Pérou : Résumé 2022 : une année de résistance pour les peuples autochtones
Publié le 31 Décembre 2022
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Servindi partage son résumé annuel axé sur l'agenda indigène, qui, cette année 2022, a été marqué par la résistance de ses peuples pour la défense de leurs droits.
Servindi, 30 décembre, 2022 - L'année 2022 a été une année de résistance pour les peuples indigènes du Pérou, dans tous les sens du terme : résister pour défendre leurs droits et faire entendre leurs revendications.
Dans cette synthèse annuelle, nous rassemblons leurs principales luttes tout au long de l'année face aux attaques contre les peuples indigènes isolés (PIACI), l'éducation bilingue interculturelle (EIB) et les défenseurs, entre autres.
En plus de leurs dénonciations constantes contre les impacts des marées noires et des événements les plus importants en relation avec l'autonomisation et la visibilité des femmes autochtones.
Peuples isolés menacés
Bien que l'année ait commencé par souligner l'importance des couloirs territoriaux pour parvenir à une véritable protection des peuples autochtones en situation d'isolement et de premier contact (PIACI), des menaces sont rapidement apparues.
En avril, les organisations de la société civile signalaient déjà que des groupes anti-droits niaient l'existence des PIACI et exigeaient l'accès à leurs territoires pour promouvoir des activités extractives.
Au fil des jours, l'identité des personnes à l'origine de cette opération est devenue claire : des groupes privés soutenus par certains responsables régionaux et liés au Fujimorisme.
Servindi a exposé l'un de ces groupes : la Coordinadora por el Desarrollo de Loreto (CDL), dont le dirigeant, Christian Pinasco, condamné pour corruption, a signé des déclarations anti-droits avec le gouverneur de Loreto, Elisbán Ochoa.
Malgré la campagne menée par ces groupes contre les PIACI, la réalité a prévalu et en septembre, l'État a reconnu les PIACI pour la réserve indigène proposée de Napo, Tigre et Affluents dans le Loreto.
Cependant, en novembre, une nouvelle attaque a été enregistrée contre les PIACI : un projet de loi présenté par le député pro-Fujimori Jorge Morante qui menace l'existence de ces peuples.
L'initiative, qui vise à céder aux gouvernements régionaux le pouvoir de reconnaître les PIACI et leurs réserves indigènes, a été rejetée en bloc, mais elle est toujours en instance au Congrès. Les avertissements restent donc en vigueur.
Défendre l'EIB et les autres droits indigènes
L'année n'a pas été meilleure pour l'éducation interculturelle bilingue (EIB), qui a subi deux tentatives d'atteintes (l'une en janvier et l'autre en septembre) qui n'ont pas abouti grâce à la résistance des autochtones.
La première était une tentative du ministère de l'éducation (Minedu) d'inverser le caractère EIB des écoles dans les territoires indigènes. Finalement, l'ordre officiel ordonnant un tel renversement a été annulé.
Cette dernière s'est exprimée par la publication de trois résolutions vice-ministérielles permettant aux enseignants qui ne maîtrisent pas une langue indigène d'obtenir une place dans les écoles EIB. Suite à la pression des autochtones, ces règlements ont également été abrogés.
Toutefois, outre le droit à l''EIB, d'autres droits ont été ou risquent d'être violés, comme le droit à la consultation préalable, qui a été écarté par la Cour constitutionnelle en mars.
À cela s'ajoutent la loi sur les comités d'autodéfense (loi CAD), qui arme les territoires ruraux, violant ainsi l'autonomie communale, et le projet de modification de la loi sur les forêts, qui ouvrirait la porte à la déforestation en Amazonie.
Ce dernier projet de loi, comme celui contre les PIACI, est toujours en suspens au Congrès et devrait être soumis au vote de la plénière dans les prochains jours. L'alerte continue.
Les défenseurs restent sans protection
2022 a également été une autre année difficile pour les défenseurs de l'environnement qui ont commencé l'année en voyant comment le Congrès a refusé d'ouvrir le débat sur la ratification de l'accord d'Escazú.
Bien que ce traité régional vise à protéger les défenseurs de l'environnement, le Congrès, entre les mains duquel se trouve le pouvoir de ratifier l'accord, ne choisit pas de le faire en faisant appel à des mensonges et des demi-vérités.
