Mexique : Morts d'enfants dans les champs agricoles
Publié le 4 Janvier 2023
TLACHINOLLAN
01/01/2023
Selon les informations du Réseau pour les droits de l'enfant au Mexique (REDIM), la moitié des enfants et adolescents non indigènes du Mexique sont pauvres, mais parmi les enfants et adolescents indigènes du pays, 9 sur 10 sont pauvres. Alors qu'un enfant et un adolescent sur six âgés de 3 à 17 ans ne sont pas scolarisés, parmi la population indigène, la proportion de ceux qui n'ont pas accès à l'école atteint presque un enfant sur quatre.
D'autre part, une femme indigène sur 13 âgée de 12 à 17 ans est mariée ou en union et plus d'une sur 26 est mère, une situation qui est plus prononcée dans les municipalités les plus pauvres du pays. Dans le cas de la Montaña de Guerrero, il existe plusieurs municipalités, telles que Cochoapa El Grande, Metlatónoc, Alcozauca, Xalpatláhuac, Atlamajalcingo del Monte et Tlapa, où la pratique des mariages forcés de filles de 12 ans est répandue dans les communautés du peuple Na savi. Dès leur plus jeune âge, elles tombent enceintes et, à l'âge de 13 ans, beaucoup d'entre elles sont déjà mères. En l'absence de soins médicaux, le taux de mortalité maternelle des filles est élevé en raison des conditions défavorables dans lesquelles elles vivent et du manque de personnel médical spécialisé dans la région. En tant que mères, les filles, en plus de s'occuper de leur bébé, doivent travailler dur dans les champs agricoles afin que leur beau-père puisse percevoir leur salaire pour l'argent qu'il a versé à leur père pour elle. Les conditions des filles-mères sont extrêmement précaires et déshumanisantes. Elles travaillent dans les champs agricoles et aussi dans les galeras où elles vivent dans des conditions de surpopulation ; elles sont victimes de la violence de leurs maris, subissent les abus de leur belle-famille et portent les ravages de la malnutrition dès l'enfance. Elles endurent dans des situations extrêmement difficiles et dans des espaces insalubres. Leurs jeunes enfants grandissent sur leur dos et dans les sillons.
Selon le recensement 2020 de l'INEGI, 90,2 % de la population autochtone âgée de 3 à 17 ans vivait dans la pauvreté, ce qui équivaut à 1,2 million d'enfants et d'adolescents autochtones. Au lieu d'aller à l'école, ils se rendent avec leurs parents dans les champs agricoles où il n'y a ni abri ni espace de loisirs. Ils font partie des contingents d'ouvriers agricoles qui se déplacent à partir de 5 heures du matin dans des camions pour commencer leur travail à 7 heures. Les enfants allaités sont sous la responsabilité de leur mère qui les porte sur leur dos, tandis que les petites sœurs de plus de cinq ans sont chargées de s'occuper des plus jeunes qui jouent dans les sillons.
La présence d'enfants dans les champs agricoles est courante, car ils n'ont pas d'endroit sûr où les laisser dans les hangars ou dans les maisons délabrées qu'ils louent. Leur séjour dans les sillons implique de nombreux risques dus aux manœuvres des camions et des tracteurs qui ne prennent pas les précautions nécessaires pour éviter les accidents. En 2022, le conseil des journaliers agricoles de La Montaña a enregistré 12 accidents dans les champs et 4 enfants ont perdu la vie. Deux d'entre eux n'ont pas pu être transférés dans leur communauté d'origine en raison du manque de soutien des employeurs et du refus des institutions gouvernementales elles-mêmes. Les enfants ont été enterrés dans les cimetières municipaux, abandonnés à leur sort, car leurs parents n'auront pas la possibilité de leur rendre visite, puisque leur travail est itinérant et qu'il n'est pas si facile pour eux de retourner dans les mêmes champs.
