Ñielol.

Galvarino, La Araucanía (Chili).

Les communautés soussignées, face aux incendies de forêt, déclarent au public ce qui suit :

Kiñe (1). Nous exprimons notre gratitude aux personnes et communautés qui ont aidé nos familles lors des incendies de forêt qui ont eu lieu la semaine dernière à Rapa, Mañiuco Alto, Minas Huimpil, Peñartu et Huilcaleo.

Epu (2). En tant que communautés Mapuche, dans ce qui s'appelle aujourd'hui la commune de Galvarino, nous voyons une grande responsabilité dans ces incendies dans l'industrie forestière installée dans la région et dans les institutions (publiques et privées) qui la promeuvent.

Küla (3). Ce que nous avons vu avec l'industrie forestière sur notre territoire a été : l'approfondissement de la dépossession de nos terres ancestrales ; la participation de notre peuple à la main d'œuvre, mais en tant que main d'œuvre bon marché, racialisée (en bas de la chaîne) et exposée aux accidents du travail ; la migration forcée vers les périphéries urbaines ; la perte des forêts indigènes et des lawen (herbes médicinales) ; et plus grave encore, la perte de l'eau. A tel point que, la semaine dernière, nous n'avions PAS D'EAU pour faire face au feu. Les effets de cette industrie sont donc catastrophiques.

Meli (4). Nous croyons en un processus de restitution des droits, de restitution de nos territoires et de reconstruction de notre tissu social. Mais nous insistons sur le fait que les entreprises forestières sont situées sur un territoire qui a été dépossédé. Cette dépossession a été encouragée par l'État chilien à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Même après la dépossession, la transgression des Títulos de Merced, le document qui a légalisé nos réductions.

Kechü (5). Par conséquent, nous exigeons que l'État aborde le débat sur l'industrie forestière d'un point de vue structurel et non superficiel (qui permette son réajustement). C'est-à-dire d'aborder la discussion du point de vue de la dépossession et, en parallèle, d'accélérer la restitution des terres. Nous encourageons également la recherche de mécanismes de restauration et de reforestation avec des espèces indigènes pour récupérer partiellement les bassins hydrographiques gravement détériorés.

Kayü (6). Nous demandons aux communautés affectées d'explorer des procès collectifs contre les entreprises qui usurpent nos territoires, comme Arauco, CMPC, entre autres, et tous ceux qui sont responsables de la destruction de l'itrofill mongen (biodiversité), et donc de la vie des Mapuches.

Regle (7). Nous sommes frappés par le silence de certains acteurs :

(a) le Forest Stewardship Council (FSC), un organisme international chargé de la gestion responsable de l'industrie forestière et qui est conscient des effets de l'industrie forestière sur les communautés mapuche. En effet, FSC International a sponsorisé une étude intitulée "L'industrie forestière chilienne, la certification FSC et les communautés mapuche/La Industria Forestal de Chile, la Certificación FSC y las Comunidades Mapuche " dans laquelle le Lof Mañiuco a participé aux recherches effectuées.

b) Le silence de l'Association des municipalités de la région de l'Araucanie (AMRA), qui est "censée" connaître la réalité locale. Cependant, lorsqu'il s'agit d'appeler à une plus grande militarisation du territoire, ils n'ont aucun scrupule à élever la voix.

c) Les centres universitaires qui sont liés au secteur forestier. Plus précisément, les universités situées en territoire mapuche.

Purra (8). Nous exigeons que la municipalité de Galvarino - qui, au début de l'année 2000, par le biais des unités de développement local, en alliance avec la CONAF et des consultants, a encouragé les plantations au sein des communautés - géoréférence et rende transparentes les entreprises forestières présentes dans la commune. À ce jour, la commune compte plus de 18 000 hectares de plantations, ce qui en fait l'un des endroits avec les plus grandes plantations de La Araucanía, et donc l'un des plus touchés par l'incendie, mais les entreprises et les propriétaires passent inaperçus.

Aylla (9). Nous nions et démentons que des personnes de nos communautés sont impliquées dans la propagation des incendies de forêt. Ceux qui essaient de nous étiqueter comme "promoteurs du feu" ne font que déformer la vérité et éviter les responsabilités du secteur forestier.

Marri (10). Nous mettons en garde contre le fait que si des groupes de travail sont mis en place, ils doivent être sérieux, responsables et ne pas se contenter de "séances photos". Bien sûr, ils devraient inclure des mesures à court terme, comme des coupe-feu préventifs, l'élagage des arbres près des lignes électriques, la priorisation des sites habités, etc. Enfin, nous invitons les communautés à organiser des trawün (réunions) pour chercher des solutions, à ne pas rester silencieuses et à continuer à défendre le territoire. Nous les exhortons également à continuer à renforcer les kellüwun (collaboration) afin d'affronter ces temps complexes.

Territoires de Mañiuco, Huimpil, Llufquentúe et Ñielol ;
Communauté Rapa
Communauté de Mañiuco Alto
Communauté Mañiuco Bajo
Communauté Minas de Huimpil
Communauté Francisco Paillal
Communauté Juan Huilcaleo Ñielol
Communauté Pascuala Lican
Communauté Antonio Morales et Lorenza Coyan

 

traduction caro d'un communiqué paru sur Mapuexpress le 16/02/2023

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Peuples originaires, #Chili, #Mapuche, #Incendies

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