Cela a été confirmé en juillet, lorsque la commission des affaires étrangères a mis en attente pour la deuxième fois le projet de loi proposant la ratification de l'accord, évitant ainsi son débat en plénière.
Et ce malgré le fait que des défenseurs aient été assassinés cette année encore, comme Ulises Rumiche en avril et Vilca Ampichi en décembre, ce qui porte à plus de 30 le nombre total de défenseurs assassinés au cours des trois dernières années.
Bien que l'ancien président Pedro Castillo ait promis de faire pression pour la ratification d'Escazú, rien ou presque n'a été fait sous son gouvernement. La nouvelle administration de Dina Boluarte ne devrait pas faire exception.
Les déversements, une réalité quotidienne dans les territoires autochtones
Une autre question majeure qui a secoué le 2022 est celle des marées noires, qui a pris de l'ampleur en janvier, après le déversement de 6 000 barils par Repsol au large de Lima.
Bien que toute l'attention se soit alors concentrée sur la capitale, les indigènes de la région amazonienne ont exigé la même attention, affirmant que ces déversements étaient une réalité quotidienne sur leurs territoires.
Servindi s'est joint à cette revendication, donnant une visibilité aux leaders indigènes et aux études qui le confirment, comme le rapport " L'ombre du pétrole ", qui révèle 474 déversements entre 2009 et 2019 en Amazonie du Nord.
La nécessité de s'attaquer d'urgence à ce problème a été confirmée à la mi-septembre, lorsqu'une nouvelle vague de déversements a de nouveau touché l'Amazonie et les populations autochtones qui y vivent.
L'affaire a été portée sur la scène internationale et le Pérou a reçu la visite d'experts des Nations unies (ONU) et de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), qui ont demandé qu'une attention prioritaire soit accordée aux personnes concernées. La demande est encore latente.
Vers l'autonomisation des femmes autochtones
Mais comme tout n'est pas négatif, l'année 2022 a également laissé de grandes avancées en termes d'autonomisation des femmes autochtones et de renforcement de leur participation aux espaces de décision.
Un exemple clair en est l'accession aux plus hauts postes de direction dans les communautés ou les fédérations de femmes autochtones qui se distinguent par leur leadership et leur capacité d'organisation.
En janvier, la dirigeante Awajún Tali Sabio Piuk a été élue Apu de la communauté indigène de Wawas, dans le district d'Imaza, province de Bagua, Amazonas, marquant ainsi une étape historique en tant que première femme Apu.
Ce même mois, la dirigeante du peuple Shipibo, Graciela Karina Reátegui Mori, est devenue présidente de la Fédération des communautés indigènes de l'Ucayali et de ses affluents (Feconau).
Et vers la fin de l'année, la leader kichwa Marisol García Apagüeño a été élue présidente de la Fédération des peuples indigènes Kechua Chazuta Amazonas (Fepikecha), dans la région de San Martín.
L'Association interethnique pour le développement de la selva péruvienne (Aidesep), la plus grande organisation autochtone du Pérou, se prépare déjà à poursuivre sur la voie du renforcement des femmes autochtones en 2023.
"Nous sommes sur le point de créer une école pour les femmes leaders et de consolider un plan stratégique pour le programme des femmes d'Aidesep pour les 10 prochaines années", nous a dit Teresita Antazú dans l'une des dernières interviews que nous avons réalisées cette année depuis Servindi. Qu'il en soit ainsi pour le bien du mouvement indigène.
Nous ne voulons pas clore ce résumé annuel sans laisser un message spécial en hommage à Rosa Palomino Chahuares ou Mama Rosa, une communicatrice aymara qui nous a quittés en mars de cette année.
Que ses enseignements continuent à éclairer le chemin d'autres communicateurs indigènes afin qu'ils puissent continuer à rendre visibles les histoires et les demandes de cette population. Adieu, Mama Rosa !
traduction caro d'un article paru sur Servindi.org le 30/12/2022
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Resumen 2022: un año de resistencia para los pueblos indígenas
Servindi comparte su resumen anual centrado en la agenda indígena que este año 2022 estuvo marcada por la resistencia de sus pueblos en defensa de sus derechos. Servindi, 30 de diciembre, 2022.- El