En juin de cette année, la petite Olea Gálvez, âgée de 8 mois et originaire de Santa María Tonaya, municipalité de Tlapa, s'est rendue avec son père et ses frères et sœurs aînés dans un champ agricole de la municipalité de Delicias Chihuahua, pour couper des piments. Au bout de deux semaines, la situation familiale s'est aggravée car il n'y avait pas assez de travail. La complication s'est aggravée car le plus jeune des enfants a commencé à avoir des problèmes respiratoires. On lui a donné des médicaments pour faire face aux symptômes. La sœur aînée s'est occupée d'elle, car six mois plus tôt, sa mère était morte dans un champ à Sinaloa. Ils ont pris soin d'elle à l'ombre des chilares et l'ont allongée sur du carton. Son état s'est aggravé et son père Miguel n'a eu d'autre choix que de l'emmener chez un médecin privé, car dans les champs on ne garantit pas ce service. Lorsqu'ils sont absents du travail, les contremaîtres déduisent le salaire de la journée des travailleurs journaliers et les avertissent que s'ils s'absentent à nouveau, ils peuvent être licenciés.
Avec les médicaments qui lui ont été administrés, la santé de la petite fille a semblé s'améliorer, mais le samedi, lorsque son père a été payé pour les jours travaillés, la santé de la petite fille a empiré. Il n'y avait pas d'autre solution que de la transférer à l'hôpital de Delicias. Elle était déjà dans un état grave et a été immédiatement admise aux urgences. Son père a dû arrêter de travailler car il devait s'occuper de sa fille et répondre aux demandes des médecins pour acheter des médicaments. Son sacrifice a été vain car quatre jours plus tard, elle est morte d'une pneumonie.
En raison de son jeune âge et du décès inattendu de sa mère, la jeune Olea n'a pas été enregistrée dans sa communauté. Les autorités sanitaires ont remis le corps de la petite fille au service de médecine légale où elle a subi une autopsie. C'est une expérience traumatisante qu'il n'a pas pu éviter. Dans cet état d'impuissance, la seule chose qu'il pouvait faire était d'exiger la restitution du corps de sa fille. Malgré cela, elle ne lui a pas été donnée. Il a dû se rendre au bureau de l'état civil de Delicias pour inscrire sa fille et accomplir les formalités correspondantes.
Son père a parlé avec ses frères et sœurs et ses proches pour voir s'il était possible de déplacer la petite fille Olea à Santa María Tonaya. Leurs plans ont été interrompus lorsque l'une des entreprises de pompes funèbres leur a demandé 45 000 pesos pour le transfert de son corps. Livré à lui-même, Miguel n'a eu d'autre choix que de trouver un moyen pour que sa fille soit enterrée à Delicias. C'était aussi une épreuve, car l'enterrement coûte cher, surtout quand on est loin de sa communauté. Il n'y a pas de place pour les larmes face à tant de brimades de la part de personnes insensibles, qui agissent avec despotisme et un traitement raciste.
Miguel est non seulement retourné dans sa communauté sans sa petite fille, mais aussi sans argent en poche pour subvenir aux besoins de ses six enfants. En moins d'un an, il a perdu sa femme et son enfant. Dans sa communauté, si sa parcelle de terre est emportée par les eaux, il lui sera impossible de survivre car il n'y a plus de maïs ni de haricots. Une fois de plus, il empruntera de l'argent pour retourner avec ses enfants dans les champs agricoles, demandant à Dieu de lui donner force et santé afin qu'il puisse gagner 250 pesos par jour du lever au coucher du soleil et qu'avec ce revenu précaire, il puisse subvenir aux besoins de ses enfants.
C'est dans les champs agricoles que les familles indigènes laissent leur vie, non seulement parce que leurs filles et leurs femmes meurent, mais aussi parce qu'elles sont surexploitées, pillées et pressées. Ils laissent derrière eux les restes de leurs muscles, de leur force de travail, de leur capacité de transformation et de la richesse qu'ils génèrent, qui est dépouillée par les patrons. Les morts des peones acasillados et de leurs petits fils et filles qui survivent en semi-esclavage, sont ce qui donne vie au capital prédateur qui suce le sang des travailleurs pour amasser des richesses mal acquises et pour installer plus d'inégalités sociales et la reproduction d'un système déshumanisé.
traduction caro d'un article paru sur Tlachinollan.org le 01/01/2023
/https%3A%2F%2Fwww.tlachinollan.org%2Fwp-content%2Fuploads%2F2022%2F12%2FWhatsApp-Image-2022-12-30-at-10.57.37-PM.jpeg)
Muertes infantiles en los campos agrícolas
De acuerdo con información de la Red por los derechos de la infancia en México (REDIM) la mitad de la población infantil y adolescente no indígena en México es pobre, sin embargo, entre las ni...
https://www.tlachinollan.org/muertes-infantiles-en-los-campos-agricolas/