Brésil : Nous et eux
Publié le 16 Février 2023
Márcio Santilli, partenaire fondateur de l'ISA, évalue le déroulement de la crise sanitaire des Yanomami et appelle à une solution à ses causes
Márcio Santilli - Partenaire fondateur de l'ISA
Jeudi, 9 février 2023 à 13:08
Texte initialement publié sur le site de Mídia Ninja le 8/2/2023
Le président Lula visite le centre de santé indigène de Boa Vista (RR) pour évaluer la crise sanitaire des Yanomami, janvier 2023 📷 Ricardo Stuckert / PR.
Dans la cosmologie enseignée par Davi Kopenawa, l'or et les autres minerais, lorsqu'ils sont extraits de leurs gisements souterrains, dégagent des énergies qui forcent le ciel à se briser et à tomber. Par conséquent, les chamans Yanomami doivent travailler tout le temps pour tenir le ciel. Si les envahisseurs tuent les Yanomami, le ciel s'effondrera sur la Terre.
La pensée de David présente une similitude frappante avec la science du climat et les émissions excessives de gaz à effet de serre qui réchauffent l'atmosphère et provoquent des sécheresses aiguës et des tempêtes violentes, menaçant toutes les formes de vie. C'est aussi une métaphore vivante de l'interdépendance entre les peuples et entre les peuples et la nature.
Davi dénonce cela depuis 40 ans, depuis les premières invasions minières du territoire indigène Yanomami (AM-RR), pendant la dictature militaire. À l'époque, il y avait 40 000 mineurs, dont la plupart provenaient de la mine épuisée de Serra Pelada, dans le Pará. Ils étaient des milliers, mais il est impossible de dire combien de Yanomami sont morts, victimes des armes à feu, du paludisme et d'autres maladies. Presque tous les envahisseurs ont été chassés et les terres ont été délimitées, mais de petites poches sont restées, sautant d'un côté à l'autre de la frontière avec le Venezuela.
Maintenant, il y a une autre invasion massive. Les mineurs sont moins nombreux, mais ils causent plus de dégâts. Il y en a peut-être 20 000 ou moins. Mais ils utilisent des dragues, des excavateurs et d'autres équipements beaucoup plus grands, capables de détruire des cours d'eau entiers. La contamination du sol, de l'eau et des organismes est beaucoup plus importante.
Certains d'entre eux fournissent des services de soutien, d'entretien, de restauration et de loisirs, tandis que d'autres opèrent dans l'extraction de l'or ou de la cassitérite. Parmi eux, il y a les mineurs professionnels, qui ont tendance à se déplacer le long de la frontière à la recherche d'autres mines, et les saisonniers, qui suivent cette voie pour essayer de trouver de l'argent, d'acheter une propriété ou une voiture, entre autres. Leurs motivations sont banales. C'est pourquoi les Yanomami disent que les Blancs n'ont pas de mémoire.
Les Yanomami reçoivent des soins médicaux dans un hôpital de Boa Vista (RR) 📷 Felipe Medeiros / Amazônia Real
Choquant
Les dénonciations n'ont pas manqué. Plusieurs communications et alertes formelles ont été faites aux autorités. La Hutukara Associação Yanomami a mené des campagnes et les médias ont beaucoup publié sur le sujet. L'affaire a atteint la Cour pénale internationale. Mais ce n'est qu'après le changement de gouvernement que les informations officielles du ministère de la santé ont révélé le décès (sous-déclaré) de 570 enfants indigènes dû à la malnutrition et à d'autres causes évitables, et que des images horribles de vieillards et d'enfants affamés sont apparues.
Mais ce qui a vraiment soulevé la poussière, c'est la décision du président Lula de se rendre soudainement dans le Roraima, avec des ministres et des journalistes, pour mettre en lumière la situation chaotique du centre de santé indigène de Boa Vista. Lula ne s'est pas rendu sur le territoire, mais il a placé les scènes choquantes dans les foyers de chacun d'entre nous, apportant des solutions urgentes à cette situation inacceptable. Et il a déterminé des actions d'urgence pour les organes impliqués, tels que les ministères de la Justice, de la Défense et des Peuples indigènes, tandis que le retrait des envahisseurs est planifié.
Au milieu de ce scandale planétaire, le gouverneur réélu du Roraima, Antonio Denarium, a pu aggraver la situation en se déclarant favorable à l'acculturation forcée des indigènes, en violation de leurs droits constitutionnels à vivre selon leurs cultures, comme si c'était la solution au génocide dans son État. Il avait déjà promulgué une loi d'État légalisant l'exploitation minière prédatrice, déclarée inconstitutionnelle par le STF. Il s'est montré au monde comme l'un des complices de cette situation.
Les représentants de l'ancien gouvernement génocidaire tentent de minimiser les répercussions de la tragédie. Bolsonaro a déclaré que le problème a toujours existé et qu'il n'explique pas la croissance de plus de 300% de l'exploitation minière pendant son mandat sur les terres des Yanomami. Il s'est personnellement rendu dans des mines illégales et a tenté de harceler les dirigeants Yanomami pour étendre la prédation à tout le territoire. Le génocide a été le résultat de politiques délibérées.
Solidarité
De nombreuses personnes, choquées, participent aux actions d'urgence en faisant des dons d'argent, de nourriture et de médicaments. La Hutukara et le Conseil indigène du Roraima (CIR) mobilisent des partenaires de la société civile tels que la Central Única das Favelas (CUFA), Médecins sans frontières, le diocèse du Roraima et l'Institut socio-environnemental (ISA) pour soutenir les initiatives du gouvernement en matière de soins de santé, de distribution de nourriture et de communication.
Certes, parmi les dons, il y a des contributions d'entreprises et d'hommes d'affaires indignés par la situation. L'Institut brésilien des mines (Ibram) a réitéré son opposition à l'exploitation minière illégale. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de mouvement commercial à grande échelle pour empêcher une fois pour toutes l'accès de la production prédatrice aux marchés et pour rendre réalisables les investissements dans un modèle économique durable en Amazonie. La coopération internationale offre des ressources pour aider sur le front de l'urgence et dans la restructuration des politiques socio-environnementales qui ont été démantelées lors du mandat précédent. Mais elle peut aussi faire davantage pour empêcher l'accès des produits et ressources illégaux aux marchés. L'émoi suscité par le génocide doit aller au-delà de la simple indignation pour soutenir le renversement définitif de la situation actuelle.
traduction caro d'un article paru sur le site de l'ISA le 09/02/2023
Texto publicado originalmente no site da Mídia Ninja, em 8/2/2023 Na cosmologia ensinada por Davi Kopenawa, o ouro e outros minérios, quando retirados dos seus depósitos subterrâneos, exalam ...
https://www.socioambiental.org/noticias-socioambientais/nos-e-eles